Mana Tua Bennett, la street bikelife dans le sang

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Il s'est fait connaître par ses publications sur les réseaux sociaux, où il effectue des acrobaties en deux roues. Mana Tua Bennett, jeune adepte de la street bikelife, se fait un nom dans une discipline qui demeure "underground" et gagnerait, selon lui, à être mieux tolérée par l'opinion publique. Rencontre avec ce passionné de vitesse et d'adrénaline.

Publié le 17/11/2023 à 19:00 - Mise à jour le 18/11/2023 à 8:31

Il s'est fait connaître par ses publications sur les réseaux sociaux, où il effectue des acrobaties en deux roues. Mana Tua Bennett, jeune adepte de la street bikelife, se fait un nom dans une discipline qui demeure "underground" et gagnerait, selon lui, à être mieux tolérée par l'opinion publique. Rencontre avec ce passionné de vitesse et d'adrénaline.

Certains cherchent leur passion toute une vie, Mana Tua Bennett a trouvé la sienne. C’est fin 2017 qu’il tombe sur des vidéos de la Shark et de la PWS de Punaauia, qui sont alors deux des organisations de bikelife les plus ancrées dans le paysage local. « D’un point de vue extérieur, c’était hors la loi…Et puis, disons que des choses m’ont mis dedans, et ça m’a beaucoup aidé » , se remémore-t-il. Il en est persuadé, la bikelife est une passion qui permet de s’évader. « Ça fait partie intégrante de ma vie maintenant. Ça n’aide pas que moi, mais aussi beaucoup de jeunes » , assure-t-il. À Tahiti, ils sont plus d’une bonne centaine de pratiquants, en vélo ou en moto.

Le vélo est un préliminaire indispensable avant d’aller plus loin dans la street bikelife, pour trouver l’équilibre en roulant, mais aussi pour jauger ses propres limites. « De 2018 à 2021, j’ai été en vélo. J’ai eu la chance de rencontrer E-Ride Tahiti qui m’a prêté une moto pendant une semaine. On a été satisfaits du rendu, puis ils m’en ont prêté une autre pendant un an et demi » , raconte-t-il.

Les efforts qu’il a fournis pour progresser ont fini par payer. Mana Tua se sent à l’aise même quand il découvre un nouveau véhicule. « Je m’entraînais dès que je pouvais, quand j’étais en vélo : après l’école, c’était vraiment « maison, boulot vélo » , pendant le week-end. Pareil pour la moto, je jonglais entre école et ride » , souffle-t-il. À Vaitavere, Te maru Ata, derrière la mairie de Punaauia… et parfois sur la route, « quand il n’y avait pas le choixOn était un peu bêtes » , concède-t-il. Dans le même temps, il rappelle aux plus jeunes l’importance capitale de porter des protections et de rouler en spot fermé, même s’il sait que tous ne suivront pas ces conseils. « Quand des jeunes nous regardent sur le côté de la route, on veut quand même donner une bonne image, on est équipés » , souligne-t-il. Un message qu’il passe également régulièrement dans ses publications.

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Membre du bureau de la Fédération de Motocyclisme de Polynésie, où il officie aussi en tant que vidéaste, Mana Tua défend le droit des pilotes et pratiquants de street bikelife à avoir un lieu dédié sur Tahiti. À Faratea, l’Association des sports automobiles de Tahiti a dû annuler la dernière course de la saison prévue ce samedi, suite à une pétition de l’association Te Ora Hau et l’avis défavorable de la commune de Taiarapu-Est. À la place, une manifestation des fans de runs, de car-audio et de street bikelife se profile. Le ministre de l’Équipement Jordy Chan, conscient que la fermeture du spot cristallise les tensions entre pratiquants et riverains, annonce que d’autres solutions sont à l’étude.

« Ça m’attriste, déplore Mana Tua. Tu vois que les pilotes n’ont plus de spot, alors que c’étaient des événements une fois tous les deux ou trois mois (…) Il faudrait avoir une certaine clémence, parce que sinon les jeunes vont aller sur la route, on aura des accidents. (La bikelife), c’était là bien avant nous, et ce sera là bien après nous. Rien n’arrête les gens, ni les amendes, ni les saisies du véhicule. C’est une passion qui permet d’échapper à d’autres problèmes. Il faudrait aider toutes les personnes qui ont une passion à l’accomplir » .

« Je préfère voir les jeunes sur une bécane, sur un spot, plutôt qu’à traîner au bord de la route »

Sensible à l’image qu’il renvoie lorsqu’il tente des cascades dangereuses, Mana Tua ne considère pas qu’il prend des risques inconsidérés. Il ne s’est d’ailleurs jamais gravement blessé. Les commentaires qu’il reçoit sur sa page, parfois de personnes âgées, sont, à sa grande surprise, plutôt positifs. « On voit que c’est une communauté de la street culture, qui s’agrandit de plus en plus, affirme-t-il. Des commentaires disent que c’est bien d’encourager les jeunes, de les aider (…) Je préfère voir les jeunes sur une bécane, sur un spot, plutôt qu’à traîner au bord de la route » .

S’il ne vit pas encore de sa passion, Mana Tua a été contacté par plusieurs marques et a quelques contacts en Amérique, mère patrie de la discipline. Alors, il continue de travailler de nouvelles figures et de nouvelles techniques. « Il y a une citation très populaire, c’est ‘Ride or die’, sourit-il. Après, j’y vais safe quand même. Il y a des paliers qui permettent d’aller vers l’accomplissement de figures, petit à petit » .

Quant à l’avenir de la bikelife, Mana Tua espère qu’elle sera mieux tolérée et encadrée, à défaut d’être totalement acceptée par ses opposants. « J’aimerais que les gens continuent de voir ça tel que c’est, quelque chose de dangereux, note-t-il. Et qu’au fur et à mesure, on puisse avoir des compétitions, des shows, des choses qui vont avec la discipline, comme on peut en avoir ailleurs dans le monde » .

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