Ce jour-là, il mène la réunion préparatoire d’avant-vol avec le reste du personnel navigant. Manoarii Bernede fait partie des derniers pilotes recrutés chez Air Moana. Un environnement dans lequel il baigne depuis le plus jeune âge, puisque ses parents exerçaient eux-mêmes dans une compagnie aérienne locale.
« Très jeune, ça m’a vraiment donné envie d’avoir cette vie-là : pouvoir voyager, rencontrer du monde, voir du pays et, surtout, ne pas avoir les horaires de bureaux, 7 heures/ 17 heures […] C’est essentiellement parce que mes parents étaient chez ATN. Donc, on a eu la chance de pouvoir voyager avec des billets à tarifs entreprise et c’est ça, vraiment, qui m’a donné envie », se souvient le jeune homme.
Après des études d’ingénieur, un Master, et une formation commerciale, il contracte un prêt de 12 millions de francs pour financer sa formation de pilote commercial dans l’Hexagone. Il y séjourne près de 9 ans avant de retrouver son fenua où il exerce, dans un premier temps, comme professeur au lycée Saint Joseph. Mais rapidement, il frappe à la porte d’Air Moana.
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« Le mix de tout ça fait, qu’aujourd’hui, j’arrive vraiment à apprécier ce que j’ai. Ça rend les choses plus riches, au niveau de la communication, de la remise en question, parce que c’est un métier qui n’est pas tout le temps facile. […] On prend des claques, hein. Les premières claques, c’est en formation et, ensuite, pour trouver un travail, ce n’est pas évident. J’ai beaucoup de copains qui étaient en formation avec moi et qui n’ont toujours pas trouvé. Et je les encourage à persévérer parce qu’on sait que ce n’est pas facile », témoigne Manoarii.
Son collègue Olivier Patris, également pilote chez Air Moana, abonde : « C’est comme tous les métiers, il faut être passionné. On a encore la chance d’avoir un métier double : extrêmement technique, qui demande de la ressource intellectuelle. Mais un métier qui permet aussi de nous évader, de rêver, de profiter d’un coucher de soleil, d’un paysage ».
Manoarii n’est pas le seul jeune Polynésien à avoir récemment décroché ses galons de pilote. La compagnie concurrente, Air Tahiti, compte aussi de nouvelles recrues dans ses rangs. Nanihi Sicot, 23 ans, en fait partie. Elle a d’ailleurs fait ses classes avec Manoarii Bernede à Agen, dans l’Hexagone. Et elle a également grandi dans une famille de personnels navigants.
« Une jeune de 23 ans qui pilote un avion où il y a 70 passagers à l’arrière, c’est vrai que c’est quelque chose. C’est une fierté, c’est sûr. Après, je pars du principe que peu importe l’âge, à partir du moment où on a été formé, et où on a été choisi, on est apte à faire ce métier. [..] Ma maman est PNC et mon oncle commandant de bord. J’ai vraiment toujours baigné dedans. Je voyageais souvent quand j’étais petite. J’ai été dans un cockpit et ça a été le coup de foudre », sourit la jeune femme.
Malgré son jeune âge, Nanihi a bien conscience des responsabilités du métier. Rigueur, travail et persévérance sont son leitmotiv : « C’est vrai qu’il y a la fatigue de temps en temps. Parfois, il y a des retards, on revient tard. Mais c’est à nous de nous ménager […] On fait en sorte d’être en forme pour voler le lendemain. Il y a aussi les conditions en Polynésie, c’est vrai que c’est assez particulier, que ça soit pour le vent, et même au niveau des reliefs, pour les Marquises par exemple. Les conditions sont un peu plus compliquées qu’ailleurs, à mon avis. Mais en général, c’est quand même un plaisir de voler ici. »
Un plaisir qui n’est pas près de s’arrêter pour les deux nouveaux pilotes. Après la vaste Polynésie et ses paysages à couper le souffle, Manoarii et Nanihi envisagent un jour, peut-être, de s’envoler vers de nouveaux cieux.