Le confinement pour éviter la propagation du Covid-19, les habitants du quartier Hitimahana en ont entendu parler. Et la police municipale fait régulièrement des rondes pour faire de la sensibilisation, mais difficile de rester chez soi alors qu’ici tout se passe à l’extérieur en journée.
« Rien que chez moi, nous sommes plus de 10, sans compter les mootua. On a tellement l’habitude que nos enfants jouent entre eux, on n’arrive pas à faire autrement. Les mutoi sont venus faire de la prévention deux fois, ils ont dit aux jeunes de ne plus jouer au ballon ensemble… J’ai juste un fils qui travaille. On se cotise entre nous parce que moi, je n’ai rien à part mes allocations. Cela coûte cher 10 personnes à nourrir, et le ma’a a augmenté ! (…) C’est dur pour nous. Heureusement que mes parents ont la retraite. J’ai 7 000 Fcfp d’allocations, mon mari est décédé… On galère. On nous a proposé d’aller dans les maisons en haut, mais on ne peut rien payer. Il va falloir régler le courant, la poubelle, l’eau… Comment on va faire pour avoir encore des sous pour le ma’a ? Ici on ne paie rien à part le ma’a et l’essence pour le groupe électrogène qu’on partage » nous dit Margareth Trakohau.
Dans ce quartier de Mahina, tout le monde vit en collectivité, il est donc difficile de s’isoler chez soi et de changer ses habitudes. « Je ne change pas mon quotidien. Je me baigne à la rivière, je mange mon poisson… Le virus ne nous a pas encore touchés, on ne se sent pas concernés tant qu’on n’a pas de malades chez nous » confie Justine Tahia.
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Si le Covid-19 inquiète les habitants du quartier, le danger leur paraît encore lointain… « Je m’inquiète pour les enfants de notre quartier. Si l’un d’eux l’attrape, il va refiler la maladie à tout le monde. On n’arrive pas à les garder isolés. Ils vont chercher les copains, les copines. Je gronde mes enfants pour qu’ils restent à la maison, mais ils ne m’écoutent pas. Pour le moment, je travaille. Mais je ne sais pas quand on va me payer, ni combien de temps. Je suis inquiet. Toute la famille compte sur moi » déclare Tiurai Trakohau.
« On n’a pas l’habitude d’avoir des règles et des contraintes aussi dures que ça. On doit être entre 150 et 200 personnes à habiter toutes ensemble ici. Alors si l’un d’entre nous tombe malade, tout le monde va l’attraper ! Avec ma famille, on se met des règles, mais c’est compliqué de dire aux enfants de ne pas jouer avec les autres. Les enfants, ça veut jouer ! Ils ne comprennent pas pourquoi eux restent dedans et pas les autres. Les mutoi viennent régulièrement nous voir pour nous rappeler les règles. Mais on a tellement l’habitude de la liberté… Le coronavirus m’inquiète, mais on ne se rend pas compte tant que ça n’a pas pris une plus grande ampleur » ajoute un autre habitant.
Le coût de la vie et la nourriture sont les premières préoccupations pour ces habitants qui vivent, pour la plupart, de la pêche.