Politique migratoire de Trump : la communauté latino-américaine du fenua inquiète

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À peine de retour au pouvoir, Donald Trump a multiplié les annonces fracassantes, notamment un "grand programme d'expulsion" pour stopper le flux migratoire vers les États-Unis. Si les Latino-américains installés au fenua ne se sentent pas personnellement menacés par la fermeté des mesures du milliardaire républicain, il en est autrement pour leurs proches et leurs compatriotes.

Publié le 21/01/2025 à 18:04 - Mise à jour le 21/01/2025 à 18:04

À peine de retour au pouvoir, Donald Trump a multiplié les annonces fracassantes, notamment un "grand programme d'expulsion" pour stopper le flux migratoire vers les États-Unis. Si les Latino-américains installés au fenua ne se sentent pas personnellement menacés par la fermeté des mesures du milliardaire républicain, il en est autrement pour leurs proches et leurs compatriotes.

Donald Trump a frappé fort, dès lundi, pour son retour à la Maison Blanche. Le 47e président élu des États-Unis a signé une série de décrets présidentiels ciblant l’immigration, une thématique phare de sa campagne. Dans son viseur, l’immigration clandestine et leur « invasion désastreuse » , à laquelle il souhaite mettre fin à grands coups de mesures bélier : outre son projet de relancer la construction du mur entre les États-Unis et le Mexique, Donald Trump prévoit de mettre fin au droit de demander l’asile à la frontière en instaurant un processus d’expulsion immédiate, et d’abolir le droit du sol.

Chargée de projet franco-mexicaine installée au fenua depuis plus de 20 ans, Cécilia Guarneros ne croit pas possibles de telles extrémités. « Je pense qu’il va tenir parole au niveau des passages, en tout cas pour le début, pour la prise de position depuis le jour J. Mais de là à faire sortir les gens qui sont déjà aux États-Unis, je ne crois pas, estime-t-elle. Il parle beaucoup, il menace beaucoup, comme il a menacé aussi d’échanger le nom du golfe de Mexique. Pour moi, ce sont des paroles » .

Cécilia pense surtout à l’avenir des plus pauvres, qui tentent leur chance chaque jour pour entrer dans le pays, effondrés devant la frontière ces dernières heures. « Ça ne va pas être simple. Tous ceux qui ont traversé depuis l’Amérique du Sud depuis des jours et se retrouvent sans opportunité, en pleurs… Je pense qu’ils vont devoir rester au Mexique chercher du travail sur place. Je ne vois pas comment ils vont faire, se désole-t-elle. On ne les paie pas bien parce qu’ils sont sans papiers. C’est un cercle vicieux, mais ça arrange les États-Unis. Et ça va empirer parce que les gens ne vont pas arrêter d’essayer » .

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C’est aussi ce que pense Sol Perdomo, experte comptable franco-colombienne. Si elle note être plus sollicitée dans les contrôles aléatoires effectués aux postes aux frontières américains, elle y est dorénavant habituée. « Ça va être très difficile pour les sociétés américaines de se passer de cette main d’œuvre mexicaine ou sud-américaine qui vient travailler aux États-Unis (…) Ils cherchent déjà à s’adapter et à fonder une famille, un peu comme dans n’importe quel autre pays. Et s’adapter, c’est aussi respecter les lois et payer ses impôts » , appuie-t-elle.

Mexicaine arrivée par le Ori Tahiti il y a 7 ans, Amanda Mendoza Zapata s’inquiète particulièrement des futurs déséquilibres dans son pays d’origine. « J’ai mal pour tous ces gens qui se sont simplement battus pour avoir une vie meilleure. Dans ces déportations massives, il n’y aura pas que des Mexicains, mais des gens de tous les pays de l’Amérique latine, qui au moment de partir, vont finir au Mexique » , rappelle-t-elle. Se pose également la question de l’interventionnisme américain, et une crainte d’ingérence américaine en Amérique centrale. « (Trump) a dit que pour lui, les narcotrafiquants sont au même niveau que les terroristes (…) or le narcotrafic, ce n’est pas une chose exclusivement mexicaine. Les États-Unis y participent. Il peut intervenir facilement avec les militaires » , déclare-t-elle.

Si Donald Trump promet une révolution, son ambition pourrait toutefois se heurter à de nombreux obstacles, entre défis logistiques, financiers, et opposition des États et villes démocrates, qui ont anticipé en mettant en place des mesures pour interdire l’utilisation des forces de police à des fins d’expulsion.

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