Un top 10 mondial au féminin pour E-reo, et une participation au LT4ALL de l’Unesco

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Elle porte la préservation des langues polynésiennes et plus largement des langues autochtones bien au-delà de nos frontières. Heiura Itae tetaa est en ce moment à Paris à l'occasion du LT4ALL de l'Unesco. Elle vient également d'apprendre qu'elle fait partie du top 10 du concours international Aurora Tech Award, sur plus de 2000 participantes.

Publié le 26/02/2025 à 9:30 - Mise à jour le 26/03/2025 à 9:49

Elle porte la préservation des langues polynésiennes et plus largement des langues autochtones bien au-delà de nos frontières. Heiura Itae tetaa est en ce moment à Paris à l'occasion du LT4ALL de l'Unesco. Elle vient également d'apprendre qu'elle fait partie du top 10 du concours international Aurora Tech Award, sur plus de 2000 participantes.

La start up Speak Tahiti Parauparau Tahiti et sa plateforme d’apprentissage E-reo n’en finissent pas de faire parler d’elles. La fondatrice Heiura Itae Tetaa est en ce moment à Paris pour l’événement international Language Technologies for All (LT4ALL) 2025, organisé par l’Unesco.

À l’heure du tout numérique et alors que la traduction automatique et les modèles d’IA exclues très souvent les langues autochtones, la petite entreprise grandissante s’est donnée pour mission de faire du numérique un levier plutôt qu’un frein. « La mission de notre équipe est de rendre les langues autochtones visibles et accessibles à travers les outils numériques. Participer à LT4ALL, c’est contribuer à une réflexion globale et apporter des solutions concrètes pour un avenir numérique plus inclusif (…) Pour qu’une langue vive, elle doit être parlée, écoutée, écrite, mais aussi intégrée aux usages numériques, soutient l’entrepreneure tahitienne. Pour cela, nous avons besoin de modèles d’IA entraînés sur nos langues. Et pour entraîner ces modèles, il nous faut des ressources linguistiques. Et pour créer ces ressources, nous devons travailler avec les communautés – dans le respect de leur souveraineté et de leurs valeurs culturelles.”

Heiura Itae-Tetaa a participé à la session Solutions de l’événement. Elle y a présenté l’impact de la technologie de la plateforme E-Reo sur l’accessibilité numérique, la transmission linguistique et l’autonomisation des communautés. Objectif affiché : attirer de nouveaux partenaires, aussi bien institutionnels que privés, afin d’accélérer le déploiement de la plateforme à l’échelle internationale.

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Heiura (au pupitre, à gauche), s’exprime lors de l’événement de l’Unesco.

Un top 10 mondial dans la Tech au féminin

À l’international justement, Heiura et son entreprise se font déjà une place. L’entreprise polynésienne participe au concours Aurora Tech Award qui récompense les femmes fondatrices de start up technologiques. C’est la P-dg adjointe de Speak Tahiti Parauparau Tahiti, Capucine Moyrand qui a envoyé la candidature. « Aurora Tech Award, c’est un concours auquel on a candidaté dès 2023. On avait passé à peine la première étape, et j’ai recandidaté l’année dernière, parce qu’on était un peu plus matures, on avait plus d’avancées, plus de chiffres aussi à montrer. »

Si le choix de l’équipe s’est porté vers un concours réservée aux femmes entrepreneuses, c’est pour une raison : « les femmes sont quand même moins bien servies, en fait, dans le monde de l’entrepreneuriat. (…) Dans notre entreprise, non seulement, on a une femme CEO mais on était plus de 70 % de femmes dans l’entreprise à ce moment. Ça me semblait tout à fait pertinent de candidater à ce genre de concours. »

Plus de 2000 femmes issues de 116 pays participaient. Heiura a appris, il y a quelques jours, qu’elle faisait partie du top 10 mondial… « J’ai fait partie du top 120. Ensuite, je suis arrivée dans le top 30 parce que les venture capital (financeurs, NDLR) ont fait une analyse des dossiers. À partir du moment où je suis passée dans le top 30, j’ai passé une sélection orale où j’ai dû pitcher, raconte Heiura. C’était très drôle. Il était 5 heures pour moi et on entendait les coqs. J’étais face à un jury pour évaluer à la fois mon projet et l’aspect financier. Un des buts, c’est de lever de l’argent, on est face à des investisseurs et c’est un concours national. Et donc je suis arrivée dans le top 10. Quand on m’a annoncé ça, c’était juste avant que je prenne l’avion pour venir à Paris pour l’Unesco. (…) J’étais hyper émue pour mon équipe, pour mon pays parce que mine de rien, il y a eu plus de 2000 candidatures venant d’une centaine de pays. Le fait de représenter notre territoire, le territoire du Pacifique et notre pays, ce n’est pas rien. Je suis fière de mon équipe, de ma co CEO Capucine et fière de me dire que la mission que l’on a de valoriser, promouvoir les langues autochtones a une valeur dans ce milieu du business et de la tech et donc je suis hyper heureuse et j’espère que ça donnera à d’autres entrepreneures femmes du pacifique et de Polynésie de persévérer parce que ce sont quand mêmes plusieurs années de travail couronnées aujourd’hui. »

« Même si on est bien lucides sur le fait que la reconnaissance qu’on doit avoir, c’est celle de nos clients et de notre marché, ça fait quand même du bien d’avoir ce type de reconnaissance aussi« , admet de son côté Capucine.

Heiura s’envolera direction l’Égypte en avril pour la finale du Aurora Tech Award. Cinq participantes seront récompensées. Le premier prix du concours est de 30 000 dollars (environ 3.4 millions de Fcfp), le second de 20 000 dollars, le troisième de 15000 et les deux derniers prix de 10 000 dollars. Si la start up vise bien sûr le top 5, elle a déjà été mise en relation avec des fonds d’investissement. Un pas de plus pour celle qui pourrait un jour devenir la licorne du fenua…

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