Il s’appelle le Nohu et est le dernier né de la flotte du Criobe de Moorea. Conçue et construite au fenua, cette barge de 14 mètres de long est équipée de matériels scientifiques dernier cri : sonar, serveur informatique, laboratoires sec et humide, tout pour permettre aux chercheurs de travailler comme s’ils étaient à terre.
Mais l’embarcation leur offre un avantage de taille : celui d’être physiquement au plus près du milieu qu’ils étudient.
« L’intérêt de ce dispositif c’est finalement d’avoir un accès direct à la fois sur la zone mais dans le temps. C’est-à-dire qu’on peut positionner cette barge pendant trois mois, pendant six mois sur une zone pour étudier les cycles avec tous les outils qu’il faudrait et qui sont impossible à avoir dans le contexte d’un bateau normal », explique Serge Planes, directeur de recherches au CNRS.
– PUBLICITE –
L’une des principales spécificités du Nohu réside dans ses quatre pieux hydrauliques. En zone peu profonde, ils permettent à la barge de s’élever au-dessus du lagon et ainsi d’assurer sa stabilité pour un meilleur confort de travail. Des équipements ont également été intégrés pour limiter son impact sur l’environnement. « Cuves pour les eaux usées, de la production d’énergie solaire en complément du générateur. L’objectif c’est d’utiliser le moins possible le générateur et de produire nous mêmes notre électricité », détaille la directrice du Criobe Annaïg Le Guen, également ingénieure de recherches au CNRS.
Pour l’heure, la barge est encore en phase d’essai. Les scientifiques du Criobe cartographient les fonds de la baie d’Opunohu pour tester le sonar : « L’objectif c’est, dans le mois qui vient, d’avoir une cartographie très complète et très détaillée puisqu’on détaille au centimètre près le fond de la baie d’Opunohu (…) On découvre des zones coralliennes au milieu de la baie qu’on ne connaissait pas. Et d’ailleurs il y en a une qu’on a découvert un peu en face de la zone d’Orofara et qui est un peu au large. Donc là il y a clairement une patate corallienne qu’on ne connaissait pas », révèle Serge Planes
Les essais devraient s’achever dans quelques mois. Après quoi, le Nohu sera officiellement opérationnel. Si ce laboratoire flottant devrait être essentiellement utilisé par les scientifiques du Criobe il pourrait aussi être mis à disposition de divers services du Pays qui en feraient la demande.