Tahiti Nui Télévision : Vous allez vous mobiliser pour protester contre différentes mesures du gouvernement Barnier. L’une d’elles est la réforme des jours de carence pour les arrêts maladie : ils vont passer de 1 à 3. Vous considérez cette mesure comme étant punitive, pourquoi ?
Thierry Barrere, secrétaire régional UNSA Éducation Polynésie française : « Exactement. Actuellement, on a un jour de carence lorsqu’on amène un CM (congé maladie, Ndlr), on est malade, on dépose un CM, on a un jour de carence qui est retiré sur le salaire. Avec la réforme que Barnier souhaite faire, on va passer à 3 jours, ce qui représente à peu près 10% du salaire en moins sur le mois, donc c’est important et pour nous, c’est effectivement une mesure un peu punitive. »
Le gouvernement justifie la réduction de l’indemnisation des arrêts maladie de 100% à 90% comme une mesure nécessaire pour réduire les dépenses, mais aussi pour lutter contre l’absentéisme. Je rappelle que sur 10 ans le taux d’arrêt maladie est en hausse de 80% dans votre secteur. Selon vous, la sanction n’est pas la bonne méthode à adopter ?
« On veut faire des économies encore une fois sur le dos des fonctionnaires. Pour nous, ce n’est pas la bonne méthode. L’État, comme d’habitude, n’a pas tout exploré. Il y a des moyens, par exemple, sur la QVCT, la qualité de vie et les conditions de travail, à améliorer. »
Il faudrait faire quoi concrètement selon vous ?
« En tant qu’employeur, l’État doit pouvoir améliorer les conditions, les conditions matérielles de ceux qui travaillent, par exemple, ou simplement la santé au travail. Actuellement, dans l’Éducation nationale, on a un médecin de prévention pour 5 000 fonctionnaires. Donc pour nous, il faudrait qu’au lieu de punir directement et de sanctionner le fonctionnaire en lui retirant 10% de son salaire, l’État employeur devrait mettre en place des contrôles pour éviter tout type de dérapage. »
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Autre point de revendication : le non-versement de la GIPA, la garantie individuelle de pouvoir d’achat. Cette prime est instaurée depuis 2008 et vise à compenser la stagnation des salaires face à l’inflation. Votre syndicat ne compte pas céder sur ce point-là. C’est vraiment quelque chose qui vous tient à cœur ?
« Effectivement. La GIPA, la garantie individuelle du pouvoir d’achat, permettait un rattrapage, une petite compensation pour les salaires qui n’avaient pas évolué sur 4 ans ou qui avaient évolué, mais moins que l’inflation ou le coût de la vie. Donc la cherté de la vie, l’inflation, tout le monde connait, et ceux qui avaient stagné sur cette période-là pouvaient bénéficier d’une petite indemnité qui était versée annuellement, et ça aussi par mesure d’économie, le gouvernement Barnier souhaite le supprimer. »
Justement, le ministre de la fonction publique Guillaume Kasbarian affirme qu’il faut supprimer cette prime parce qu’elle engendrerait des disparités entre les différentes catégories des fonctionnaires et qu’il faudrait plutôt utiliser cet argent pour revoir les grilles salariales des catégories B et C. Vous ne pensez pas que ça pourrait être une bonne solution aussi ?
« Actuellement, dans leur projet, il n’y a aucune, en aucune manière, il y a des négociations de prévues sur l’augmentation du point d’indice, sur la revalorisation des grilles… et on nous supprime en plus cette indemnité, donc on ne comprend pas trop. En fait, c’est un peu prêcher le bien pour obtenir, je ne sais pas… Actuellement, nous, on sait ce qu’on perd, mais on ne sait pas ce qu’on gagne, donc nous ne sommes pas d’accord pour le moment. S’ils avaient ouvert des négociations, que ce soit sur l’évolution des grilles, sur l’évolution du point d’indice, déjà, on aurait pu avoir une meilleure visibilité, ce qui n’est pas le cas. »
Toutes les mesures que nous venons d’évoquer pourraient ne pas se concrétiser puisque le gouvernement Barnier est menacé par une motion de censure. Pourquoi est-ce important de quand même maintenir cette mobilisation pour vous ?
« Oui, il y a une motion de censure qui a été déposée, on ne sait pas comment ça va se passer, on n’a pas plus d’infos, ça peut être très variable. Elle pourrait passer comme elle ne pourrait pas passer, les négociations sont en cours. Mais nous, on maintient la pression, c’est-à-dire, on veut montrer au gouvernement et peut-être au futur gouvernement qu’on n’est pas d’accord que les fonctionnaires payent pour faire des économies. On est malade, on est en peine, et en plus, on se voit retirer une partie de son salaire, double peine, donc pour nous ce n’est pas tolérable. »
Vous allez donc entrer en grève ce jeudi 5 décembre, ce jeudi. Qu’est-ce qu’il y aura de prévu concrètement ?
« Alors le 5 décembre, j’appelle tous les fonctionnaires d’État, les agents publics de l’Éducation, de l’enseignement privé, à venir nous rejoindre. On va faire une manifestation. On se rassemble devant l’école To’ata à partir de 7 h 30, on partira vers 9 h par le boulevard Pomare pour remonter vers le rond-point Jacques Chirac et remonter vers le haussariat où on sera reçu par, normalement, le secrétaire général du haut-commissaire à 10 h 30. »