La part des personnes âgées de 60 ans ou plus augmente au fenua. En 2017, elle représentait 12% de la population contre 9% en 2007. Aujourd’hui, plus d’un tiers des matahiapo vivent en cohabitation dans une famille élargie. Au 31 décembre 2019, selon l’ISPF, 13% de la population polynésienne est âgée de plus de 60 ans. D’ici 2030, un Polynésien sur 5 sera un sénior.
« Vous avez annoncé le lancement de la plateforme Atamai qui aura pour vocation de lutter contre l’isolement des personnes âgées. Nous ne pouvons que saluer les initiatives qui visent à aider nos ainés à vivre dans la dignité. Cet objectif doit être au cœur du pacte social polynésien. (…) Cependant, Le chemin reste encore long pour atteindre l’objectif du mieux vivre de nos matahiapo, notamment ceux en situation de dépendance ou de perte d’autonomie » a déclaré ce matin Nicole Bouteau, lors de troisième séance de la session budgétaire de l’assemblée.
« Dans son rapport d’observations définitives du 2 juin 2022 relatif à la politique sociale depuis 2016, la Chambre Territoriale des Comptes souligne que l’absence de choix politiques clairs concernant la prise en charge des personnes âgées dépendantes empêche l’émergence en Polynésie d’une véritable filière gérontologique. Les manques sont nombreux et les effets importants : absence de schéma directeur, faiblesse des investissements, cadres règlementaires incomplets des structures d’accueil qui profitent pour certaines d’entre-elles de vides juridiques et de défauts de contrôles, et cohérence globale en question entre pension de retraite et minimum vieillesse. Le cadre stratégique, certes en progression, reste incomplet et a pu pénaliser l’action des services de la collectivités et des opérateurs » déplore Nicole. « Notre politique sociale et de santé, même si elle est extrêmement généreuse, reste en deçà des besoins en matière de prise en charge des personnes âgées, notamment celles en situation de perte d’autonomie, sur un territoire tel que le nôtre. L’accompagnement des familles est également insuffisant pour le maintien de nos aînés au domicile familial. Et les ménages modestes ne devraient pas être confrontés au dilemme financier. Les opérateurs privés quant à eux, témoignent de l’insuffisance de dispositifs d’incitation, de soutien, à la création de structures d’accueil adaptées et de cadres réglementaires suffisants. (…) Aussi, en dehors de la revalorisation du minimum vieillesse annoncé (…) pouvez-vous nous indiquer la stratégie du gouvernement en faveur des personnes âgées ? » interroge-t-elle.
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La ministre Virginie Bruant a alors affirmé qu’une partie du budget 2023 sera consacrée aux matahiapo : « Il y a aura dans le projet de budget 2023 qui sera présenté prochainement à l’Assemblée, une expression budgétaire des choix politiques du gouvernement en matière de troisième âge, de prise en charge de la dépendance, et de l’adéquation de l’offre des services publics et de la solidarité avec cette évolution forte et de la démographie et des modes de vies qui entraine l’isolement grandissant de nos matahiapo ».
Pour Virginie Bruant, l’impératif premier c’est que « la stratégie définie soit pertinente sur le plan sanitaire, social et culturel et en même temps économiquement soutenable. Cette double performance est un des objectifs de la réforme de la PSG avec la création d’une branche dédiée de la CPS consacrée au grand âge et à la dépendance« . Elle précise également que le projet du nouveau SOS (Schéma d’organisation Sanitaire) 2022-2027 propose d’acter que les établissements hospitaliers de la Polynésie développent un secteur gériatrie.
Un appel d’offres pour la réalisation d’un schéma directeur de l’action sociale en Polynésie française 2023/2028 a par ailleurs été lancé en juillet dernier
« Le schéma que nous allons bâtir n’a jamais été effectué en Polynésie »
Virginie Bruant
Et d’ajouter : « Un texte est en préparation pour définir le cadre et la reconnaissance des établissements médico-sociaux spécialisés dont font partie les EHPAD. En matière d’aides il faudra aussi soutenir l’action des communes pour le financement de toutes les activités sanitaires et sociales de prévention indispensables ».
La ministre a aussi répondu qu’une allocation personne âgée dans le cadre du fonctionnement de la quatrième branche de la protection sociale sera dans le champ des études, « tout comme le développement massif des aides à la formation des métiers de l’aide à la personne ».
Aussi, un grand centre de formation des personnels médico-sociaux de la Polynésie française devrait ouvrir ses portes à la rentrée 2024.