Philippe Neuffer : « Nous souhaitons que le président et le vice-président de l’Église ne soient plus agréés par le haut-commissaire »

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Membre du synode de l'Église Protestante Maohi, Philippe Neuffer était l’invité du journal de TNTV, ce dimanche, pour dresser le bilan du 139ᵉ synode qui vient de s’achever. Réchauffement climatique, accession à l’indépendance, fait nucléaire : de multiples thèmes ont été abordés lors de celui-ci. Les cadres de l’EPM souhaitent également s’entretenir avec le président de la République pour lui demander notamment que « le président et le vice-président de l'Église ne soient plus agréés par le haut-commissaire de la République ».

Publié le 05/08/2024 à 9:59 - Mise à jour le 05/08/2024 à 9:59

Membre du synode de l'Église Protestante Maohi, Philippe Neuffer était l’invité du journal de TNTV, ce dimanche, pour dresser le bilan du 139ᵉ synode qui vient de s’achever. Réchauffement climatique, accession à l’indépendance, fait nucléaire : de multiples thèmes ont été abordés lors de celui-ci. Les cadres de l’EPM souhaitent également s’entretenir avec le président de la République pour lui demander notamment que « le président et le vice-président de l'Église ne soient plus agréés par le haut-commissaire de la République ».

TNTV : Parmi les thèmes évoqués lors ce synode : le réchauffement climatique. Quel constat dressez-vous et quelle attitude proposez-vous d’adopter face à ce sujet de dimension mondiale ?

Philippe Neuffer : « C’est une question qui touche essentiellement les pays insulaires tels que le nôtre. Les continents sont plutôt les moins touchés. Donc, l’idée, c’est d’interpeller l’État et les États sur la nécessité de prendre à bras-le-corps ces questions environnementales qui touchent bien sûr la création, qui est quand même centrale dans les thèmes bibliques, mais surtout qui touche les êtres humains. L’idée, c’est d’éviter que nous soyons des réfugiés climatiques parce que le niveau des eaux sera monté d’une manière telle qu’elle empêche la vie sur nos atolls notamment ».

TNTV : Le fait nucléaire est un sujet récurrent au cœur des préoccupations de l’Église. Quel élan nouveau ou quelle nouvelle idée ce synode a-t-il apporté sur ce sujet ?

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Philippe Neuffer : « Deux nouveautés d’abord au niveau de l’organisation puisque Moruroa e Tatou a été renouvelé, son conseil d’administration a été renouvelé, et ce sont des jeunes qui ont voulu prendre la présidence. C’est quelque chose qu’il faut mettre en exergue. Ensuite, il y a le combat qui se déplace des vétérans vers les populations civiles, puisque désormais, nous demandons que les ayants-droit des victimes, c’est-à-dire les enfants et la plupart du temps pour les anciens travailleurs, le conjoint, soient indemnisés au titre de leur préjudice propre, c’est-à-dire d’un préjudice moral. Perdre un parent, c’est quand même un préjudice, une souffrance, et un préjudice économique, parce que ça fait un salaire en moins ».

TNTV : L’accession à l’indépendance est aussi un sujet cher à l’Eglise. Vous espérez à ce titre une rencontre avec le président de la République. Que comptez-vous lui dire ?

Philippe Neuffer : « La libération de l’Homme, c’est bien sûr le message de Jésus d’abord. C’est donc avant tout la volonté de Dieu. Au-delà d’être institutionnelle, cette libération concerne tout un chacun. On doit se libérer d’un certain nombre d’addictions, d’un certain nombre de choses qui nous empêchent de vivre pleinement notre vie et ça, c’est d’abord quelque chose qu’il faut dire. C’est ce que l’église dit. Ensuite, il y a cette liberté religieuse qui n’est pas reconnue dans notre pays complètement, puisque ce que nous souhaitons, c’est que le président et le vice-président de l’Église ne soient plus agréés par le haut-commissaire de la République et qu’ils puissent exercer leurs fonctions (…) sans avoir à passer par l’agrément du représentant de l’État qui pour nous n’est pas conforme aux principes de liberté religieuse tels notamment par la Convention Européenne des Droits de l’Homme les fixe. C’est pour ça que nous souhaitons rencontrer le président de la République pour qu’il nous dise si, effectivement, ces dispositions, qui datent quand même d’avant-guerre, sont toujours en vigueur ou si elles ne sont pas devenues caduques par l’effet du temps et des changements de circonstances de droits. Ensuite, il y a un certain nombre de messages au titre de la libération : avoir un peu plus de visibilité par rapport aux évolutions institutionnelles qui seront proposées et lui dire une chose. La plupart du temps, lorsqu’il y a des difficultés sociales dans le pays, on fait appel aux églises pour calmer le jeu. Donc, ça serait bien, peut-être, qu’on écoute un peu plus les églises sur les questions sociales, notamment sur celles de la pauvreté et ce qui empêche l’être humain d’être véritablement libre ».

TNTV : Sur le plan de l’éducation, vous souhaitez que l’on instaure des lieux d’écoute dans les établissements protestants, ce qu’on appelle des dispositifs Margaret’s Place. Le mal-être des élèves c’est un sujet préoccupant aujourd’hui et vous demandez l’aide du pays sur ce point….

Philippe Neuffer : « Il y a dans nos établissements, comme dans tous les établissements scolaires, et notamment secondaires, que ce soient ceux du public ou du privé, un véritable mal-être scolaire qui se traduit par des actes de suicide, des actes de violences scolaires, de harcèlement scolaire. Et il y a une chose qui nous paraît un petit peu incongrue, c’est que les écoles publiques bénéficient de dispositifs d’aide, d’accompagnement pour tenter de résoudre ces problèmes que nous n’avons pas pour des raisons qui m’échappent. Mareva Georges, qui a souhaité nous proposer ce dispositif Margaret’s Place (…) a souhaité nous faire cette proposition, nous montrer ce que c’était. Ça nous a paru être quelque chose qui conviendrait à nos enseignements, à la particularité de nos enseignements, puisque avant ces questions de difficultés entre les camarades, c’étaient nos pasteurs qui étaient à l’écoute. Aujourd’hui, il faut des professionnels, il faut des psychologues, qui soient formés, bien formés. Et le dispositif Margaret’s Place, qui existe déjà dans deux établissements secondaires publics, nous aimerions l’étendre chez nous dans les écoles secondaires qui se situent à Tahiti, donc à Raapoto, Pomare et au lycée agricole et également à Raiatea parce que ce n’est pas parce qu’on est dans des îles éloignées qu’on ne vit pas la même situation qu’à Papeete. Il y a quelque part, pour nous, une rupture d’égalité puisque nous avons fait la demande déjà depuis quelques mois et pour l’heure, nous n’avons pas de réponse. Mais nous sommes particulièrement optimistes et confiants dans la réponse qui nous sera donnée sur cette demande d’extension de Margaret’s Place dans nos établissements protestants ».

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