Réforme des rythmes scolaires : « L’idée phare, c’est d’apprendre autrement »

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Johnny Biret, le directeur de cabinet du ministre de l’Éducation, était l’invité du journal de TNTV, jeudi soir, pour évoquer la réforme des rythmes scolaires qui sera mise en application pour la prochaine rentrée. Une réforme destinée à « respecter » les « spécificités » des archipels, mais aussi à permettre aux élèves « d’apprendre autrement ». Interview.

Publié le 16/02/2024 à 10:51 - Mise à jour le 16/02/2024 à 15:54

Johnny Biret, le directeur de cabinet du ministre de l’Éducation, était l’invité du journal de TNTV, jeudi soir, pour évoquer la réforme des rythmes scolaires qui sera mise en application pour la prochaine rentrée. Une réforme destinée à « respecter » les « spécificités » des archipels, mais aussi à permettre aux élèves « d’apprendre autrement ». Interview.


TNTV : Pour reprendre les propos du ministre de l’Éducation, l’idée de cette réforme est d’organiser la semaine scolaire en l’adaptant aux besoins des élèves et aux spécificités polynésiennes. C’est-à-dire ?

Johnny Biret : « Les besoins des élèves, tout le monde le sait, ils sont différents, que l’on soit placé dans un point du globe ou l’autre. Nos élèves polynésiens ont leurs spécificités qui peuvent être culturelles, linguistiques, et même des spécificités liées au climat, au rythme de la journée. On a tendance à dire que la Polynésie est aussi grande que l’Europe. Effectivement. Il y a différentes situations qui peuvent se proposer à la population et donc aux élèves. Le ministre de l’Éducation, monsieur Rony Teriipaia, considère que les élèves dans leur milieu archipélagique ont des spécificités propres qu’il faut respecter. Les rythmes scolaires font partie de ces aménagements que l’on peut mettre en place pour respecter ces spécificités de nos archipels ».

TNTV : C’est notamment le cas aux Tuamotu, ou aux Marquises, où le quotidien est différent de celui de Tahiti…

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Johnny Biret : « Tout à fait. Le rythme est différent. Le lever du soleil est différent. Le soleil se lève beaucoup plus tôt aux Tuamotu. Les activités commencent très tôt et finissent beaucoup plus tôt aussi. Il y a donc une adaptation naturelle qui s’est faite depuis des années, et des siècles, aux Tuamotu. On doit en tenir compte pour justement proposer des rythmes qui correspondent aux rythmes de l’élève pour qu’il se développe et qu’il apprenne dans les meilleures conditions possibles ».

TNTV : On passerait ainsi d’une semaine de 27 heures à 24 heures comme en métropole. Comment suivre le programme éducatif avec moins d’heures d’enseignement ?

Johnny Biret : « Il faut savoir qu’en France, comme en Polynésie d’ailleurs, nous sommes à 936 heures à l’année. Dans les 22 pays de l’OCDE, la moyenne est de 740 heures à l’année. Donc il y a quand même un gap entre le temps d’enseignement en Polynésie et le temps d’enseignement dans les pays de l’OCDE. Cette réforme permet quand même de répondre aux recherches qu’il y a eu avec des scientifiques qui disent que le fait d’augmenter le temps d’enseignement ne sert rien. Il n’y a pas de plus-value pour l’apprentissage des élèves. Au contraire, il faut revoir les méthodes, les façons de faire et de revoir aussi l’environnement que l’on met en place pour permettre à ces élèves de se développer. C’est le travail que l’on est en train de faire. Il s’agit pour nous de proposer un rythme qui permette aux élèves de voir tout le programme à l’année et même sur 3 années puisqu’il faut savoir que les programmes scolaires, notamment dans le 1ᵉʳ degré, sont des programmes construits sur des cycles de 3 ans. A l’échelle de ce cycle de 3 ans, selon les programmations mises en place par nos professionnels, les enseignants, ils auront la possibilité de réguler les apprentissages, les notions, et les compétences qu’ils doivent maîtriser pour permettre aux élèves, à la fin du cycle, d’avoir les compétences de base pour continuer dans le cycle suivant ».

TNTV : En dehors de ces 24 heures d’enseignement, comment s’organisera la prise en charge des élèves en dehors du temps scolaire ?

Johnny Biret : « En dehors du temps scolaire, ce qu’il faut savoir, c’est que ce n’est plus un temps qui est de la responsabilité de l’Éducation. C’est un temps communal, notamment le temps périscolaire (…) Après les heures scolaires, les élèves pourront bénéficier d’activités. Dans la réforme qui est mise en place, les enseignants feront 24 heures en classe, mais ils seront tenus de faire une heure à une heure et demie en plus dans le temps périscolaire pour prendre en charge les élèves volontaires qui vont venir à leur rencontre pour apprendre autrement. L’idée phare, ici, c’est d’apprendre autrement. Cela veut dire que les communes qui souhaiteront (…) mettre en place des activités périscolaires auront la possibilité de les proposer. On insiste sur l’aspect éducatif, culturel et sportif pour permettre à ces élèves d’apprendre d’une autre façon avec, peut-être, d’autres interlocuteurs ».

TNTV : L’un des objectifs de cette réforme des rythmes scolaires, notamment en zone urbaine, c’est aussi de fluidifier la circulation….

Johnny Biret : « Cette réforme entre dans le cadre d’une réforme globale que veut monsieur Teriipaia. (…) Une réflexion a été lancée récemment et va monter en puissance sur l’écriture d’un projet éducatif territorial (…) qui va permettre de consulter la population et l’ensemble des personnes autours de l’école et dans l’école pour revoir notre système par des actions concrètes à moyen et long terme. L’idée, bien sûr, derrière, c’est de répondre aux besoins des élèves a priori ».

TNTV : Dans un premier temps, ce seront donc les parents et les professeurs qui seront consultés au mois de mars….

Johnny Biret : « Les parents, les professeurs et les communes, car on tiendra compte de l’avis des communes aussi. Il faut tenir compte de leurs moyens parce qu’elles mettent à disposition des écoles et du personnel. Il faut voir aussi leurs moyens par rapport à tout ce qui est organisationnel. Et aussi l’aspect budgétaire qui est important pour elles ».

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