« Pharaonique », c’est le mot employé par l’organisateur du rassemblement, Douglas Tuahine, pour décrire le projet immobilier que pourrait accueillir l’ancien site du Tahiti Village : la résidence Ocean Park composée de 406 appartements de standing. L’organisateur de la marche se réjouit du monde réuni au PK 15 à Punaauia. « Beaucoup de natifs de la commune sont présents. Il y a même la population de Moorea qui s’est déplacée pour défendre l’environnement et nos générations futures ». Au micro, Douglas Tuahine ironise sur la situation : « Les immeubles poussent plus vite que les orangers. Bientôt, il faudra changer l’emblème de la commune ».
Dans la foule, Marie-Thérèse Stein ne peut que hocher la tête. Native de Punaauia, elle a vu le paysage changer au fil des années : « Ça me fait mal au cœur, car depuis des années, on est entourés, asphyxiés par des immeubles. C’est un projet gigantesque qui n’est pas fait pour ce site ! ». Si elle se désole de la situation, elle ne baisse pas pour autant les bras.
Comme d’autres manifestants, elle brandit haut les pancartes qu’elle a préparées. Le cortège de 1 000 manifestants prend la direction du rond-point de la Punaruu pour réaliser une boucle de quelques kilomètres, en passant par le quartier de la pointe des pêcheurs.
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Comme les nombreuses pancartes, les voix s’élèvent. En cause, les nuisances qu’impliquerait la construction d’une telle résidence. En plus d’être un projet éloigné des besoins et moyens de la population locale, les préjudices qu’engendreraient la construction de l’Ocean Park seraient nombreux selon les manifestants. A court terme, les trois ans de travaux induiraient des va-et-vient de camions, et donc une forte pollution atmosphérique, sonore et visuelle. A long terme, les enjeux sont encore plus importants. L’étude d’impact environnemental n’a émis aucun avis favorable sur le projet. De plus, construire en bord de mer reviendrait à priver les habitants de l’accès au littoral. Coté terre, le projet ne ferait qu’aggraver l’insécurité routière aux abords du site. L’étude d’impact prédit 800 voitures supplémentaires dans une zone qui est déjà un goulot d’étranglement aux heures de pointe.
La commune, consciente des problématiques, tente d’inclure la population dans la prise de décision. A la mairie de Punaauia, l’avis d’étude d’impact sur l’environnement est consultable et la population a la possibilité de donner son avis sur le projet jusqu’au 11 mai. « C’est important pour nous les élus d’être aux côtés de la population pour prendre après une décision pour le bien commun de tout le monde » explique le tavana de Punaauia Simplicio Lissant, présent lors de la marche.
Les manifestants se montrent ouverts à d’autres projets, qui, tout en créant de l’emploi et permettant d’investir, prendraient mieux en compte la population et l’avenir des générations futures. Tihani Teissier, jeune manifestant, suggère la création d’aires de jeux pour les enfants ou du moins d’un projet public qui prendrait en compte le respect de l’environnement marin.
Malgré la mobilisation de la population et l’avis réservé de la commune vis-à-vis du projet Ocean Park, le dernier mot reviendra au Pays.