24 décembre 2023. Minuit passé, Niuaki pointe le bout de son nez. Le nouveau-né pèse 3,8 kilos pour 53 centimètres. Un petit bonhomme qui fait le plus grand bonheur de ses parents et de ses frères et sœurs à la veille de Noël.
Le jour J, les contractions ont débuté à midi. Elles sont devenues de plus en plus régulières et douloureuses. Lors de ses premières grossesses, la maman a, soit perdu les eaux, soit a été déclenchée. Là, c’est la surprise.
« Tu n’as pas cet examen où l’on t’examine pour te dire : ‘là, tu es à deux doigts, à trois, à quatre’. On était ici à partir de 17h15, et j’ai accouché à 1h du matin. Tu avais la douceur de la sage-femme à côté. Tu souffrais, tu avais envie de hurler, et il y a la sage-femme qui te dit : ‘respire, laisse sortir bébé, ça va aller’ », témoigne Heiana Pito, l’heureuse maman.
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Et tout s’est bien déroulé pour elle et Niuaki. Le père du petit garçon a également été intégré à ce moment unique. « Ce sont des choses que je découvre alors que c’est ma 4ᵉ naissance. Je n’ai jamais vu le placenta et, là, j’ai senti le cordon. Et papa a pu voir avec la sage-femme. Elle lui a expliqué le placenta, comment il est présenté : ‘Voilà ce que je fais, voilà mon rôle’. Ce sont des choses que tu ne vis pas en clinique ou en hôpital. C’est notre dernier bébé, donc j’ai l’impression qu’on ne peut pas faire mieux », sourit Heiana.
Comme elle, les mamans de Tumu Ora sont suivies tout au long de leurs grossesses et après l’accouchement. Lors des naissances, deux sage-femmes sont à leurs côtés. Et pour parer à d’éventuelles complications, la maison est située à 30 mètres seulement de la maternité du CHPF.
« On ne prend que des grossesses physiologiques. Toutes les pathologies, on ne les prend pas », souligne Heimana Thomas-Boiteau, sage-femme à la maison de naissance, « il y a certains critères d’éligibilité. On fait un questionnaire un peu poussé. Après, il faut que les mamans sachent que cette structure existe et qu’elles sont prises en charge à 100 % par la CPS. Il y a juste l’accès à l’association qui est de 5000 francs par maman ».
Car Tumu Ora est avant tout une association. Trois sage-femmes principales assurent les astreintes, les consultations et les préparations aux accouchements. Cette expérience a débuté en 2021, mais elle pourrait, sans nouvel agrément des autorités sanitaires et du ministère de la Santé, prendre fin mi-juillet 2024.
« On aimerait bien que l’aventure continue et que les mamans aient la possibilité de choisir une structure différente de celles qu’elles ont connues. Il y a quand même une recrudescence de mamans qui veulent accoucher différemment, sans être trop médicalisée, mais en ayant la sécurité », ajoute Heimana Thomas-Boiteau.
Une rencontre a déjà eu lieu entre les professionnels de Tumu Ora et le ministre de la Santé, Cédric Mercadal. Les premières statistiques font en tous les cas état d’un grand intérêt des mamans du fenua pour ce type de structure.