En déplacement à Singapour, le président du Pays Moetai Brotherson a annoncé qu’il avait autorisé l’expédition, la semaine dernière, d’une soixantaine de poches de sang vers la Nouvelle-Calédonie afin de répondre aux besoins de l’hôpital de Nouméa en cette période de crise sur le Caillou.
Autre annonce : celle d’un recensement des ressortissants du fenua bloqués en Nouvelle-Calédonie. « Un recensement a été lancé pour établir le nombre exact de ressortissants souhaitant revenir au Fenua et leurs conditions d’hébergement, annonce le Pays dans un communiqué. Un formulaire en ligne a été ouvert pour le réaliser. Une première estimation dénombre 145 personnes en attente d’un vol pour Papeete ».
Mardi en fin de journée, le haut-commissariat a également appelé tous les touristes français bloqués en Nouvelle-Calédonie à s’enregistrer via un autre formulaire pour bénéficier de « mesures d’accompagnement ».
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Le Pays souhaite qu’un vol soit affrété, comme cela a été fait pour les ressortissants de Nouvelle-Zélande et d’Australie. « L’État a autorisé la Nouvelle Zélande et l’Australie à affréter des vols de rapatriement pour évacuer les personnes vulnérables prioritairement. Si nous nous réjouissons que ces familles retournent dans leurs pays, cela est de nature à nous interroger sur les possibilités pour nos propres citoyens. Les autorités de la Polynésie française demandent à l’État qu’une autorisation exceptionnelle soit donnée pour qu’un vol depuis le Caillou puisse avoir lieu en direction de l’aéroport de Tahiti-Faa’a. »
Un amendement du Tapura
Peu avant l’envoi de ce communiqué, interrogé sur le plateau de TNTV, le leader du Tapura Huira’atira et ex-président du Pays Edouard Fritch déplorait que rien ne soit fait pour les Polynésiens bloqués sur le Caillou. « Il y a actuellement, en Nouvelle-Calédonie, des Polynésiens qui sont dans la souffrance. (…) Tous les Polynésiens qui sont actuellement en Nouvelle-Calédonie connaissent le même sort que tous les calédoniens qui vivent en Calédonie. Et nous ne faisons rien pour eux. (…) On ne va pas chercher nos enfants qui sont isolés aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, et on n’envoie pas de quoi exprimer notre solidarité, comme nous l’avons fait tant de fois avec les Tonga, avec les Samoans. Nous sommes réputés pour cela. Pour nos frères Calédoniens, rien, rien aujourd’hui n’est fait. Donc, nous allons faire des propositions. » Le Tapura compte déposer un amendement vendredi lors du collectif budgétaire pour demander au Pays de débloquer 100 millions de Fcfp à destination de la Nouvelle-Calédonie. « Il y a des enfants qui n’ont plus de couches, qui n’ont plus de lait en Nouvelle-Calédonie. On ne peut pas ignorer à ces gens-là comme on le fait aujourd’hui. Donc, nous allons demander effectivement à la majorité de faire un geste envers ces Calédoniens ».
Dans son communiqué, le Pays a tenu à assurer les familles polynésiennes « de la pleine et entière implication » du président Moetai Brotherson.
Le Pays comme l’opposition ont par ailleurs salué l’initiative privée de la famille Malmezac. Jusqu’au 3 juin, une collecte de dons est organisée. Des conteneurs seront ensuite envoyés vers le Caillou.
Le gouvernement annonce aussi qu’il se joindra à la messe œcuménique organisée par le Père Landry Boyer, Vicaire Général du Diocèse et Curé de la paroisse Maria no te hau de Papeete ce mercredi 22 mai à partir de 18 heures.
Les émeutes débutées le 13 mai dernier en Nouvelle-Calédonie se poursuivent et ont fait à ce jour 6 morts et une centaine de blessés. À l’origine de ces violences, un texte de loi permettant le dégel du corps électoral. Les Kanaks craignent d’être moins représentés lors des votes aux élections provinciales. Le Président de la République Emmanuel Macron est en route pour le Caillou où il compte tenter de renouer le dialogue.