Le tourisme nautique représente une part significative de l’économie des îles de Raiatea et de Tahaa. Entre les excursions en bateau, les centres de plongées, les voiliers de charter, l’activité représente plus de 300 emplois directs et presque le double en emplois indirects. « Rien qu’à Raiatea, Tahaa, on représente quand même 67% de l’hébergement touristique et on a 175 employés », déclare Amandine Tan, de Tahiti Yacht charter.
Frédéric Banneville, de Dream Yacht Charter estime quant à lui que sa société « représente quelque chose comme 16000 clients par an, ce qui n’est pas du tout négligeable en terme d’hôtellerie, de dépenses sur place. Pour ma société, on estime les dépenses des clients à plus de 900 millions par an. »
Le tourisme de charter, à lui seul, génère plus de 3 milliards de retombées économiques annuelles pour l’île, et l’année 2024 semble plus que prometteuse. « On a eu une très très bonne dynamique au cours de l’année 2023, témoigne Alexandre Richardot de Sunsail & Moorings. Une année 2024 qui s’annonce prometteuse avec un taux de réservation déjà plutôt bien rempli. »
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Mais voilà, depuis le 26 octobre dernier, un arrêté ministériel voté en conseil des ministres pourrait gripper cette industrie nautique. C’est en tout cas ce que redoutent certains professionnels à la lecture de cette réglementation concernant l’accès aux sites touristiques. Réglementation qui impose désormais des zones de mouillage éloignées et limitées.
« Si, par exemple, on ne peut plus aller au jardin de corail à Tahaa, ça nous enlève une grosse partie de notre activité et une de nos activités phares de nos croisières « , s’inquiète Amandine Tan.
Frédéric Banneville se dit « très inquiets sachant à quelle vitesse les nouvelles se propagent via les réseaux sociaux, de l’image de marque de la Polynésie française en terme de vacances nautiques ».
Une autre crainte qui s’exprime, c’est que les zones de mouillages éloignées engendrent une baisse de fréquentation des restaurants, des fermes perlières, rhumeries ou plantations de vanilles, lieux prisés des touristes. Les prestataires lagonaires de Raiatea et Tahaa s’inquiètent également de cette mesure qui s’applique à toutes les embarcations de 7 mètres 50 et plus. Ppour le président de leur association, Leopold Tefaatau, « c’est très simple : si on n’a plus accès, ça va se répercuter sur la clientèle. Et de bouche à oreille, les paquebots ne vont plus revenir chez nous. C’est tout simple. Il faut à mon avis reconsidérer cet arrêté et le revoir avec tous les utilisateurs de Raiatea et Tahaa parce qu’il n’y a que Raiatea et Tahaa qui sont impactés par cet arrêté. »
« Un exemple très simple : nous avons une zone de mouillage qui est établie depuis des années devant la marina. Aujourd’hui cet arrêté a coupé cette zone en deux et la moitié de nos bateaux qui étaient à l’abri dans cette zone de mouillage il y a quelques mois, n’ont plus l’autorisation aujourd’hui d’y être », explique Alexandre Richardot.
Faute de place dans les marinas, plusieurs familles vivent au mouillage. Elles aussi sont sous le coup de cette mesure. Les acteurs économiques espèrent une révision urgente de l’arrêté, pour assurer la pérennité du tourisme nautique à Raiatea et Tahaa.