Michael, récit d’un sage-femme passionné

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En France, le métier de sage-femme n’est ouvert aux hommes que depuis 1982. Pas étonnant donc que la gente masculine soit encore peu représentée dans ce corps de métier. Au CHPF, sur la cinquantaine de sages-femmes de l’hôpital, on ne compte que 6 hommes, appelés aussi maïeuticiens. Michael Vongue est l’un d’eux. À 30 ans, et après 7 années de pratique, il livre son regard passionné sur une profession essentielle à l'accompagnement des mamans et de leurs bébés.

Publié le 28/05/2022 à 17:17 - Mise à jour le 28/06/2022 à 10:38

En France, le métier de sage-femme n’est ouvert aux hommes que depuis 1982. Pas étonnant donc que la gente masculine soit encore peu représentée dans ce corps de métier. Au CHPF, sur la cinquantaine de sages-femmes de l’hôpital, on ne compte que 6 hommes, appelés aussi maïeuticiens. Michael Vongue est l’un d’eux. À 30 ans, et après 7 années de pratique, il livre son regard passionné sur une profession essentielle à l'accompagnement des mamans et de leurs bébés.

« J’ai toujours voulu travailler dans la santé, mais je ne me voyais pas être sage-femme », avoue Michael, aujourd’hui pourtant maïeuticien depuis presque sept ans. Ce n’est qu’après un stage d’observation à l’hôpital du Taaone que le jeune homme, alors étudiant en Paces à l’Université de Polynésie française, envisage d’accompagner les femmes avant, pendant, et après leur grossesse. Il choisit de se spécialiser lors de sa première année d’études, puis réussit le concours de Paces qui lui ouvre les portes de l’école de sage-femme.

« Tu ne peux pas faire ce métier si tu n’aimes pas les gens »

Après cinq ans d’études universitaires, Michael fait ses débuts à l’hôpital de Uturoa, à Raiatea. Il y passe 3 ans avant de revenir sur Tahiti et d’exercer au centre hospitalier du Taaone. Service maternité, prise en charge des grossesses pathologiques ou encore visite à domicile, après avoir touché à tout, Michael accueille aujourd’hui les patientes en salle d’accouchement. Gestion des urgences, transmission des dossiers, suivi des patientes et de leur bébé : être maïeuticien nécessite une certaine polyvalence. « On est sage-femme, psychologue, secrétaire », plaisante Michael, qui reconnaît néanmoins que ce qui lui plaît, c’est surtout l’aspect « concret » du métier. « Je suis au contact des gens, et c’est ça que j’aime », observe-t-il. « Chaque couple, quand on les prend en charge, on entre dans leur histoire. Et ils sont un peu, à leur manière, uniques ».

« L’autre côté » du métier

Mais la profession n’est pas faite pour tout le monde. Car être sage-femme, ce n’est pas tout rose. Il faut avoir la vocation selon le jeune homme. « Moi, ce n’était pas ma vocation, mais tu ne peux pas faire ce métier si tu ne l’aimes pas, parce que c’est très prenant physiquement et psychologiquement ». Dans son service qu’il partage avec deux autres sages-femmes par garde, Michael et ses confrères peuvent prendre en charge jusqu’à 10 patientes à la fois. Des gardes de douze heures que le jeune homme enchaîne jours et nuits. « On est un peu décalés par rapport à la plupart des gens. […] C’est une charge de travail qui est physiquement assez prenante. Au niveau du sommeil, je pense qu’on ne dort pas beaucoup », lâche Michael en riant, malgré des cernes bien visibles qui viennent confirmer ses dires.

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« On côtoie beaucoup la vie, mais on côtoie aussi parfois la mort »

C’est sans compter la charge émotionnelle qu’implique le métier. « Il faut gérer les émotions du couple parce que les parents se reposent sur toi. Ils ont pleins de questions, de doutes, et c’est à toi de les rassurer. Il faut beaucoup prendre sur soi. Parfois, les mamans peuvent rester trois à quatre jours en salle d’accouchement. […] Et puis les patientes, lorsqu’elles accouchent, elles ont mal, bien sûr. Tout ça, il faut pouvoir le gérer. Et lorsque tu es avec eux, tu vas agir un peu comme une éponge. Tu vas absorber un peu de leur vécu, de leur douleur, de leur joie aussi. Tous les soignants doivent faire preuve de beaucoup d’empathie […] sans trop absorber les émotions. En tant que soignant, on est un peu obligés de se construire une carapace. Parce que lorsque ça se passe bien, tant mieux, mais quand ça ne se passe pas bien, il faut pouvoir le gérer aussi. On est là pour les parents d’abord, donc si on flanche, il n’y a plus personne pour s’occuper d’eux. […] Même si tu as envie de pleurer, tu ne peux pas fondre en larmes devant eux car tu es là pour les aider ».

Michael et ses collègues de travail (Crédit photo : Michael Vongue)

Et si les moments de joie sont nombreux, ceux qui sont plus difficiles sont également une réalité dans le quotidien des sages-femmes. Les fausses couches, les avortements, « ça, c’est l’autre côté », souffle Michael. « On côtoie beaucoup la vie, mais on côtoie aussi parfois la mort. […] Si toi, tu viens de t’occuper d’une personne qui a donné vie à un bébé et d’un couple qui, lui, vient de perdre un bébé, il faut savoir faire la part des choses et faire preuve de beaucoup de discernement, de sang-froid ».

« Parfois, on fait des accouchements au bord de la route ou dans l’ambulance »

Malgré tout, Michael continue d’être passionné par ce qu’il fait et apprécie chaque moment gratifiant que lui offre son métier, notamment « quand les patientes repartent avec le sourire, avec leur bébé », reconnaît-il. « On est là pour les accompagner, qu’elles aient des bébés en bonne santé, qu’elles soient elles aussi en bonne santé. Alors quand elles s’en vont, qu’elles ont leur bébé dans les bras et que tout va bien, quand elles nous remercient, on sait qu’on a fait du bon travail. Heureusement, c’est ce qu’il se passe le plus souvent ».

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