Tahiti s’est éteinte jeudi, l’espace de quatre heures. A l’origine de ce black-out sans précédent, un incendie dans un bâtiment de la société de Transport d’énergie électrique en Polynésie (TEP) à la Punaruu. Il est alors 15h30, lorsque la société est alertée d’un départ de feu sur un équipement d’isolation de son transformateur dans la chaîne de distribution électrique. Les pompiers interviennent très rapidement et le feu est maîtrisé en 25 minutes. Endommagé, le poste 1 de 90 000 volts est débranché. Le poste 2 cependant est indemne. Après avoir procédé aux vérifications, les services de la TEP remettent ce dernier sous tension. Car les deux postes identiques peuvent fonctionner indépendamment, chacun pouvant alimenter seul la quasi-totalité de l’île. Une redondance qui se justifie pour des questions de maintenance notamment.
Entre temps, l’incident fait sauter tous les disjoncteurs 90 000 volts sur le réseau clientèle, coupant l’île du reste du monde. A partir de 16 heures, l’interruption des feux de signalisation génère des embouteillages monstres dans le centre-ville, tandis que la plupart des restaurants et des commerces ferment leurs portes. Dans la foulée, la ville de Papeete mobilise la police municipale pour réguler la circulation. Il est 18 heures. Avec la tombée de la nuit, Tahiti sombre dans l’obscurité.
En parallèle, le poste de commandement de crise du haut-commissariat est activé, en lien avec les services du Pays, EDT Engie et la TEP. Les vérifications du « bon fonctionnement des points d’importance vitale » (hôpitaux, cliniques, etc.) sont alors réalisées. Du côté de la Punaruu, une cinquantaine de pompiers viennent en renfort des services d’EDT pour sécuriser le site, avant de relancer le courant commune par commune. Il faudra attendre 19h15, pour que l’électricité soit rétablie sur l’ensemble de l’île. Le poste source incendié à la Punaruu reste bien entendu sous surveillance. Une enquête est en cours pour déterminer l’origine du feu.
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Des groupes électrogènes automatiques
A ce stade, aucune situation critique n’a été signalée. La coupure générale a cependant eu un impact sur certains réseaux hydrauliques. Comme celui de Faa’a, où la population a été « invitée à stocker des réserves d’eau en prévision de cette pénurie ». Des échos de perturbation sur l’alimentation en eau sont également remontés de Mahina, ou de Arue. Si Papeete et Pirae n’ont pas été touchées, c’est parce qu’elles sont drainées par des rivières. Leurs réseaux sont ainsi approvisionnés par des « galeries drainantes », explique la Polynésienne des eaux. Elles ne nécessitent pas de pompe, et donc d’électricité, contrairement aux « forages verticaux » qui puisent l’eau dans les nappes phréatiques.
Équipés de groupes électrogènes automatiques, les hôpitaux, au même titre que l’aéroport de Tahiti (ADT), n’ont pas été concernés par le black-out. Service d’utilité publique, ils ne peuvent pas se permettre la moindre panne. Lorsqu’une coupure de courant intervient, les groupes électrogènes se déclenchent dans la seconde. Alimentés au gazole, ils ont généralement une autonomie de 48 heures. Ainsi, les espaces nécessaires à l’exploitation de l’hôpital ou de l’aéroport, comme les comptoirs d’embarquement, les serveurs, ou le balisage de la piste, ne dorment jamais.
Pour Tea Frogier, ministre en charge de l’Energie, « la priorité c’est de faire un diagnostique pour avoir un calendrier de réparation, et récupérer la capacité du poste de transport endommagé. » Un point de situation s’est tenu ce matin au poste de commandement de crise du haut-commissariat pour suivre la phase de retour à la normale. Un nouveau point aura lieu lundi à 8 heures.