Vidéo – Hiva Toa: un projet de pêche industrielle controversé

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Publié le 18/10/2017 à 11:53 - Mise à jour le 18/10/2017 à 11:53

Il est une heure du matin, Taua Duchek et son équipier larguent les amarres de leur poti marara au quai de Hanauku. Le capitaine part pour six heures de pêche au large de Hapatoni. C’est ici où la pêche au thon jaune est la plus intense. Si cette nuit, Taua Duchek n’a qu’un seul concurrent sur le plan d’eau, le déploiement d’une armada de bonitiers et de thoniers aux Marquises l’inquiète. Surtout que la zone est déjà bien occupée par des pêcheurs tahitiens.
 
« Avant, la flottille de Tahiti descendait rarement aux Marquises. Seuls ceux qui dépassaient les 21 mètres s’aventuraient ici. Mais aujourd’hui, même les petits thoniers, les treize mètres, viennent pécher ici. Si ils viennent jusqu’ici, cela veut dire qu’il n’y a plus de poissons où ils péchaient habituellement., » estime Taua Duchek.
 
Mais à Hiva Oa d’autres voix s’élèvent. Celles des pêcheurs qui peinent à vendre leurs poissons sur le marché local. Leonard Avaepii est l’un d’entre eux. « Le marché est saturé. On a du mal à vendre et ce que l’on cherche ce sont des investisseurs qui viennent acheter notre poisson. »
 
 Et le seul investisseur qui propose de racheter le poisson marquisien et d’embaucher les pêcheurs, c’est la société Big Eyes du groupe Degage soutenu par les maires de la Communauté de commune des Marquises (codim). Sauf qu’un collectif citoyen de protection de la ressource marine vient de sortir de la réunion de la Codim en colère.

« Nous ne comprenons pas comment ils peuvent à la fois, allier pêche durable et écologie avec une pêche industrielle. Soit on fait de la préservation des ressources, soit on fait de la pêche industrielle », explique Marvin Mercier, représentant du collectif « Te papua no te Tai Moana o Hiva ».  
 
Mais six mois après la présentation du projet Hiva Toa, qu’en est-il réellement ? Au quai de Fare Ute, à Papeete, les armateurs procèdent à la bénédiction de 6 thoniers de 24 mètres rénovés de l’ancienne flotille Tahiti Nui Ravaai. Ils seront testés dans un premier temps au large de Tahiti puis aux Tuamotu et enfin aux Marquises. Quatre autres thoniers en rénovation les rejoindront avant la fin de l’année.
 
 Soixante super-bonitiers avec le confort nécessaire devraient être confiés à 240 Marquisiens  des six îles pour pêcher près des côtes. S’ajoutent à cela, douze nouveaux thoniers de 30 mètres et six de 50 mètres qui pêcheront du thon obèse au-delà de 50 miles nautiques et même jusqu’à Clipperton.  Toutes ces nouvelles embarcations seront construites en Chine et devraient bénéficier de défiscalisation. « Nous allons déposer les demandes de défiscalisation, aussi bien au point de vue métropolitain qu’au point de vue local et dès que nous aurons le feu vert, on va lancer la construction de ces bateaux. », assure Eugène Degage, président du groupe Degage
 
Le projet Toa Hiva, c’est 3 000 tonnes de thon par an. Dont la plus grosse partie sera réservée à l’export. Les salles de mareyages n’ont pas encore été construites à Nuku Hiva ni à Hiva Oa. Le groupe Degage enverra deux de ses bateaux le Corsaire et le Aremiti 2 pour la transformation des produits avant l’expédition à Tahiti par bateau et par avion. Hiva Toa demeure un projet de développement économique des Marquises avec à la clé 600 emplois promis par le groupe Degage. 50 marquisiens seront formés fin octobre par le GSMA à Hiva Oa.

 
A la digue de Tahauku, les opposants réclament aux autorités un référendum pour ou contre un projet qui scelle leur avenir. La mobilisation ne faiblit pas à Hiva Oa. Elle s’étend même à Nuku-Hiva. Les seules îles dotées de ports et d’aéroport où sera basée la flotille Hiva Toa.
 
 

Rédaction Web avec Esther Parau-Cordette

Le reportage d’Esther Parau-Cordette

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