C’est l’une des réponses de la commune de Pirae face à un accroissement constaté de la violence chez les jeunes. Tous les samedis depuis un mois, des matchs de volley-ball sont organisés. 36 équipes issues de 13 quartiers s’affrontent sur le terrain plutôt que dans les rues.
« C’est plus dans l’aspect social qu’on a travaillé, via le sport, le volley-ball, explique Raumataarii Temarii, organisatrice des tournois de volley social à Pirae. Comme ces derniers temps il y a eu beaucoup de bagarres, via notre inter-quartiers, nous voulons occuper les jeunes pour pouvoir leur permettre de se défouler autrement qu’avec la violence. C’est inquiétant parce qu’au fur et à mesure des années, la violence augmente. Il faudrait qu’on fasse beaucoup d’activités pour pouvoir les occuper toute l’année pour qu’ils puissent rentrer dans un bon cadre de vie. »
360 jeunes participent à ce tournoi de volley. Une manière de faire connaissance avec les jeunes des autres quartiers et d’être actif. « Ça fait un mois maintenant qu’on s’entraîne le lundi, le mercredi et le jeudi, confie Vaitiare Manutahi, coach de l’équipe Fare Te Tahora. Sinon ils vont se retrouver sur la route à faire n’importe quoi. Là ils ont beaucoup évolué. Je suis fière d’eux. »
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Les gagnants remportent des cartons de cuisses de poulet et des tenues. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus globale de Pirae pour faire face à la recrudescence des actes de violence. Les meilleures équipes participeront au tournoi inter-communes.
Interview d’Abel Temarii, 1er adjoint au maire de Pirae
Nous l’avons appris dans ce reportage, 360 jeunes ont participé à votre événement. Comment les avez-vous sélectionnés ?
« Suite à des débordements dans notre commune au niveau de la jeunesse des quartiers, on est allé voir les parents d’abord. Et ils ont ce souci de ne pas pouvoir les maîtriser. Donc nous avons réfléchi avec eux et nous avons choisi d’organiser des rencontres dans le plan de la cohésion entre les quartiers. Le volley-ball a été mis en avant parce qu’on a un club très actif à Pirae. Mais nous n’avons pas sélectionné, nous avons ouvert. On a fait un appel à candidature et 13 quartiers de Pirae se sont inscrits, soit 36 équipes, soit 360 enfants. Le but est de les mettre dans un contexte de rassemblement, un contexte amical, de façon à retisser les liens entre eux. Parce qu’il faut le dire, pendant un an ça a été très difficile pour la jeunesse. Lutter contre la covid, c’est bien, aujourd’hui on a bien réussi, mais à côté de ça, l’augmentation de la délinquance s’est fait sentir, parce qu’on a fermé toutes les installations. On a interdit toutes les manifestations sportives, si bien que les jeunes ont trouvé un autre défouloir. »
Le but affiché de lutter contre la délinquance, ça fonctionne ?
« Ça fonctionne, il faut y croire, parce qu’en fin de compte, qu’est-ce qu’il faut rechercher d’abord dans un dossier aussi lourd ? Il faut d’abord convaincre les parents de leur responsabilité aussi, de leur devoir. Il faut convaincre les jeunes que ce qu’ils font n’est pas bien et retrouver la confiance entre les parents, les jeunes et les élus que nous sommes. Et c’est en faisant du terrain, en allant voir les familles, en allant voir les jeunes, les réunir et recueillir des idées qui mériteraient d’être concrétisées. »
Vous avez œuvré 30 années au sein de la Fédération tahitienne de volley-ball. Ce tournoi peut-il aussi permettre de détecter des pépites ?
« Je n’ai pas la prétention de recruter pour la fédération, mais pour le club de Pirae. Et évidemment qu’il y a là une jeunesse qui a beaucoup de qualités. Aujourd’hui j’ai pu observer quelques jeunes que je vais recruter dans le club et justement, j’aimerais bien dire un mot là-dessus. On a gagné les deux titres, en filles et en hommes du tournoi fédéral de Polynésie, et donc je dédie à la jeunesse de Pirae ces victoires. Il y a de la place dans le club, venez et vous serez bien accueillis. »