Pluie d’hommages à John Mairai, un « rebelle », un « phare »

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L’annonce de la disparition brutale, ce vendredi, de John Mairai, a bouleversé tous ceux qui l’ont connu. Ils sont nombreux aujourd’hui à rendre hommage à l’homme de culture qui aura marqué plusieurs générations. Moetai Brotherson, Heremoana Maamaatuaiahutapu, Eliane Tevahitua ou encore Fabien Dinard, ils saluent la mémoire d’un « rebelle », d’un « phare », qui a « eu plusieurs vies ».

Publié le 22/12/2023 à 14:02 - Mise à jour le 23/12/2023 à 8:07

L’annonce de la disparition brutale, ce vendredi, de John Mairai, a bouleversé tous ceux qui l’ont connu. Ils sont nombreux aujourd’hui à rendre hommage à l’homme de culture qui aura marqué plusieurs générations. Moetai Brotherson, Heremoana Maamaatuaiahutapu, Eliane Tevahitua ou encore Fabien Dinard, ils saluent la mémoire d’un « rebelle », d’un « phare », qui a « eu plusieurs vies ».

Le décès de John Mairai ne laisse personne indifférent. Dans un communiqué, le président de Polynésie, lui rend hommage. « John s’en est allé vers les Cieux divins, aux origines du monde Mā’ohi. Son art, son éloquence et sa poésie imprègnent à jamais notre âme mā’ohi. Puissions-nous perpétuer ce talent, cette beauté dans la mémoire de nos filles et de nos fils. À sa famille et à tous ses proches, à vous, ses disciples, ses élèves, à tous les amoureux de notre culture, je prends part à votre douleur et vous présente mes plus sincères condoléances », écrit Moetai Brotherson.

« Ce qu’il a voulu au travers de ses œuvres, c’est parler de l’universalité de certains thèmes (…) Je rêve que ses œuvres puissent être étudiées dans les écoles, à l’Université. Ce serait une façon de perpétuer son souvenir (…) John, c’était un écorché vif, un rebelle. Jusqu’au terme de sa vie, il a toujours été très réactif, plein d’énergie (…) Le message, c’est que la jeunesse puisse se réapproprier ses œuvres de théâtre, mais aussi au niveau du Heiva (…) John n’était pas comme les autres acteurs polynésiens. Il y avait toujours de la révolte, de la rébellion dans son message, mais aussi beaucoup d’humour (…) Pour les Polynésiens, c’est un artiste qui avait de la valeur. Il parle bien notre langue et ça touche le peuple », réagit auprès de TNTV la vice-présidente et ministre de la Culture, Eliane Tevahitua.

Son prédécesseur, Heremoana Maamaatuaiahutapu, qui était très proche de l’homme de culture, est aussi très ému par sa disparition : « C’est un grand frère, car il a aussi été très proche de mon père. Il m’a beaucoup conseillé tout au long de ma vie et de ma carrière. John, c’était à la fois le feu et l’eau (…) C’est l’image que je retiendrai. Ce volcan capable d’écrire des choses, de produire à une vitesse assez grande et, en même temps, d’être posé et calme. C’est un homme qui a beaucoup vécu. Il a eu plusieurs vies. A la base, John était un marin (…) Il avait une ouverture d’esprit qui faisait qu’il ne s’enfermait pas juste dans une culture. Il était capable de reciter des poèmes de Baudelaire et en même temps de Henri Hiro. Parfois, même, il ressortait des passages des pièces de théâtre que mon père avait écrits. J’étais assez impressionné (…) C’est aussi un passeur d’histoires. C’est ce qu’il a fait à TNTV, que ce soit en français ou en tahitien. Et c’est ce qu’il a fait aussi au Conservatoire auprès de nos jeunes. Ça n’a pas existé dans l’histoire de notre pays (…) John avait conscience qu’aujourd’hui la culture est mondialisée (…) Je crois que c’est une leçon qu’il faut retenir de John. C’est d’être à la fois d’être bien ancré dans sa culture, mais aussi d’avoir le regard porté sur ce qu’il se passe ailleurs ».  

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Le directeur du Conservatoire, Fabien Dinard, salue également le travail accompli par John Mairai auprès de générations d’élèves. « C’est un passeur de culture. Un grand amoureux de la langue tahitienne. Il a formé beaucoup de bons orero. Aujourd’hui, on les voit au Heiva dans les différents groupes. C’était un ami proche. Cela nous arrivait de faire du vélo ensemble (…) On refaisait le monde pendant une ou deux heures et on revenait. Il avait un vélo électrique et ne m’attendait pas. Il roulait à 40 kilomètres heure. C’était ça aussi John. L’esprit de compétition et de bien faire les choses. Il était perfectionniste. Il n’aimait pas les choses médiocres. Il piquait des colères. Mais c’était quelqu’un de très attachant. Il marchait à l’affectif. Il fallait toujours le rassurer (…) Pour lui, on ne faisait pas assez pour la langue. C’était un guide. Un phare, pour nous (…) C’est une grande perte pour notre fenua et notre culture (…) C’était un peu un père de substitution pour moi ».

Une veillée se déroulera ce samedi à 18h30 au temple Sanito de Papeete avant l’inhumation prévue ce dimanche à l’Uranie, à 10 heures.

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