Portrait – Khaleesy, Miss T France : « personne ne m’arrêtera aujourd’hui »

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Elle est la première polynésienne élue Miss T France : bien plus que porter la couronne, Khaleesy souhaite faire entendre la voix de sa communauté. Et déjà, les regards sur elle ont changé.

Publié le 21/10/2022 à 17:49 - Mise à jour le 22/10/2022 à 10:30

Elle est la première polynésienne élue Miss T France : bien plus que porter la couronne, Khaleesy souhaite faire entendre la voix de sa communauté. Et déjà, les regards sur elle ont changé.

Sourire aux lèvres, écharpe à l’épaule et couronne sur la tête, Khaleesy s’installe pour répondre à nos questions. En vacances en Savoie avec son compagnon, elle a accepté de nous accorder de son temps pour une interview en visio. Depuis la semaine dernière, tout s’enchaîne. La jeune Polynésienne a été élue Miss T France, représentante de la communauté transgenre. Et si la couronne lui va si bien, elle n’imaginait pourtant pas la porter. Le concours n’était, en effet, pas vraiment dans ses « projets, confie-t-elle. Je m’étais inscrite il y a deux ans mais j’étais encore en Polynésie. Cette année le comité a relancé ma candidature mais ce n’était pas prévu. J’ai accepté pour la cause surtout (…) C’était pour moi le plus important donc je n’avais pas vraiment l’esprit de compétition en me présentant à Miss T France. (…) La couronne ce n’était pas mon but, et pourtant elle est là. »

Khaleesy a grandi à Rurutu aux Australes, avec sa mère et ses 7 frères. Elle a déménagé à Tahiti vers l’âge de 20 ans pour travailler. Et depuis un an, elle est installée en métropole où elle travaille dans la restauration « en tant que cheffe de rang. »

Durant sa transition débutée il y a environ 3 ans, Khaleesy n’a pas eu beaucoup de soutien se souvient-elle : « À part mon compagnon avec qui je vie depuis 9 ans maintenant (…) On s’est connus avant ma transition, pendant et aujourd’hui. Il m’a été d’un grand soutien. »

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« Ma mère pour la première fois m’a appelée ma fille… Ça ouvre l’esprit.« 

Khaleesy

Mais aujourd’hui, avec ce titre, le regard de son entourage a changé : « Ma mère pour la première fois m’a appelée ma fille… Ça ouvre l’esprit. (…) Pour mes frères pareil, c’est une fierté. Mon grand frère surtout. (…) Quand j’ai entamé ma transition, les deux personnes pour moi à qui je devais en parler et dont je devais avoir l’approbation c’était ma mère et mon frère ainé »

Lire aussi : Khaleesy Mai élue Miss T France 2022-2023

En Polynésie, Khaleesy s’est fait connaitre via les réseaux sociaux et la télévision. Elle a joué dans une série locale et a également participé à une émission. Rapidement, elle a donc appris à faire face aux commentaires des internautes, pas toujours bienveillants… « Dans le système actuel on a des commentaires de partout. Je ne garde que le positif. Mon grand frère ce n’est pas le cas. Il réagit au quart de tour. C’est ce qui s’est passé récemment (…) Je pense qu’il est conscient que face à une personne qui fait cette transition, forcément le monde parle (…) J’ai les épaules assez costaud pour faire face à tout ça. J’ai beaucoup appris (…) Personne ne m’arrêtera aujourd’hui. »

Son secret pour garder le moral ? L’autodiscipline « et me nourrir de beaucoup de choses positives, nous dit-elle. L’obscurité n’existe pas c’est l’absence de lumière, alors la méchanceté n’existe pas, c’est juste l’absence de bienveillance (…) L’humain a le droit, tu as le droit, j’ai le droit de m’exprimer donc je ne pourrais jamais interdire quelqu’un de dire ce qu’il pense mais ce que je peux faire c’est avancer quoi qu’il arrive et quoi qu’il soit dit ».

Khaleesy entourée de Jean-Luc Romero adjoint au maire de Paris et Livia Nielsen fondatrice du concours Miss T France. Crédit Khaleesy

Un titre et après ? La nouvelle Miss T France souhaite « aller à la rencontre de ces personnes qui m’ont élues et de ces personnes qui sont passées par le même parcours (…) Me rapprocher des associations ici en France et j’aimerai bien rentrer en Polynésie avec cette écharpe et cette couronne et aller à la rencontre de toutes ces femmes qui ont fait leur transition et à la rencontre des associations aussi « 

« Pourquoi l’accompagnement se fait en métropole et pas en Polynésie ?« 

Khaleesy

Si en métropole un accompagnement existe pour les personnes en transition, il n’en est pas de même en Polynésie : « en métropole il y a un accompagnement énorme qu’il n’y a pas en Polynésie française. Il y a une demande de cet accompagnement au fenua. Pourquoi l’accompagnement se fait en métropole et pas en Polynésie ? La vie serait tellement plus simple pour ces personnes », estime Miss T France.

Khaleesy souhaite aujourd’hui se consacrer pleinement à son titre, mais elle pourrait rapidement être amenée à préparer un autre concours : celui de « Miss International Queen (…) Ça me tient à coeur oui, parce que c’est porter cette voix plus loin qu’à l’échelle nationale (…) À côté de ça c’est un an de préparation. « 

Une autre polynésienne a participé au concours cette année : Tara. Déjà inscrite l’année dernière, elle aussi souhaitait porter la voix des personnes transgenres. « Moi je suis passée par une transition qui était assez dure, les jeunes aujourd’hui ont plus de chance parce que les anciennes ont œuvré pour changer les mentalités » nous confiait-elle lors d’une interview.

Pour Khaleesy, faire ce concours au côté d’une autre représentante du fenua a été une vraie force. « C’était un plaisir. Ça fait un an que j’ai quitté la Polynésie donc ça me manque. Le peuple polynésien surtout me manque et donc de retrouver des polynésiens et retrouver Tara sur ce concours, ça m’a fait un bien immense (…) et une force sans doute. Le mana du fenua était là. »

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