Le nouveau Comsup souhaite « mieux expliquer les enjeux de la défense à nos jeunes »

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Surveillance maritime, stratégie indo-pacifique, formation... le nouveau commandant supérieur des forces armées en Polynésie française Guillaume Pinget était l'invité de nos journaux.

Publié le 11/09/2024 à 10:38 - Mise à jour le 11/09/2024 à 15:10

Surveillance maritime, stratégie indo-pacifique, formation... le nouveau commandant supérieur des forces armées en Polynésie française Guillaume Pinget était l'invité de nos journaux.

Tahiti Nui Télévision : Vous êtes officiellement le nouveau Comsup depuis à peu près un mois, mais ce n’est pas la première fois que vous venez sur le territoire. Vous connaissez bien la Polynésie française ?
Contre-Amiral Guillaume Pinget, nouveau commandant supérieur des forces armées en Polynésie française : « Je ne pense pas qu’on puisse dire que je connaisse bien la Polynésie française. Je suis en effet venu il y a 28 et 27 ans ici, où j’ai passé six mois sur un bateau basé dans le Pacifique à Nouméa, qui venait en réparation ici à Tahiti. »

TNTV : En tant que Comsup, vous avez certainement un regard qui va au-delà de l’aspect militaire. On l’a vu, la recherche contribue à renforcer l’influence de la France dans la zone indo-pacifique. Comment intégrez-vous les données scientifiques, notamment celles qui tournent autour de l’environnement, dans vos stratégies, dans vos prises de décision ?
Contre-Amiral Guillaume Pinget : « Comme vous l’avez souligné, les enjeux environnementaux sont au cœur des préoccupations des Océaniens, des gens du Pacifique Sud. J’ai été frappé de voir combien finalement ces sujets ressortaient dans les préoccupations du Forum des îles du Pacifique, qui a eu lieu il y a deux semaines aux Tonga, avec la présence du secrétaire général de l’ONU et cet appel à sauver les océans. Je crois que cette mission vis-à-vis des océans est clairement portée par la France, avec en préparation du sommet de l’ONU à Nice en 2025, le sommet des océans, et pour les forces armées en Polynésie, protéger l’environnement, ça fait partie du cœur de nos missions. »

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TNTV : Les moyens de défense au Fenua commencent à se moderniser. Il y a quelques mois, nous avons accueilli le premier patrouilleur des Outre-mer. Il devrait bientôt y avoir de nouveaux avions de surveillance maritime. Ces moyens sont-ils suffisants pour surveiller, pour intervenir sur toute cette zone qui est aussi vaste que l’Europe ?
Contre-Amiral Guillaume Pinget : « Comme vous le soulignez, ça fait effectivement un mois que je suis là, et j’ai consacré mon premier mois ici à essayer de m’approprier ces enjeux polynésiens. Effectivement, cette mission qui est immense, avec cette zone qui est immense, et ce territoire qui est à la fois magnifique et plein d’enjeux. Ce que je dirais, c’est que la modernisation des forces va dans le bon sens. Elle nous permet d’aller plus vite, d’aller plus loin, d’être plus efficace. Les nouveaux avions que vous évoquez vont permettre d’aller aussi plus loin, plus vite, d’agir mieux de nuit, de mieux voir les choses, et de mieux contrôler les enjeux de cette zone que vous décrivez. »

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TNTV : Il y a eu l’exercice Marara et la mission Pegas 24. Faut-il s’attendre à d’autres exercices, à d’autres démonstrations de force dans la région ?
Contre-Amiral Guillaume Pinget : « Marara, ce n’est pas une démonstration de force. Marara, c’est vraiment centré sur l’aide aux populations en cas de sinistre climatique ou d’événements climatiques extrêmes. C’est un exercice qui a lieu tous les deux ans, donc qui est régulier, et qui alterne avec celui des forces armées en Nouvelle-Calédonie, qui s’appelle Croix du Sud. C’est un exercice qui permet de se préparer aux situations de crise avec nos partenaires. Pegas, en effet, c’est un exercice de projection de puissance qui a lieu depuis plusieurs années et qui a vocation à se répéter tous les ans. J’espère qu’on pourra les voir bientôt en Polynésie française. »

TNTV : Dans un monde de plus en plus numérique, les menaces ne sont plus seulement physiques. La cybersécurité est-elle une priorité pour vous, les forces armées, notamment avec l’arrivée de Google en Polynésie ?
Contre-Amiral Guillaume Pinget : « Les armées sont montées en puissance au domaine de la cyberdéfense depuis presque une quinzaine d’années, je pense. On a atteint un niveau de maturité de nos compétences qui est bon. Aujourd’hui, on ne conçoit pas d’opération de milieu pur. On dit qu’aujourd’hui, on a cinq milieux. Terre, air, mer, on rajoute le cyber et l’espace, et on rajoute le champ informationnel et le champ électromagnétique. Pour conduire des opérations militaires, on couvre l’ensemble de ces volets. La cyberdéfense fait partie de tout ça. Sur la partie arrivée Google en Polynésie, je pense que c’est vraiment une bonne chose. J’ai pu aller visiter la semaine dernière les infrastructures de l’OPT à Papenoo. J’ai été impressionné par la qualité de ces infrastructures et de cette connexion. Je pense qu’il va dans le bon sens. On évoquait tout à l’heure les sujets d’environnement, de fonds marins. On peut faire le lien entre tout ça, et la compétition stratégique se joue aussi dans ce domaine-là. Et je pense que cette connexion-là et ce hub est une bonne chose pour la Polynésie et pour les enjeux de sécurité du Pacifique. »

TNTV : Les forces armées jouent aussi un rôle dans la formation et l’emploi des jeunes en Polynésie française. Quelles sont vos ambitions, vos projets pour encourager l’intégration des jeunes dans les forces armées, dans la défense ?
Contre-Amiral Guillaume Pinget : « Avec la modernisation des moyens, j’espère qu’on va retrouver un peu plus d’aisance pour aller plus au contact des Polynésiens. Les Polynésiens, c’est la collectivité qui fournit le plus de soldats à la France par rapport à la population. C’est déjà quelque chose d’extraordinaire. Ce sont des très bons soldats. Ce sont des gens que j’ai toujours apprécié d’avoir sous mes ordres. Les avoir ici, c’est une grande richesse. Pour continuer à développer nos partenariats, on a un centre de recrutement qui est ici en Polynésie, qui est ouvert à tout le monde, qui est sur un domaine public auquel les Polynésiens peuvent venir se rendre. On essaie également de développer pour les plus jeunes les partenariats pour les classes de défense. On va signer d’autres partenariats au cours de ce semestre. Je dirais que je peux lancer un appel. S’il y a des instituteurs ou des collégiens ou des proviseurs de collège qui veulent se lancer dans des partenariats avec les forces armées, j’espère qu’on saura répondre à leurs attentes pour mieux expliquer les enjeux de la défense à nos jeunes. »

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