Ils étaient présents en janvier au grand rendez-vous de la Tech, le CES, à Las Vegas. La startup Molluscan Eye créée en 2022 utilise des mollusques pour surveiller la qualité des eaux. « Une des choses qui a plu, c’est qu’on a un produit qui sert à quelque chose, raconte Jean-Charles Massabuau, co-fondateur de Molluscan Eye. Il y a beaucoup de choses présentées au CES, on ne sait pas ce que ça va devenir, à quoi ça va servir. (…) Une grande surprise pour nous, ça a été de découvrir que des gens ne savaient pas que l’eau pouvait être polluée ! »
Leurs installations sont présentes en Arctique, en Norvège, en Espagne ou encore en Nouvelle-Calédonie, mais aussi ici au fenua, et plus précisément aux Tuamotu, dans les atolls de Takaroa et Takapoto. Des capteurs ont été placés sur des huitres perlières… « On va suspendre une cage avec des huitres dans l’eau, explique Jean-Charles. Une première carte électronique est à côté de ces animaux et collecte les informations, et puis une deuxième carte est en surface, chez vous aux Tuamotu, sur une bouée équipée avec un panneau solaire, et cette deuxième carte va communiquer avec nous par la téléphonie mobile ». Les données sont ensuite envoyées en métropole où elles sont analysées avant de repartir vers le client.
« On travaille sur des groupes de 16 par appareil. Si une huitre ne va pas bien, malheureusement c’est son problème (rires), mais si une grosse partie du groupe ne va pas bien et si ça démarre en même temps, ça veut dire qu’il y a quelque chose qui a changé dans la qualité de l’eau. On ne regarde plus la qualité de l’eau au travers de sa composition chimique, mais au travers de l’œil des mollusques, des animaux qui vivent sur le terrain. »
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Avantage de la technique : un suivi à distance et en continu qui ne pourrait être réalisé par l’Homme.
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Aux Tuamotu, les installations ont été mises en place à la demande du Pays et de la direction des Ressources marines (DRM). Car la Polynésie surveille avec attention ses lagons. Depuis 2016, un réseau d’observation a même été créé. Car la pollution est réelle. Aux Tuamotu notamment, la perliculture produit de nombreux déchets, en particulier des déchets plastique. « Les atolls sont des fois un peu surchargés. On met beaucoup de nacres pour avoir beaucoup de perles. On a des atolls qui tombent malades parce que trop surchargés. À Takaroa, l’atoll est tombé malade il y a une vingtaine d’années. Il est en train de récupérer et on regarde comment il récupère. À Takapoto c’est le contraire, il y a très longtemps, il s’est bien remis, et là il est à nouveau chargé ».
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Jean-Charles Massabuau a développé la technologie à l’origine de son projet en 2006 lorsqu’il était chercheur au CNRS. « J’ai développé cette technologie pour faire avancer la connaissance, mais j’étais très occupé. (…) Mais une fois à la retraite (…) ma volonté, ça a été de l’apporter dans la société ».
Il a travaillé sur plusieurs projets au fenua, notamment avec le Criobe, l’Ifremer et la DRM depuis 2017. Aujourd’hui à la tête d’une start up de seulement 3 employés, il espère bien faire grossir sa structure et aider à la préservation des océans…