Votre mission en Polynésie s’achève. Quel bilan dressez-vous après trois ans à la tête de la gendarmerie ?
« Beaucoup de choses positives, des choses qui ont bien évolué, notamment dans le champ de compétence de la gendarmerie nationale. C’est avant tout la lutte contre la délinquance, avec des résultats satisfaisants enregistrés dans beaucoup de domaines, que ce soient les atteintes aux biens ou les atteintes aux personnes. Mais malgré tout, des problèmes qui persistent et certaines inquiétudes pour la suite. Je pense notamment à la problématique des addictions qui sont très présentes en Polynésie, que ce soit l’alcool qui génère pour la gendarmerie énormément d’interventions, avec les rixes, les violences intrafamiliales, les accidents de la route et d’autres problèmes de ce type. Et puis, encore plus sournois sans doute, la problématique des stupéfiants. Déjà, le pakalolo bien sûr, mais également l’ice qui est un problème préoccupant pour la Polynésie et pour l’évolution potentielle de la délinquance qui est liée à ce phénomène. »
En termes de chiffres, durant les trois années écoulées, le nombre de cambriolages a fortement diminué. Les violences également ont diminué et, un fait nouveau, la prévention des violences intrafamiliales a été accentuée par les services de la gendarmerie, mais également de l’Etat et du Pays. Donc aujourd’hui il est question de travailler avec tous les services compétents pour faire baisser la délinquance ?
« Absolument. Nous avons mis en œuvre ce que nous avons appelé le plan Agir 2020 et l’objectif de ce plan était avant tout de fédérer, de donner de la cohérence à l’ensemble du dispositif parce qu’il y a tout un tas d’acteurs, mais ces acteurs travaillent parfois de manière non synchronisée, non coordonnée et notre souhait était justement de renforcer cette coordination et ça donne déjà de bons résultats. Le but est bien sûr, de manière ultime, de favoriser l’accueil des victimes, d’améliorer la qualité de cet accueil et au final de pouvoir lutter contre ce phénomène des violences intrafamiliales qui est un vrai fléau. »
Ça reste une priorité de la gendarmerie d’inciter les victimes à porter plainte ?
« Absolument. C’est comme dans une maladie, si vous voulez trouver le bon traitement, il faut déjà faire le diagnostic. Et là c’est pareil, c’est-à-dire qu’on aura du mal à traiter les cas de violence quand on n’en a pas connaissance. Donc l’une de nos préoccupations, c’est de faire porter à la connaissance des autorités, et notamment des autorités judiciaires, ces problèmes. Et donc nous avons en permanence, avec l’aide des associations, cherché à intensifier ce contact avec les victimes pour les inciter à porter plainte et à vaincre un petit peu ce tabu autour de ce phénomène de manière à pouvoir agir plus profondément. »
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Votre successeur le général Frédéric Saulnier prendra ses fonctions en août. Ce sera la première fois que le commandement de la gendarmerie en Polynésie sera confié à un général. C’est une nouvelle politique de l’Etat ?
« En fait, la Polynésie, c’est un poste de général. Jusqu’à maintenant ça n’avait pas pu se faire pour différentes raisons de gestion. Mais je crois que ça témoigne en tout cas de l’intérêt qui est témoigné à l’endroit de l’outre-mer, en tout cas par la gendarmerie nationale et de manière plus générale par l’Etat. Et le directeur général de la gendarmerie a souhaité justement positionner un officier général pour montrer toute cette attention car la gendarmerie est très présente dans les outre-mer français et c’est important pour nous de maintenir ce lien. »
Quel est votre meilleur souvenir de la Polynésie française ?
« Ils sont nombreux. Je crois qu’on est tombés amoureux, avec ma famille, de la Polynésie. A la fois la population par sa générosité, la qualité de son accueil, mais également la beauté de ses paysages. Ça va être difficile de quitter la Polynésie. »