Après un premier vol, dimanche soir, un second appareil de l’Armée de l’air a rapatrié, ce jeudi matin, 53 Polynésiens, accueillis sur le tarmac par le président Brotherson et la directrice de cabinet du haut-commissariat, Emilia Havez. Une arrivée à Tahiti vécue comme un soulagement.
Des nombreux jeunes figuraient parmi les passagers. Certains se trouvaient en mission pour l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, et d’autre effectuaient un stage sur le Caillou. Ils étaient censés revenir au fenua au mois de juillet, voire, même, l’année prochaine. Mais les évènements en ont décidé autrement.
« Je suis extrêmement contente d’être là. Vous ne savez pas à quel point. C’était difficile là-bas. La montée du racisme, ça va être une question pour la reconstruction. Comment les gens vont-ils se faire confiance après ? Je ne sais pas comment ça va se passer (…) J’ai entendu des propos vraiment très racistes envers les Mélanésiens et envers les Polynésiens (…) C’est un choc (…) J’espère qu’ils arriveront à reconstruire leur pays et à se refaire confiance », a témoigné Namuiarii.
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« Ce qu’elle pointe du doigt est essentiel », a réagi Moetai Brotherson qui se trouvait aux côtés de la jeune femme, « il va falloir reconstruire le pays calédonien et cela ne va pas être évident (…) Beaucoup de choses ont été cassées, au sens propre comme au figuré. Il faut faire appel à la sagesse des uns et des autres ».
Gisèle, une autre passagère qui se trouvait en vacances sur le Caillou, dit pour sa part avoir vécu une « très longue » attente : « La situation était anxiogène. On était bloqués à l’hôtel. Ce n’était pas facile. On voyait tous les Calédoniens souffrir de la situation. On a compati, mais on avait aussi peur pour nous, peur d’avoir des émeutiers dans notre hôtel, d’être attaqués (…) C’était assez impressionnant ».
Pour assister les passagers, des membres de la Cellule d’urgence psychologique du Pays ont été mobilisés. « Nous intervenons principalement pour les informer des risques psychosociaux que peut engendrer un stress prolongé (…) On incite les gens à venir consulter auprès du CHPF. C’est de la prévention que l’on fait aujourd’hui », a expliqué Sylvain, infirmier de la Cellule.
Selon Moetai Brotherson des « vols civils » pourraient « peut-être » reprendre dans les prochains jours pour ramener d’autres Polynésiens encore bloqués sur le Caillou « dans des conditions plus confortables ».
« On est en contact avec toutes les personnes qui sont encore en Nouvelle-Calédonie, mais il y en a beaucoup moins. Certains souhaitent revenir en Polynésie française, mais d’autres hésitent et attendent peut-être la reprise des vols commerciaux », a de son côté indiqué la directrice de cabinet du haut-commissaire. « On va se réunir de nouveau aujourd’hui avec les équipes de la Présidence pour comptabiliser exactement le nombre de personnes qui demandent à revenir », a ajouté Emilia Havez.
Les autorités recensent également les Calédoniens qui se séjournent actuellement au fenua et qui désirent rentrer chez eux. Ils pourraient, eux aussi, bénéficier d’un « vol spécial » bien qu’aucune date pour celui-ci ne soit pour l’heure arrêtée.