« C’est quelque chose qui se passe dans le cerveau. Soit on sort de l’AVC normal, soit on a des séquelles… »
Ça arrive à des personnes malades, en mauvaise santé… ?
« Non. Je ne bois pas, je ne fume pas… C’est arrivé comme ça. »
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Et vous étiez jeune… Est-ce que vous pouvez nous raconter votre histoire ?
« J’étais en sortie avec des élèves parce que je suis prof. On est allés pendant six jours sur tout Tahiti. Après je suis allée au lycée, on a rangé les affaires. Je suis rentrée à la maison, je me suis baignée. J’ai eu un mal de tête. J’ai dit à mon mari « je vais aller dormir un peu ». Vers 20 heures, je me suis réveillée, ça, je ne m’en souviens plus… J’ai mangé et je me suis rendormie. Il parait que je me suis réveillée vers minuit et je ne parlais plus. Enfin si, mais c’était des « beuh beuh beuh ». J’avais plein de flashs. Arrivée à l’hôpital, dans ma chambre, j’ai dit à mon mari « vas-y, ça y est je suis à l’hôpital ». Quand il a fermé la porte, je suis tombée dans le coma. »
Et après, qu’est-ce qui se passe ?
« Je me suis réveillée deux semaines après. Je me suis dit « Ouah, où tu es? ». »
Vous vous réveillez dans quel état ? Comment vous vous sentez ?
« Je voulais avoir une infirmière, lui demander. »
Sortie de ce coma, vous n’arriviez plus à parler, à vous déplacer…
« J’étais alitée. Il fallait que j’apprenne à me lever, à m’asseoir Il y avait tout à reprendre. »
Une partie de votre corps est immobilisée, la parole a disparu… Comment est-ce que vous vous sortez de ça pour arriver à ce résultat aujourd’hui ?
« En premier j’ai pensé à mon fils. C’est lui qui m’a boostée. Ensuite mes parents et celui qui est mon mari. Il faut d’abord se faire confiance et ensuite les amis, la famille. Mais si toi tu n’as pas confiance… Rester à la maison non. Il faut sortir, voir du monde. Il y a peut-être des gens qui te regardent d’un air… Soit on leur parle, on leur explique qu’on a un AVC, sinon, si on n’a pas envie de parler, on avance… »
C’est difficile le regard des autres quand on est dans cette situation. Vous avez réussi un parcours assez admirable : vous avez un palmarès sportif impressionnant à la fois en aviron indoor, aux championnats du monde de va’a… Vous avez repris votre activité d’enseignante, vous vous exprimez très très bien. Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui peut-être n’ont pas réussi aussi bien que vous à remonter la pente ?
« C’est ce que je viens de dire : il faut sortir. Sortez ! Peu importe, sortez et voyez ce qu’il y a autour. Et faites du sport, pas seulement pour l’activité, mais aussi pour l’esprit. Le travail c’est une chose, mais les loisirs, le sport, c’est une autre chose. »
Ce qu’on ne dit peut-être pas suffisamment, c’est que dans les cas d’un AVC, moins longtemps on attend avant de détecter, avant de transporter la personne victime vers les médecins, et moins les séquelles sont importantes. Comment fait-on ? Quand on en est victime soi-même, c’est quasiment impossible à déceler. Quand ça arrive à un proche en face de soi, comment le détecter, comment réagir ?
« Si on voit une partie qui ne bouge pas ou si quand la personne parle on ne comprend rien, il faut tout de suite aller à l’hôpital. Ça peut être une migraine ou plein d’autres choses, mais on s’en fout : on va à l’hôpital pour être sûr. »