Tahiti Nui Télévision : Avec le président du Pays et la directrice de la Santé, vous vous êtes rendus à Raiatea pour vous rendre compte de la situation. Allez-vous poursuivre les visites auprès des centres hospitaliers ?
Jacques Raynal, ministre de la Santé : « Oui, en effet. D’abord, le président a souhaité montrer son soutien aux professionnels de santé qui sont mis à dure épreuve en ce moment, aussi bien le CHPF qui est dans la souffrance, mais également les hôpitaux que l’on appelle périphériques, ces hôpitaux de la direction de la santé, et notamment Uturoa où on a pu observer une organisation vraiment bien au point pour pouvoir prendre en charge les patients ne nécessitant pas des réanimations lourdes, mais quand même, de l’oxygénothérapie… Une prise en charge qui est satisfaisante. Il y a, à Raiatea, un certain nombre de praticiens qui sont capables de réanimer, en quelque sorte, des personnes un petit peu défaillantes. Donc on a été très satisfait de l’organisation qui a été mise en place. »
Vous allez aller ce jeudi sur Moorea ?
« Oui, nous irons sur Moorea. Ensuite, il y aura Taravao, bien sûr. Nous n’irons pas pour l’instant aux Marquises, ce n’est pas programmé, -mais on ne s’exonère pas d’aller faire un tour aux Marquises- parce que les Marquises ne sont pas encore dans une situation vraiment difficile. »
On va revenir sur les chiffres qui explosent. Sommes-nous proches du pic épidémique ?
« Plus que proches : on est dedans. Toute la question va être évidemment de savoir combien de temps ce pic va durer. On a 8 859 cas actifs à l’heure actuelle, ce qui est quand même relativement important. Je vous rappelle que les cas actifs, ce sont les personnes qui ont été détectées positives à la Covid. (…) Il est difficile de répondre à la question sur le pic puisque on est tout à fait au début, cela fait maintenant seulement quelques jours que ce pic a débuté, il est très rapide dans sa croissance. Il est très aigu. »
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Quel est le scénario justement après ?
« On a, vous le savez, une correspondance avec un centre épidémiologique en Australie à Melbourne, qui nous donne toutes les semaines ou tous les dix jours, une vision de la prévision éventuelle. Pour ce qu’il en est de cette vision, malheureusement, je dois dire, que ce n’est pas pour demain matin la descente de ce pic épidémique. C’est-à-dire que nous allons rester à peu près encore une bonne semaine très probablement dans les difficultés, et ensuite, probablement, on pourra observer une décroissance. Cette décroissance, de toute façon, sera très probablement lente. Elle sera plus lente que la décroissance qui avait eu lieu lors du premier pic, et notamment lors des mois de décembre 2020 et janvier 2021. »
« La question n’est pas de décider d’un confinement ou non, la question est : le Pays peut-il supporter encore et à nouveau un confinement ?«
Jacques Raynal
La Polynésie connait le taux d’incidence le plus important à l’échelle nationale. Nous sommes passés devant les Antilles qui sont confinés depuis début août. Pourquoi s’en tenir avec un confinement partiel au fenua ?
« C’est une question difficile à répondre. En effet, on n’est pas là pour battre des records, mais là, il y a malheureusement un record national. On ne le souhaitait pas. Il est là. On ne peut que le constater. Je ne poserai pas tout à fait la question sur le confinement comme cela. La question n’est pas de décider d’un confinement ou non, la question est : le Pays peut-il supporter encore et à nouveau un confinement ? Ça, c’est une première question. Il y a la question économique, bien sûr. Il y a la question de la circulation des personnes. On empêche la circulation des personnes. Enfin, il y a tout un tas de questions secondaires à résoudre, et puis, ensuite, quelle durée aurait ce confinement ? Ça, c’est une autre question importante également à résoudre. Est-ce que c’est une semaine, deux semaines, trois semaines, quatre semaines ? Et plus on ajoute des semaines, plus la première question devient importante, c’est-à-dire le choc économique, le choc social. Par exemple, je prends les écoles. On arrête la scolarité pendant deux semaines, trois semaines, quatre semaines, et on perd certainement là des enfants qui ne reviendront pas à l’école. C’est ce qui s’est passé lors du premier confinement. Donc il y a toute une série de critères à prendre en compte. Notre responsabilité, c’est de décider si on doit faire un confinement, de combien de temps il va durer, et quelles seront les conséquences. »
La campagne de vaccination a démarré en janvier. Sept mois plus tard, faut-il prévoir un rappel pour les personnes vulnérables ?
« En fait, c’est plus de sept mois. J’ai regardé les recommandations tout à l’heure, c’est neuf mois, entre le moment où on a eu la dernière injection, donc où on est considéré comme étant correctement vacciné et le rappel. Ce rappel se justifie par une baisse des anticorps chez les personnes notamment âgées ou chez les personnes à l’état de santé un peu fragile. Et donc pour rebooster en quelque sorte -excusez-moi l’expression- on fait une piqûre de rappel. Mais pour l’instant, nous, nous ne l’avons pas mis en place car nous ne sommes pas dans ce créneau-là, mais ça viendra, et bien évidemment on le fera pour les gens qui en nécessiteront. »