Malaise au foyer Pu o te Hau, visé par ses pensionnaires

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Plusieurs pensionnaires ou ex-pensionnaires du foyer Pu o te hau, centre d'hébergement d'urgences pour les femmes et mères en détresse, ont profité de la marche contre les violences, samedi dernier, pour dénoncer les violences physiques et morales qu’elles auraient subies lors de leur séjour dans l’établissement. Si la direction assure respecter les règles, le dossier est examiné attentivement au ministère des Solidarités.

Publié le 01/10/2024 à 16:59 - Mise à jour le 02/10/2024 à 16:47

Plusieurs pensionnaires ou ex-pensionnaires du foyer Pu o te hau, centre d'hébergement d'urgences pour les femmes et mères en détresse, ont profité de la marche contre les violences, samedi dernier, pour dénoncer les violences physiques et morales qu’elles auraient subies lors de leur séjour dans l’établissement. Si la direction assure respecter les règles, le dossier est examiné attentivement au ministère des Solidarités.

Havre de paix femmes en détresse, le foyer Pu o te hau a vu sa quiétude troublée, ce samedi, par les pancartes accusatrices d’un groupe d’anciennes résidentes. Plusieurs d’entre elles ont exprimé leur mal-être au cours de la marche blanche organisée à Papeete, pour dénoncer des violences physiques et morales qu’elles auraient subi lors de leur séjour dans l’établissement.

Cible des témoignages, la directrice Rowena Tuhoe, mentionnée dans plusieurs rapports de la DSFE consultés par Nicole Sanquer – élue à l’APF et au palais Bourbon – et dont le départ avait été demandé en 2020. Plus récemment, la députée a été contactée par un collectif d’anciennes pensionnaires du centre dénonçant certaines pratiques, comme la confiscation des pièces d’identité et des accès bancaires. « C’est vrai qu’il peut y avoir des tensions à l’intérieur, mais il y a des menaces de les sortir définitivement (…) de retirer leurs enfants si elles témoignent. Ce sont des menaces assez lourdes » , lance-t-elle. Plusieurs de ces femmes auraient déposé plainte auprès du parquet et interpelé la Fondation des Femmes de France, qui a financé l’extension du Pu o te hau fin 2023. « Ce qui m’inquiète encore plus, c’est que ces femmes ont déjà rencontré les élus, notamment la majorité, à venir à l’Assemblée. Elles ont rencontré le président de l’Assemblée qui n’a pas donné suite à ces alertes » , interpelle Nicole Sanquer.

« Il y aura toujours des plaintes »

Saisie ce lundi par le Conseil des femmes, Rowena Tuhoe se dit « stupéfaite » des accusations visant son foyer, où six femmes et quatorze enfants sont actuellement accueillis. Pour la directrice de la structure, les pressions vécues au centre sont principalement dues à des situations personnelles complexes. Elle assure « respecter les règles » et travailler « en étroite collaboration avec les différents partenaires » , DSFE comprise. « Notre travail à nous, c’est d’accueillir ces personnes, de les mettre en sécurité, tout en respectant une durée de séjour de trois mois. Imaginez vous répondre à une urgence en rapport avec la violence, la violence conjugale, la violence intrafamiliale, il y a un projet éducatif à mettre en place, insiste-t-elle. Il y aura toujours des personnes qui se plaindront. Quand on arrive au bout du séjour, notre travail est de rapporter aux travailleurs sociaux ce qui a été élaboré, travaillé avec la personne » .

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Charge aux travailleurs sociaux, en se basant sur ces observations, de rendre leurs rapports au juges des enfants, tranchant pour le retrait ou non de la garde aux parents. « On ne menace pas de leur retirer leurs enfants. Nous sommes là pour observer. Quand nous voyons qu’une maman maltraite son enfant au sein de l’institution, nous ne pouvons pas rester insensibles, sinon ce serait participer justement à cette forme de violence (…) nous nous devons de faire remonter ces informations importantes au niveau judiciaire » , conclut la directrice.

Un audit va être présenté à Tarahoi

Minarii Galenon, ancienne présidente du Conseil, connaît bien la situation. La vice-présidente et ministre en charge de la Condition féminine et des Solidarités indique qu’un contrôle des psychologues, médecins et travailleurs sociaux est mené par ses équipes depuis un mois. L’ARASS a également diligenté un audit, qui sera présenté aux élus de Tarahoi d’ici quelques semaines. « Nous avons quand même des situations récurrentes depuis un certain temps, il est temps de prendre des décisions. J’ai demandé à mes services de contrôler tout ce qui se passe, et je pense que ça sera plus rapide que prévu » . Et selon elle, la situation à Pu o te hau n’est pas un cas isolé parmi les 43 établissements sociaux et médico-sociaux gérés par le ministère. « Je sais qu’aussi bien les associations que les dirigeants des établissements sociaux et médico-sociaux ont besoin d’être accompagnés, c’est peut-être là qu’il y a eu un manque depuis un certain temps » .

La ministre prévoir « des moments de formation sur l’empathie et la bienveillance ainsi qu’un accompagnement pour toutes les personnes qui travaillent au sein de ces établissements » à l’horizon 2025.

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