Les 26 chefs de service du CHPF proposent leur démission

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La décision a été "unanime" selon trois d'entre eux, qui ont souhaité conserver leur anonymat. Pour protester contre le manque de moyens et d'effectifs, tous les chefs de service du Centre hospitalier menacent de démissionner s'ils ne sont pas entendus dans la dizaine de jours à venir.

Publié le 16/05/2024 à 17:41 - Mise à jour le 16/05/2024 à 17:41

La décision a été "unanime" selon trois d'entre eux, qui ont souhaité conserver leur anonymat. Pour protester contre le manque de moyens et d'effectifs, tous les chefs de service du Centre hospitalier menacent de démissionner s'ils ne sont pas entendus dans la dizaine de jours à venir.

« La situation est catastrophique au plan financier et on n’est plus attractifs, on demande à ceux qui arrivent de travailler trois fois plus qu’en France puisqu’on manque de postes ». C’est le cri d’alarme des chefs de service du CHPF, repris par une grande partie du personnel qui dénonce un « épuisement » d’une grande partie des employés.

C’est ensuite un cercle vicieux : les médecins qui acceptent les postes sont débordés par le nombre de leurs patients. En oncologie par exemple, il faudrait quatre médecins pour soigner les différents types de cancer, selon des sources hospitalières. Mais il n’y a plus qu’un oncologue, qui doit partir en août. Les centaines de patients traités pour un cancer, qui ont par ailleurs besoin de stabilité pour la continuité des soins, ne savent donc pas comment ils seront traités dans deux mois.

Les chefs de service du CHPF souhaitent obtenir 500 millions de francs annuels pour financer les 150 postes qu’ils estiment nécessaires. Ils veulent aussi obtenir 700 millions pour investir dans du matériel. S’ils ne sont pas entendus, ils affirment être prêts à déposer leur démission sous dix jours.

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« On a un collectif budgétaire qui devait passer en janvier et qui n’est pas encore passé » s’inquiète un chef de service, qui invoque son devoir de réserve pour ne pas être cité. « Il faut investir dans la santé de la population et celle des soignants, on n’a pas de politique globale de santé » regrette-t-il.

Leurs difficultés se retrouvent à tous les niveaux de l’hôpital : de l’attente pour les blocs, dix à vingt heures pour les urgences, des chambres saturées et des patients que l’on doit faire sortir avant leur rétablissement, des difficultés pour acquérir même le petit matériel du quotidien.

Ces constats inquiétants sont aussi liés à l’état de santé d’une population de plus en plus âgée. La Polynésie est parmi les pays les plus affectés au monde par des pathologies comme la goutte, l’obésité, le diabète, l’insuffisance rénale ou les maladies cardio-vasculaires. Un terrible cocktail sanitaire qu’il sera difficile de freiner sans un investissement important dans la prévention et les soins primaires (avant d’attendre les complications médicales).

« La vitesse de dégradation de l’état de santé est vertigineuse » conclut l’un des chefs de service de l’hôpital.

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