Non, il ne s’agira pas d’une deuxième Kanēa ou Poly3D. Il ne sera pas question ici de se concentrer sur les jeux vidéo et la modélisation. L’école du numérique qui ouvrira cette année, sera « complémentaire », assure sa directrice, Odile Tcheou. « L’idée est de former des experts en développement web, cybersécurité, en intelligence artificielle, puisque l’intelligence artificielle deviendra à court terme, on va dire l’ADN de l’école du numérique. Et, bien entendu, en gestion de projets numériques, mais pas que. »
L’École du numérique chapeautée par la Chambre de commerce (CCISM) sera ouverte aux salariés du public et du privé, aux personnes en reconversion professionnelle ou en recherche d’emploi, mais aussi aux jeunes bacheliers.
Selon le rapport d’études réalisé par la DGEN et daté de 2019, 27% des entreprises polynésiennes ne sont pas informatisées. Et seulement 32% sont présentes sur au moins un réseau social. Même si ces chiffres ont certainement évolué ces dernières années, Odile estime que les entreprises peinent encore à se digitaliser. Et avec la démocratisation de l’utilisation des intelligences artificielles, les défis sont désormais tout autres. « L’école répond à une demande forte des entreprises. Nous avons par exemple déjà été approchés par une grande entreprise de la place qui est venue avec un projet de formation en développement web. Plusieurs entreprises sont venues à notre rencontre pour qu’on les accompagne. Là, on voit avec la montée en puissance de l’IA que les salariés d’entreprise ont besoin de formation dans ce domaine-là. » Les communes s’intéresseraient déjà, elles aussi, à l’ouverture de cette école.
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L’IA, c’est le sujet du moment. Et à ce propos, Odile prévient : l’École du numérique se placera « en amont dans une démarche de prévention tant pour les étudiants qui doivent adopter une démarche raisonnée que pour les entreprises en connaissance de la règlementation européenne l’IA Act. (…) Il ne faut pas voir l’IA comme une menace, mais plutôt comme une opportunité ».
La cybersécurité fera également partie du contenu des parcours de formation. « On se rend compte que les entreprises locales sont de plus en plus exposées aux cyberattaques et oui, c’est dans les clés rotatives de l’école, bien sûr. »
Former une main d’œuvre qualifiée et opérationnelle
Concernant le parcours réservé aux nouveaux bacheliers, l’objectif affiché est de former rapidement des personnes qualifiées et opérationnelles. « Nous avons prévu une formation que l’on dit la formation initiale. Le parcours, on est en réflexion. Est-ce qu’on fait un parcours BTS ou est-ce qu’on fait un parcours plutôt bachelors, donc BAC plus 3 ? Pourquoi on est encore dans ces réflexions-là ? Parce que les entreprises ont besoin cruellement de main-d’œuvre dans ce domaine. Trois ans, c’est peut-être un petit peu trop long. Deux ans, c’est peut-être jouable. L’idée, en fait, c’est que ces étudiants, à l’issue de leur cursus, soient directement employables. » De nouveaux métiers pourraient ainsi voir le jour au fenua.
La CCISM souhaite rendre ses formations accessibles à tous. Une rencontre a eu lieu cette semaine avec le président du Pays Moetai Brotherson, également en charge du Numérique. « Avec le Pays, justement, on a bien entendu échangé sur les bourses parce que l’école veut être inclusive et rentre dans cette réflexion d’égalité des chances et de donner la possibilité aux Polynésiens d’accéder à cette formation de qualité ». Du côté des entreprises, les salariés qui souhaitent y avoir accès pourront faire appel au Fonds paritaire.
Pour assurer ces formations, certifiantes, qu’elle promet « de qualité », l’École du numérique a choisi comme partenaire la start-up française Simplon, spécialisée dans la formation professionnelle. « Toute la formation pro est certifiante, donc reconnue RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles, NDLR), ça aussi, c’est valorisant.«
Parmi les partenaires de Simplon, des géants tels que Meta. L’entreprise a également « accompagné des grands groupes comme CapGemini en Australie et au Canada ainsi que Microsoft aux États-Unis. Voilà pourquoi notre choix s’est porté pour Simplon ».
Des représentants de la société seront très bientôt au fenua. L’occasion notamment de lancer un audit sur les besoins en formation numérique dans les entreprises et d’organiser une conférence au cours de laquelle il sera question des nouveaux métiers du numérique.
La formation initiale débutera en septembre. Les formations destinées aux professionnels devraient en revanche ouvrir en « juillet – août » annonce Odile Techeou.