Mercredi, depuis quatre heures du matin, Victor Teriitahi, responsable des cuisines du centre pénitentiaire de Faa’a-Nuutania, et son équipe, s’affairent dans les cuisines de la maison d’arrêt pour préparer un ma’a Tahiti pour un peu plus de 300 détenus. « C’est beaucoup de travail. On a mis deux jours pour préparer ce ma’a. On remercie tous les travailleurs qui sont là, tous les prisonniers. Heureusement, on nous a donné l’opportunité d’un petit travail, c’est bien, plutôt que de rester dans nos cellules à rien faire. Au moins, on s’occupe la journée » confie Francis, un détenu.
La chance de Victor est que la plupart de ses commis avaient l’habitude de préparer du ma’a Tahiti en grand quantité. « J’en faisais avec mes parents tous les dimanches. D’en faire à Nuutania, ça permet d’éviter de perdre la main. (…) Je veux rendre heureux les prisonniers, et qu’ils mangent bien » nous dit Bruno, un autre détenu.
Au menu : du poisson cru, du fafaru, du pua choux, du fafa au poulet et du poe accompagné de taro, ipo et mitihue. Depuis sa mise en place il y a plus de 35 ans, le ma’a Tahiti du Nouvel An est un moment de communion pour les détenus. « Cela représente tout, le ma’a Tahiti. Il calme la conscience des gens, les reconnecte avec leur humanité… C’est un tout. On en mange pas tous les jours. Cela devient hyper cher maintenant le ma’a Tahiti. Et surtout à Nuutania, comme c’est une fois par an, il fait la joie de tout le monde » explique Victor Teriitahi.
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Pour préparer ce repas, la direction doit prévoir un budget spécial car il coûte quatre fois plus cher qu’un repas habituel. Pour Evelyne Le Cloirec, la directrice adjointe de l’établissement, ce repas traditionnel participe à l’amélioration des conditions de détention : « La période des fêtes est assez sensible puisque le détenu ne peut pas partager ces moments avec sa famille, donc on essaie de faire le palliatif. Ce sont des petits gestes qui sont appréciés, tout comme les colis qu’apportent les familles, les parloirs aussi… Le ma’a Tahiti est vraiment attendu en détention ».
Exceptionnellement, dans le quartier des femmes, le ma’a Tahiti a été pris autour d’une grande table. Un repas de fête qui est avant tout un moment de partage.