Les sourires de façade ne masquent pas la frustration, ni la colère. Les représentants syndicaux et les élus du personnel d’Air Tahiti se sentent trahis par leurs propres centrales qui ont déposé ce préavis de grève sans leur consentement, en plein mouvement social au sein de l’aéroport de Tahiti-Faa’a.
« Nous soutenons la grève d’ADT, mais qu’on ne nous utilise pas comme pions (…) Nous, on ne fera pas la grève -à Air Tahiti, Ndlr- », prévient Titaina Viriamu, la déléguée syndicale Spencat.
Pour ces employés de la compagnie domestique, cette situation découle d’une absence totale de concertation avec les représentants des différentes centrales.
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« Quand j’envoie des mails, on ne me répond jamais », fulmine Terainui Mariassouce, de la CSTP-FO, « on me répond que pour me dire : ‘tu as des élus pour l’élection des délégués du personnel et du comité d’entreprise ?’ Je ne sers pas qu’à ça les gars ».
Écœurée par cet épisode, la déléguée de la CSIP, Caroline Gooding, a même préféré rendre son mandat.
« Je n’ai jamais eu mon secrétaire général au téléphone. Je n’ai eu que deux membres du bureau. C’est tout. Je ne suis pas un pion et j’ai décidé de démissionner (…) C’est dénigrer les représentants du personnel, c’est dénigrer le personnel élu, et c’est dénigrer le personnel en lui-même qui avait confiance à tous les élus », souffle-t-elle.
D’autant que les revendications, légitimes à leurs yeux, faisaient l’objet de négociations en interne depuis un moment, comme l’explique Caroline Gooding : « Tous ces points sont déjà en cours de discussions, aussi bien au niveau du comité d’entreprise qu’à celui des délégués du personnel ».
Les 1600 salariés d’Air Tahiti font donc entendre leurs voix par l’intermédiaire de leurs élus. Reste à savoir si ceux des deux autres compagnies aériennes locales, elles aussi concernées par des préavis de grève, leur emboiteront le pas.