Une marche qui intervient quelques heures après qu’un homme en fauteuil roulant a été victime de violence de la part de forces de l’ordre. Cette marche était organisée par le collectif contre la violence en Polynésie française, fondée par Terainui Hamblin Ellacott.
Une marche qui rendait aussi hommage au jeune Manoa, tué à Mahina. « C’était essentiel de participer à cette marche aujourd’hui pour lutter contre la violence, l’ice et le harcèlement scolaire. C’est des sujets qui me touchent énormément, parce que ça touche notre jeunesse polynésienne. C’est un fléau aujourd’hui. Si vous avez des soucis, vous n’êtes pas tout seul, parlez-en autour de vous » témoigne Teddy Teng, champion de taekwondo et influenceur.
« C’est une prise de conscience qu’on doit tous avoir. C’est des petites choses du quotidien qui feront qu’ensemble, on pourra aller plus loin. Après 28 ans dans l’enseignement, dans plusieurs îles, les enfants sont en perte de repères. On doit être tous concernés » affirme Ghislaine, enseignante au lycée Samuel Raapoto.
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Mareva Georges Marciano, ancienne Miss aujourd’hui très impliquée dans la lutte pour les droits des femmes et des enfants et co-fondatrice du dispositif Margaret’s Place, étaient également présente : « Cette montée en puissance de la violence est très concernante et préoccupante. (…) J’ai deux Margaret’s Place ici dans les lycées, pour essayer de faire en sorte que les étudiants soient acteurs du changement et qu’ils cassent les cycles de la violence. À partir du moment où les jeunes sont impliqués et acteurs, on arrive à capter leur attention pour qu’ils ne reprennent pas les schémas de leurs parents. Il y a plusieurs paramètres qui amènent à cette violence comme l’alcool, la drogue dont surtout la méthamphétamine. Je vais essayer de faire venir un psychiatre des États-Unis, car c’est très compliqué de lutter contre la méthamphétamine. C’est une drogue tellement puissante qu’il faut un protocole très précis, et ici, nous n’en avons pas car pas de centre de désintox. C’est compliqué pour les parents parce qu’ils ne savent pas où s’orienter. Il y a aussi l’état dépressif de la population polynésienne face aux difficultés économiques. Ce n’est pas seulement une marche pour mobiliser et sensibiliser les gens, pour élever les consciences, c’est aussi tirer une sonnette d’alarme pour dire qu’on est tous concernés, il faut se réveiller ».
Pour Monseigneur Jean-Pierre Cottanceau : « Plus que la violence, je pense que c’est un manque de respect de la vie. À travers la violence, c’est la vie qui est attaquée. (…) L’emprise de la violence est due aujourd’hui à un manque de repère, que veut-on construire sur notre fenua comme société qui ait un sens de la communauté, de la collectivité. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est un repli sur soi dû à certainement pas mal de frustrations dans la vie quotidienne, de jeunes qui ne voient pas l’avenir ».
Le collectif organisateur réclame que la lutte contre les agressions soit déclarée « urgence territoriale » dès à présent. Une lettre de doléances a été remise aux autorités du Pays pour tenter d’enrayer ce que les participants considèrent être une spirale destructrice.