TNTV : Vous êtes le représentant du groupe City au fenua, le groupe City et ses projets qui créent la controverse. C’est le cas pour le New Taharaa à Arue, maintenant c’est le projet Ocean Park sur le site de l’ancien Tahiti Village à Punaauia, soit plus de 400 appartements de luxe et pour lequel le conseil municipal de Punaauia a émis un avis défavorable. Plusieurs centaines d’habitants de la commune ont eux aussi fait part de leur opposition au travers d’une manifestation. Est-ce que vous vous attendiez à une telle levée de boucliers ?
Teiva Raffin, représentant du groupe City en Polynésie : Pour être honnête avec vous, je ne m’attendais à rien du tout. Tout simplement, nous sommes dans une dynamique de développement. Nous essayons d’apporter un élément de réponse, notamment sur le logement, la création d’emplois, le développement économique… Ces deux sites (New Taharaa et Tahiti Village) ont été fermés depuis plus de vingt ans. Ce sont deux sites exceptionnels, sur lequel le groupe city s’est positionné. Pourquoi ? parce qu’il y a une opportunité véritable de créer un nouveau quartier, de nouvelles conceptions d’aménagement qu’on pourrait offrir à la population, chose qu’aucun promoteur n’a pu faire jusqu’à ce jour. City s’inscrit davantage sur une dynamique de pouvoir offrir du neuf, quelque chose d’agréable pour la population.
Vous comprenez tout de même ces manifestants, la population qui trouve que ce projet de luxe ne rentre pas dans le cadre de vie en Polynésie ? À Moorea, on a encore refusé 6 projets de peur de dénaturer l’attrait de l’île. On sent qu’il y a un changement dans les mentalités.
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Mais quand on dit « il faut préserver l’attrait de l’île », ça veut dire quoi ? Lorsqu’on construit des lotissements sur les hauteurs de Papeete…
Ce sont surtout des craintes concernant le littoral.
Oui mais là il s’agit de développer un projet sur 30 000 m², où un plan général d’aménagement (PGA) a été imposé, en tout cas voté. Le maire a validé ce PGA, ce qui veut dire qu’il a une vision d’aménagement pour la commune de Punaauia. On s’inscrit véritablement dans cette dynamique. À partir du moment où il y a des règles d’urbanisme qui sont imposées par la commune, il va de soi qu’on doit également les respecter. Quand on a à disposition un terrain de 30 000 m² où on vous autorise à construire 50% d’emprise au sol + 3 niveaux, vous faites le calcul, on arrive exactement à ce qu’on arrive à faire sur le projet Ocean Park.
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Concrètement, au-delà du côté création d’emplois, en quoi ce projet d’Ocean Park va-t-il pouvoir bénéficier à la population ?
C’est simple, nous avons besoin de 15 000 logements sur 10 ans. Le gouvernement a fait un diagnostic, nous avons besoin de construire 1500 logements par an. On arrive à peine à 300 logements par an.
On parle d’appartements de luxe. En quoi les polynésiens, avec un marché immobilier inaccessible, va pouvoir en bénéficier ?
Ça ne veut pas dire : construction de luxe égal inaccessible. Quand on parle de luxe dans la maroquinerie, il y a l’accessible et l’inaccessible. Ici, on ne dit pas luxe dans le sens où il y a des matériaux hors de prix, on parle de cadre de vie. Ce qu’on propose, c’est quelque chose de différent pour des services qui n’existent pas encore en Polynésie. Ce qu’on propose dans le luxe, c’est un spa, un fitness, un salon de massage, avec coiffeur, 3 piscines…Ce qu’on appelle le luxe, c’est de pouvoir offrir des prestations, quelque chose de différent. Pour pouvoir bénéficier de ce genre de produit, la « masse » en construction fait qu’on peut tirer les prix vers le bas. Vu qu’on s’appuie sur un dispositif Pinel Outre-mer, 60% des logements pourraient être facilement attribués aux familles polynésiennes à des prix modestes.
Pour le maire de Punaauia, de toute façon il faut revoir votre copie, notamment l’étude d’impact. Où en est-on aujourd’hui ?
Le maire dit que l’étude est incomplète, pourquoi ? Parce qu’il nous a demandé de faire des études de sol, de faire des études complémentaires environnementales. Vu qu’on ne pouvait pas accéder sur le site qui était bloqué, il était difficile pour les équipes techniques de pouvoir finaliser ce volet-là. Cependant, aujourd’hui, on nous a autorisés à pénétrer sur le site.
Vous parlez d’Ariifanau Aroita qui se dit propriétaire de ce terrain, malgré le flou juridique à ce propos et le conflit avec Louis Wane.
(Ndlr : Le terrain qui doit accueillir le projet immobilier Ocean Park à Punaauia est revendiqué par Ariifanau Aroita, qui dit l’occuper depuis 1982. Depuis 2019 une procédure est en cours pour faire reconnaître la prescription trentenaire, mais l’affaire n’est pas tranchée. Louis Wane a lui récupéré la propriété par des investisseurs japonais et a initié deux procédures d’expulsion).
Ce qui nous intéresse, ce n’est pas de savoir ce qui se passe sur ce débat. Il y a un litige en cours, mais nous on veut voir comment finaliser ce dossier. La direction de l’environnement nous a demandé de compléter ce volet-là. Cette semaine, les bureaux d’étude pourront accéder au site pour compléter ces investigations.
Concernant le New Taharaa, où en est-on aujourd’hui ?
Le New Taharaa est en plein étude, le permis de construire est en instruction. Nous avons finalisé la partie enquête, nous avons reçu un avis défavorable de la mairie de Arue.
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Également de la population et de certains élus.
Il y a eu une cinquantaine de personnes qui ont manifesté, je ne sais plus quand. Là, il s’agit véritablement d’un problème d’eau. Or, nous nous sommes approprié l’étude de 2021 : la commune produit 3 700 000 m³ d’eau par an, ce qui reviendrait selon le rapport à 200 m³ cubes eau par foyer, soit 50 m³ cubes par trimestre. Quand on ramène la quantité journalière, on est à 0,55 m³ cubes. Monsieur Bryant critique 900 m³ par jour avec 1500 usagers permanents, ça nous ramène à 0,6 m³ par jour.
Ce projet est-il toujours en cours ?
Oui, et nous allons passer en étude de commission de sécurité incendie. Je pense qu’on aura encore véritablement 2-3 mois entre les bureaux d’études et la direction de l’équipement et de l’aménagement pour échanger, pour pouvoir finaliser ce dossier-là.