Tour des juges : « ils sont où ceux qui sont censés protéger l’environnement ? » lance Cindy Otcenasek

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Le comité organisateur des Jeux assure être à l'écoute et vouloir respecter Teahupoo,mais les associations ne sont pas convaincues. Elles espèrent se faire entendre et comptent poursuivre leurs actions. Cindy Otcenasek, présidente de l'association Vai Ara O Teahupoo, était l'invitée de notre journal :

Publié le 25/10/2023 à 12:19 - Mise à jour le 25/10/2023 à 12:19

Le comité organisateur des Jeux assure être à l'écoute et vouloir respecter Teahupoo,mais les associations ne sont pas convaincues. Elles espèrent se faire entendre et comptent poursuivre leurs actions. Cindy Otcenasek, présidente de l'association Vai Ara O Teahupoo, était l'invitée de notre journal :

L’affaire de la Tour des juges des JO de surf 2024 se poursuit. Mardi soir, le comité Paris2024 a envoyé un mail aux médias dans lequel il détaille les « éléments qui guident » la réflexion et les « actions quotidiennes » de ses membres. Pour Paris2024, la nouvelle tour en aluminium est un enjeu de sécurité, la tour actuelle n’étant pas conforme et « ne répondant pas aux normes de sécurité en vigueur ».
Du côté de Vai Ara O Teahupoo, Cindy Otcenasek demande à voir le « rapport qui prouve qu’ils ont fait une étude pour prouver que cette structure en bois ne peut pas être supportée par ses propres fondations.« 

Le comité assure par ailleurs une nouvelle fois vouloir « limiter au maximum l’impact » sur Teahupoo. Alors que l’association de Cindy Otcenasek s’étonne de la non-réalisation d’une véritable étude d’impact, Paris 2024 préfère aborder la problématique sous un autre angle : « la DIREN (Direction de l’Environnement) a été contactée par le maitre d’ouvrage (à savoir l’IJSPF – Institut Jeunesse et Sports de Polynésie Française), bien en amont du projet, et le Code de l’environnement, compte tenu la nature de l’ouvrage, a confirmé que les travaux n’étaient pas soumis à une étude d’impact, écrit le comité.

Néanmoins, l’IJSPF a mandaté en 2022 un bureau d’étude local spécialisé en environnement marin pour déterminer les mesures à mettre en place pour que les travaux soient réalisés dans les meilleures conditions de préservation du site. »

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Les opposants à la tour en aluminium ne comptent pas mettre fin à leurs actions. Ils poursuivent leur communication à l’international. Leur combat a déjà été relayé notamment via certains surfeurs. La pétition lancée par Matahi Drollet recueille à ce jour plus de 98 000 signatures.

L’interview de Cindy Otcenasek

Tahiti Nui Télévision : On rappelle que vous avez organisé une marche dimanche 15 octobre à Teahupoo à laquelle se sont joints près de 200 personnes. « Non à la tour en aluminium prévue pour les juges » : votre message est clair et aujourd’hui relayé à l’international. Samedi le président du Pays vous a donné rendez-vous à la Presqu’île pour aborder cette polémique. Vous n’y étiez pas. Aujourd’hui le dialogue est-il rompu ?
Cindy Otcenasek, présidente de l’association Vai Ara O Teahupoo
: « En effet on a été invités par madame Nahema (Temarii, NDLR) et monsieur Moetai (Brotherson, NDLR) pour une démonstration de comment ils insèrent les fondations, pas à Teahupoo mais à la Pointe Riri. Donc ils veulent nous faire une démonstration dans un sol qui est sablonneux, et qui ne correspond pas du tout au sol dans lequel ils vont venir sur Pere Rure qui est du platier, du papa. On a trouvé assez ridicule de nous inviter pour nous rassurer sur un sol qui est sablonneux. »

TNTV : Vous auriez préféré un rendez-vous sur site ?
Cindy Otcenasek : « On aurait préféré un rendez-vous sur site. On aurait préféré que monsieur Moetai Brotherson sorte de ses bureaux, sorte de ses papiers qui ont été faits par des ingénieurs qui ne connaissent rien au site de Pere Rure et qu’il vienne avec ses enfants de Hava’e qui se lèvent tous les jours parce qu’ils aiment le surf, ils aiment la pêche et le poisson qu’ils ont dans leur lagon et qu’ils viennent avec eux sur site. »

TNTV : Vous, ce que vous demandez, c’est le maintien de l’actuelle tour en bois. Selon le comité olympique, le bureau de contrôle technique en Polynésie a été dans l’impossibilité de délivrer un avis favorable pour l’utilisation de cette fameuse tour en bois.
Cindy Otcenasek : « Ce que nous on demande au Pays et ce qu’on demande au Cojo, c’est de tenir la promesse qu’ils nous ont fait il y a 4 ans qui était celle de s’adapter à Teahupoo et non pas le contraire. Donc, on leur demande de revoir leur cahier des charges, et de s’adapter à ce qu’il y a déjà sur site. Qu’est-ce qu’on a sur site ? On a une tour en bois avec ses propres fondations qui fonctionnent depuis 15 ans avec la WSL. Et ils nous parlent de sécurité. Ça on peut comprendre. Il y a eu deux rapports qui ont été commandés par le Pays. Un rapport qui date de 2008 qui fait état non pas du fait que la tour en bois sur ses propres fondations n’est pas aux normes, mais que son état est satisfaisant. On parle de 2008. Avec quelques recommandations comme changer le bois, les jonctions… Ensuite, il y a eu un rapport qui a été commandé par l’IJSPF en 2022 à la société Api Geo pour savoir si les fondations actuelles existantes peuvent supporter la structure en aluminium. Mais ils n’ont jamais demandé à savoir si la structure en bois pouvait être supportée par les fondations actuelles. Là, on est un peu choqués qu’ils n’aient même pas pensé à cette solution-là. Ils peuvent dire que ce n’est pas aux normes sauf que pour l’instant, on leur demande de nous fournir ce papier qui déclare que cette tour n’est pas aux normes et ça me parait assez gros qu’un organisme comme la WSL viennent depuis 15 ans sur une tour qui n’est pas aux normes. Et le Pays était où pour dire que cette tour n’était pas aux normes pendant 15 ans ?« 

TNTV : Tony Estanguet est revenu sur cette polémique mardi devant les médias. Pour reprendre ses propos c’est une question de sécurité. Le maintien de la tour en bois semble impossible pour assurer la sécurité.
Cindy Otcenasek : « On leur demande de nous montrer ce rapport qui prouve qu’ils ont fait une étude pour prouver que cette structure en bois ne peut pas être supportée par ses propres fondations. Ça c’est un argument qu’ils sortent, mais pour l’instant nous, on n’a rien vu et on demande à madame Nahema d’être beaucoup plus transparente et de nous envoyer les documents qu’on lui a demandé. »

TNTV : Le comité d’organisation des Jeux olympiques a envoyé un mail copieux dans lequel il précise le contexte du projet et ses enjeux. Il rappelle qu’une mission environnementale a été menée sur le site et que le projet de la nouvelle tour a donc été pensé pour limiter ou éviter l’impact sur l’environnement. Le comité semble particulièrement attentif à vos inquiétudes.
Cindy Otcenasek : « Alors effectivement, ils ont fait une synthèse environnementale qu’ils nous ont donné lundi 16 octobre, sauf que pour un tel projet, il aurait fallu faire une étude d’impact environnemental. Une étude d’impact environnemental, c’est une étude qui se fait sur 6 mois, avant toute conception, pour pouvoir faire un projet qui s’adapte au site qui accueille. Oui ils ont profité que dans le Code de l’environnement, ils ne soient pas obligés de faire une étude d’impact environnementale. Sauf qu’un organisme aussi grand que Paris 2024 et le comité organisateur international qui ont un vœu pieu qui est celui de respecter la biodiversité qui va les accueillir, et ils ne font aucune étude d’impact environnemental. C’est assez choquant qu’un grand organisme avec de tels moyens n’a pas pris en compte l’aspect environnemental. La direction de l’Environnement n’a même pas été intégrée à ce projet dès le début. Donc, ils sont où ceux qui sont censés protéger l’environnement ? »

TNTV : Vous, quelles sont vos prochaines actions ?
Cindy Otcenasek : « Pour l’instant, on continue notre chemin avec l’international et on espère être un peu plus pris en considération. On invite Moetai à venir sur site, à venir avec ses enfants, son nunaa qui va lui montrer ce pourquoi ils sont vivants quand ils se réveillent le matin. »

La communication de Paris2024

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