Pour Patrick Galenon, la direction de l’Apair Apurad tient les « malades en otage »

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Le secrétaire général de la CSTP/FO, Patrick Galenon, était l’invité du journal de TNTV, ce mercredi, notamment pour faire le point sur le mouvement de grève qui impacte l’Apair Apurad. Il considère que l’absence sur le territoire du président de l’association « bloque » les négociations et que celle-ci dispose de « réserves incommensurables » permettant une revalorisation salariale des agents. « Ce sont eux qui tiennent, j'allais dire, les malades en otage, et c'est de leur responsabilité », dit-il. Interview.

Publié le 27/03/2025 à 8:16 - Mise à jour le 27/03/2025 à 10:17

Le secrétaire général de la CSTP/FO, Patrick Galenon, était l’invité du journal de TNTV, ce mercredi, notamment pour faire le point sur le mouvement de grève qui impacte l’Apair Apurad. Il considère que l’absence sur le territoire du président de l’association « bloque » les négociations et que celle-ci dispose de « réserves incommensurables » permettant une revalorisation salariale des agents. « Ce sont eux qui tiennent, j'allais dire, les malades en otage, et c'est de leur responsabilité », dit-il. Interview.

TNTV : Le piquet de grève des personnels de l’Apair Apurad a été installé, ce mercredi, devant la maison mère de l’association à Paea. Quelle est la stratégie ?

Patrick Galenon : « Nous étions donc du côté de Mamao où se retrouve la direction. Mais nous avons bien compris qu’au niveau de la direction, ils n’avaient pas finalement la possibilité de vraiment négocier, puisque le président, qui nous avait rencontrés la première fois, est parti tout d’un coup en métropole, pour des raisons que j’ignore. Mais quand il y a le feu à la maison, il vaut mieux rester pour voir comment ça se passe ». 

TNTV : La direction évoque un déficit de 158 millions de francs en réponse aux demandes de revalorisations salariales du personnel en grève, c’est ce point concrètement qui bloque ? 

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Patrick Galenon : « Je sais que l’association qui est à but non lucratif a des réserves incommensurables, j’allais dire, par rapport à ce qu’une association normale devrait avoir. Donc on ne peut pas parler de déficit ce soir ?  Pas du tout. Je crois même savoir que le dernier chiffre qu’ils nous ont donné, en tous les cas, leur expert-comptable, qu’ils avaient 15 millions en liquidité. Je ne sais pas d’où ils tirent ces chiffres. D’ailleurs, ils ont changé puisque la semaine dernière, ils étaient à 92 millions de négatif. Mais, c’est la CPS qui finance cette association. Je connais bien les chiffres ».

TNTV : Est-il possible selon vous d’augmenter le salaire du personnel en grève ? 

Patrick Galenon : « C’est ce que je viens de dire. Ils ont des réserves suffisamment importantes. Nous dire qu’ils ont un déficit, il faut m’expliquer pourquoi ».

TNTV : La direction dit avoir apporté plusieurs réponses et solutions au personnel…

Patrick Galenon : « Sur les 10 revendications que nous avons faites, aucune n’a été acceptée pour le moment. Aucune.  Par exemple, sur la revalorisation des salaires. Niet. En plus, il faut un règlement intérieur. Ils n’ont jamais fait de règlement intérieur ».

TNTV : Est-ce que le fait que le président de l’association soit hors territoire bloque un peu les négociations ? 

Patrick Galenon : « Non seulement ça bloque, mais si la direction actuelle doit se référer à chaque fois là-bas, lorsqu’il fait nuit ici, il fait jour là-bas. Alors évidemment, je ne sais pas comment on pourra faire. Ils n’ont pas non plus, à mon avis, les moyens de négocier. Ils ont peut-être la délégation, mais ils n’ont pas les pouvoirs ».

TNTV : À quand de prochaines négociations ?

Patrick Galenon : « Je ne sais pas, parce que ce sont eux en fait qui tiennent, j’allais dire, les malades en otage, et c’est de leur responsabilité ». 

TNTV : vous êtes également sur un autre front, celui de la grève à la Banque de Polynésie qui a démarré mardi matin. Une rencontre a eu lieu ce matin, mais elle a tourné court. Où en est-on ?

Patrick Galenon : « Je ne négocie pas directement, ce sont mes collègues qui négocient ».

TNTV : C’est une intersyndicale…

Patrick Galenon : « Tout à fait, et justement, je suis très solidaire avec eux. Je sais que sur les 17 postes qu’ils veulent supprimer, c’est normal que nous nous résistions, puisque c’est une affaire avec la Calédonie. Ce n’est pas quand même la Polynésie qui va faire en sorte de régler les problèmes de Calédonie. Et puis, sur la demande que nous avons faite sur les primes de panier, ils nous ont proposé 30 francs ou 50 francs. Ce sont des clopinettes. C’est pour ça que ça a tourné court ce matin ». 

TNTV : Il n’y a pas d’autres négociations prévues ?

Patrick Galenon : « Nous, ce qu’on souhaite, c’est qu’évidemment, on puisse trouver des solutions à cette problématique, et non pas que le personnel soit l’élément variable pour régler les problèmes de Calédonie ». 

TNTV : vous êtes aussi le président du Conseil d’administration de la CPS. Pierre Frèbault s’apprête à en prendre la tête. Qu’espérez-vous de cette nomination ? 

Patrick Galenon : « Je connais bien Pierre Frèbault. Je trouve que c’est une candidature qui a été choisie. Je pense qu’on pourra travailler en bonne intelligence. M. Frèbault a été ministre, il a occupé plusieurs postes. Je pense qu’on pourra travailler très sérieusement avec M. Pierre Frèbault, qui connaît bien l’économie du pays, qui connaît bien la CPS. Il y a siégé plusieurs fois. En tous les cas, je suis optimiste ».

TNTV : Concernant la CPS, il y a un an, vous disiez qu’il fallait 10 000 nouveaux emplois ou augmenter les cotisations pour compenser la perte de la TVA sociale. Aujourd’hui, dans quelle situation financière se trouve la Caisse ? 

Patrick Galenon : « La CPS ne se trouve pas vraiment en difficulté, puisque la reprise a été intéressante. Nous sommes aujourd’hui aux alentours de 72 000 salariés. C’est extrêmement positif, puisqu’à l’époque, on était aux alentours de 62 000, 65 000. On se rapproche des fameux 10 000. Nous sommes évidemment en déficitaire au niveau de la maladie. Mais ça, c’est un autre problème par rapport aux maladies radio-induites ».

TNTV : J’allais y venir justement. La CPS a été auditionnée cette semaine par la Commission d’enquête parlementaire sur les conséquences des essais nucléaires actuellement sur le territoire. Que retenez-vous de ces échanges et qu’espérez-vous de cette nouvelle commission ?

Patrick Galenon : « J’espère qu’ils vont bien comprendre que l’âge médian au moment du diagnostic en France, pour les hommes, c’est 70 ans. Pour les femmes, c’est 68 ans en France. Ici, en Polynésie française, c’est 61 ans pour les hommes et 52 ans pour les femmes. C’est-à-dire que nous contractons la maladie beaucoup plus jeune. C’est vraiment intéressant de savoir ça. C’est ce qu’on a essayé d’exprimer. Et on a surtout exprimé le fait que ce fameux millisievert qui a été imposé n’est pas dans le cadre de la loi Morin. La loi Morin définit trois critères qui sont très clairs. La présence en Polynésie française, dans les années 66 à 96, et les 23 maladies ratifiées. Nous avons exprimé le fait qu’il n’y a que 23 maladies qui sont concernées. Il faut savoir qu’il y a à peu près 200 à 220 types de cancers. L’ensemble des cancers que vous pouvez avoir, ça pourrait provenir des radiations. Donc, nous sommes simplement à 10 %. Et surtout, nous avons demandé qu’on puisse se faire rembourser. D’abord, faire en sorte que les victimes soient évidemment indemnisées et que nous, nous soyons remboursés. Nous sommes aujourd’hui à 112 milliards de dépenses, dont 100 milliards pour les régimes contributifs et 12 milliards pour le RSPF, c’est-à-dire le territoire. Voilà ce que nous avons donné comme document à la commission ».

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