Taivini Teai : « L’autonomie alimentaire n’est pas un rêve, c’est un objectif »

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Invité de notre journal ce dimanche, le ministre de l'Agriculture Taivini Teai est revenu sur le congrès annuel du secteur primaire, auquel de nombreux agriculteurs ont refusé de participer. Principal défi pour le Pays : redonner de l'attractivité à un métier déserté par les jeunes à travers, notamment, une réforme du statut des agriculteurs, prévue pour 2025.

Publié le 07/10/2024 à 10:33 - Mise à jour le 07/10/2024 à 11:05

Invité de notre journal ce dimanche, le ministre de l'Agriculture Taivini Teai est revenu sur le congrès annuel du secteur primaire, auquel de nombreux agriculteurs ont refusé de participer. Principal défi pour le Pays : redonner de l'attractivité à un métier déserté par les jeunes à travers, notamment, une réforme du statut des agriculteurs, prévue pour 2025.

TNTV : Les agriculteurs demandent un contrôle des marges sur leurs produits dans les magasins parce qu’ils ont l’impression de se serrer la ceinture. Qu’en dites-vous ?
Taivini Teai, ministre de l’Agriculture, des ressources marines, de l’environnement en charge de l’alimentation, de la recherche et de la cause animale :
« Oui, ça s’entend. C’est ce que j’avais constaté lors d’un premier déplacement initialement en Nouvelle-Calédonie sur l’affichage des multiples prix, du prix producteur, du prix distributeur ainsi que du prix commerçant. C’est sur ce programme-là, sur ces législations, sur ces méthodologies de travail que nous travaillons » .

TNTV : 75% de notre alimentation vient de l’étranger. Les importateurs affirment que la production locale manque de diversité. Comment inverser la tendance ?
T.T :
« Il y a une diminution du nombre d’exploitants et donc de facto une diminution de terres exploitées. Pour y remédier, c’est notamment la loi de Pays qui a été votée à l’Assemblée au cours du premier semestre de cette année pour venir en soutien aux familles qui ont des terres foncières, des terrains privés pour le développer avec une finalité agricole. C’est une des mesures que nous avons mis en place pour rendre les terres accessibles et développer ce secteur primaire » .

TNTV : L’autonomie alimentaire n’est-elle pas impossible ?
T.T :
« L’autonomie alimentaire n’est pas un rêve, c’est un objectif (…) C’est notamment par cet accès au foncier agricole privé pour des finalités de développement du secteur primaire. C’est également le travail que nous menons au ministère et au gouvernement sur le statut de l’agriculteur, parce qu’il faut que ces métiers soient attractifs pour notre jeunesse, avec une protection sociale, une retraite qui ne soit pas celle du moni ruau. C’est également la mise en place d’infrastructures pour distribuer, pour acheminer et commercialiser les produits qui viennent de nos îles, comme les hangars de stockage, froid positif ou froid négatif. Ce sont aussi les ateliers d’agrotransformation qui permettent, lorsqu’on a une période de surproduction de produits, de les travailler différemment pour qu’ils soient ensuite disponibles tout au long de l’année » .

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TNTV : Le manque de terre cultivable est un obstacle majeur. Les services du pays estiment à 80 000 hectares la surface à exploiter pour atteindre l’autonomie alimentaire. N’est-ce pas tout simplement inatteignable ? Ou sinon, comment faire ? Solliciter les propriétaires terriens, ce qui prendrait des années ?
T.T : « Oui et non. L’objectif est quand même d’initier. Après, comme tout projet une fois initié, le bouche-à-oreille fait que ça va se développer de plus en plus » .

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TNTV : Les exploitations, un manque de main-d’œuvre, les métiers, les revenus ne sont pas attractifs pour les jeunes : en une décennie, 6 000 personnes ont déserté les faapu. Là aussi, comment pousser les Polynésiens à se lancer dans l’agriculture ?
T.T : « C’est notamment en valorisant le travail pédagogique fait dans nos maisons familiales rurales, nos lycées agricoles, en venant en soutien à ces établissements pour qu’ils acquièrent du matériel agricole (…) C’est soutenir les projets de mobilité de nos jeunes pour qu’ils voient comment ça se passe à l’extérieur. C’est, comme je le disais précédemment, le statut de l’agriculteur qui va être présenté à l’Assemblée l’année prochaine. Donc, c’est sécuriser ce métier de façon à le rendre attractif justement pour nos générations futures avec une prise en charge sociale, une reconnaissance sociale par un statut social et une prévoyance ensuite à l’accident du travail, et la retraite« .

TNTV : Un mot sur le secteur de la pêche. Les pêcheurs hauturiers seront en grève jeudi. Si aucun accord n’est trouvé, notamment sur les zones de pêche, sur leur statut, vous avez prévu de les rencontrer ?
T.T :
« Je les ai encore rencontrés cette semaine, je pense que je les rencontrerai encore la semaine qui vient. Le statut du marin pêcheur est un statut important. L’objectif du statut qui va être présenté, qui va passer au CESEC puis à l’Assemblée, c’est d’améliorer le statut dérogatoire actuel de nos marins pêcheurs. Améliorer, c’est-à-dire leur donner la possibilité d’avoir une prévoyance sociale plus importante, la prise en charge de l’accident du travail et également une retraite qui ne soit pas celle du moni rau (…) le métier de marin pêcheur doit être plus attractif puisqu’on a la volonté de tripler nos quotas de pêche d’ici 2030. Donc, pour y arriver, il faut immanquablement des hommes » .

TNTV : Vous êtes en charge également de la cause animale. Un mot sur les chiens divagants. Un nouveau drame s’est produit la semaine passée à Bora Bora. Une vieille dame attaquée par les chiens. Quand pourra-t-on un jour se promener sans crainte d’être mordu par des chiens ?
T.T : « Ce qui est arrivé est tragique en effet. Il s’agissait en effet d’une meute de chiens errants, donc de chiens qui ont auparavant fait partie d’une famille mais qui ont finalement été délaissés. Alors, le gouvernement vient en soutien aux associations de protection animale, notamment sur les campagnes de stérilisation. Maintenant, en ce qui concerne les chiens errants, c’est en particulier la mise en place de fourrières qui permettrait de les capturer de voir s’ils peuvent ensuite être éduqués pour être replacés dans des milieux familiaux, ou sinon être euthanasiés » .

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