Co-écrite par 4 auteurs, dont le docteur Johan Sebti, le chef de service du département psychiatrie du CHPF, cette étude inédite s’est focalisée sur les trois années de pandémie de Covid, d’avril 2020 à mars 2023.
Sur cette période, 895 tentatives de suicide ont été enregistrées sur l’ensemble de la Polynésie, territoire durement frappé par le virus. Ce qui correspond à une augmentation globale de 34,4% comparativement aux années 2008-2010 (date d’une précédente étude). Et ce chiffre atteint même les 54,9% pour la dernière année de pandémie. En outre, la moitié des personnes concernées n’avaient aucun antécédent de maladie psychiatrique et la plupart d’entre-elles résidaient dans la zone urbaine de Tahiti.
Autre enseignement : les tranches d’âges des 10-19 ans, et des 20-29 ans, donc jeunes, sont les principales concernées (49,3 % des tentatives) et les femmes davantage représentées. Ces chiffres sont corroborés par le nombre d’appels reçus par « SOS Suicide » qui a, lui aussi, bondi durant la période. 947 appels ont été comptabilisés en 2019, 804 en 2020, 1113 en 2021 et 1574 en 2022.
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« Nous pouvons (…) émettre l’hypothèse que l’augmentation -des tentatives de suicide, Ndlr- est liée à l’exacerbation des troubles biopsychosociaux, des difficultés causées par la pandémie, ainsi que par les mesures de confinement prolongées et par la réaction au stress dans un territoire isolé dont l’économie dépend largement du tourisme », écrivent les auteurs de l’étude.
Des conséquences à long terme
Ces chiffres représentent « une tendance très inquiétante des conséquences psychologiques de la pandémie » et devraient perdurer au moins quelques années encore.
Pour les auteurs, les résultats de cette étude soulignent « la nécessité d’une prévention renforcée » et d’un « système efficace de surveillance du suicide même » après la fin des restrictions sanitaires car « les conséquences psychologiques de la pandémie pourraient se manifester à long terme ».
Ils estiment donc nécessaire de lancer « des campagnes de prévention » contre le suicide en impliquant les professionnels de santé, les décideurs publics et les associations. Mais aussi de créer un observatoire local sur ce sujet.
D’autant que la problématique est particulièrement prégnante en Polynésie. Même hors période de pandémie, elle enregistre un taux de comportements suicidaires deux fois plus élevé que dans l’Hexagone (26 % contre 13 %).
La publication complète dans The Lancet (en anglais) :