Le ministre de l’Equipement, René Temeharo a annoncé ce lundi lors d’une conférence de presse inopinée, que le tracé de la Route du Sud va être revu. Des rencontres interministérielles auraient lieu depuis deux semaines, sur le sujet.
Le gouvernement dit avoir compris les réticences des habitants de Paea et avoir pris en compte l’avis des élus de la commune.
« Nous venons de prendre une décision au niveau du conseil des ministres, à savoir que nous abandonnons le tracé actuel qui est dans le PGA que nous avons voulu intégrer lors de la révision. Nous avons entendu les habitants et les associations, mais aussi les demandes de la commune et de tavana, qui nous demandaient d’abandonner ce tracé. Nous allons mener d’autres études pour redéfinir un tracé. D’ici le mois de juillet, nous mènerons une concertation avec la commune et les associations afin de réaliser ensemble ce projet tant attendu pour le développement », a déclaré le ministre.
Le projet n’est pas abandonné, mais uniquement le tracé actuel. Cette décision est aussi le résultat de la présence de monarques, espèce protégée, dans les vallées de Paea. « Je pense qu’il y a eu de la précipitation au niveau du PGA, je pense que nous n’étions pas prêts pour mettre en œuvre cette opération, mais aujourd’hui, nous prenons acte. La situation se doit d’être revue plus sagement. »
– PUBLICITE –
« J’ai entendu les cris et les demandes des populations qui estiment que c’est un petit peu tôt, que le projet ne correspondait pas tout à fait à ce que souhaitaient ces populations, a déclaré le président Edouard Fritch. Effectivement j’ai suspendu et ce projet n’apparaîtra pas au plan général d’aménagement de Paea. D’abord pour calmer les choses, bien sûr. Je veux être prudent. Et surtout pour relancer derrière une nouvelle étude, qui permettrait de répondre aux préoccupations de ces populations et repousser ce projet plus en pied de montagne que le projet que nous connaissons aujourd’hui. »
Des routes « accidentogènes »
Si le gouvernement tient au projet de Route du Sud, c’est parce que « ces routes, que ce soit sur Papara, paea, Punaauia, sont accidentogènes. Encore ce week-end. Nous n’allons pas continuer à tuer les gens sur les routes parce que les routes ne sont plus adaptées au nombre de véhicules », lance le président du Pays qui souligne qu’il comprend l’attachement des Polynésiens à leurs terres et ne souhaite pas « léser les populations ». « Il faut trouver une solution qui réponde à ces préoccupations. »
« La préoccupation du maire de Paea, ce sont les accidents sur ses routes. Il faut que nous fassions des travaux en ce sens. Des travaux pour ralentir la vitesse vont être effectués devant la mairie de Paea », a par ailleurs annoncé René Temeharo.
« Personne au gouvernement ne se présente à Paea ! «
Jean-Christophe Bouissou, ministre de l’Aménagement
De nouvelles études dont les résultats sont attendus d’ici juillet, après les municipales, vont donc être lancées. Le gouvernement l’assure, il n’y a pas de lien entre les élections qui approchent et cette décision : « Personne au gouvernement ne se présente à Paea ! Ce qui nous importe, c’est de prendre acte de la position de la population et du conseil municipal », assure Jean-Christophe Bouissou, ministre de l’Aménagement.
A Paea, les habitants « soulagés » mais sur leurs gardes
A Paea, c’est le « soulagement » : « c’est même un 20/20 pour le gouvernement. Pour rappel, le conseil municipal avait pris une délibération à l’unanimité, en décembre dernier, pour faire acter la modification du PGA de la commune sans le tracé de la route du Sud. Donc nous étions un peu partis en guerre contre ce projet, comme vous le savez », rappelle Titaua Peu, directrice générale des services de la commune.
Pour Gilles Parzy, porte-parole de Mata Atea, « C’est une victoire d’une bataille, mais on ne va pas s’arrêter là, tant que le projet n’est pas mis à la corbeille ! On sait bien, tous, que la vraie solution au trafic routier, c’est de s’attaquer à l’existant. C’est-à-dire de faire une véritable route de ceinture, de véritables transports en commun… de décentraliser l’activité économique de Papeete vers les îles et d’autres pôles de développement. C’est tout un ensemble de mesures qu’il faut avoir le courage de mettre en place. Il ne faut pas dire aux électeurs « attendez, on va réfléchir plus tard, restez dans l’angoisse »…
Il estime que l’association n’a pas été entendue, « et on n’a même pas eu de réponse à la lettre que l’on avait remise au président du Pays. On n’a pas eu de débat avec un technicien… Ça nous conforte dans notre position mais on ne va pas s’arrêter là. On a bien compris qu’il s’agit d’un jeu politique, on le voit bien avec cette réaction de différer la décision après les élections. On va faire en sorte, Mata Atea, de se positionner, et de soutenir une liste qui sera claire quant à ses investissements réalisés. On ne présentera pas une liste mais on soutiendra une liste, celle qui sera la plus claire, celle envers laquelle on aura le plus de confiance », annonce Gilles Parzy.