Vidéos – Fessée : pourquoi arrêter ? Quelles alternatives ?

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Publié le 07/12/2018 à 9:36 - Mise à jour le 07/12/2018 à 9:36

En vidéo, l’analyse de notre rédaction (journal du 7 décembre)

Interdire ou pas la fessée. Une question d’actualité en métropole en ce moment. L’Assemblée nationale a voté fin novembre l’interdiction des « violences éducatives ordinaires ». Cette interdiction, si elle est actée au terme de son parcours législatif, pourrait s’inscrire au Code civil. Il s’agira d’une phrase qui  sera ajoutée à l’article lu lors des mariages : « l’autorité parentale s’exerce sans violence physique ou psychologique ». 
En Polynésie, il faudra attendre. En matière civile, chaque texte voté en France a une notion d’applicabilité ou pas. On saura si cette loi sera appliquée une fois qu’elle sera publiée au Journal officiel.  En attendant, la question divise. 

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont été très nombreux à réagir. Pour certains, la fessée voire le balai ni’au ou la savate sont presque primordiaux pour éduquer la jeunesse même si beaucoup soulignent qu’il ne faut évidemment pas tomber dans l’extrême. Mais les « anti-fessée » sont bien présents également. Des internautes estiment que d’autres solutions existent et que frapper un enfant pourrait l’amener à reproduire le geste plus tard. 53 pays dans le monde ont déjà interdit la fessée. 

> « Il faut avancer avec son temps »

Et au fenua, les spécialistes vont dans ce sens. Au Fare Tama Hau, Maitoa Pito, éducateur spécialisé explique : « la fessée en soit c’est un acte qu’on pourrait qualifier d’échec de la parentalité, une rupture de la communication. Le risque c’est que ce recours devienne le premier c’est-à-dire que dès que l’enfant fait quelque chose de mal, on finisse par le taper. Ça peut bloquer l’enfant, à vie des fois. On entend que ça ne fait pas de mal. Mais très souvent ça ne fait pas de mal à celui qui tape. A un moment il faut se poser la question de celui qui reçoit. Il faut savoir qu’on agit avec des enfants pas comme on agit avec des adultes. On se permet de faire des choses à des enfants qu’on ne se permettrait pas avec des adultes. Les parents ont peur que cette loi puisse changer l’aspect culturel de la Polynésie. Mais non, au contraire, les temps évoluent et je pense qu’il ne faut pas avoir peur de se changement et finalement avancer avec son temps. » 

> Les alternatives

En vidéo, l’interview de Maitoa Pito, éducateur spécialisé 

Plus de fessée ? Oui mais alors quelles pourraient être les alternatives pour éduquer son enfant ? Anaïs Nardi, éducatrice de jeunes enfants et responsable de la Maison de l’enfance de Punaauia, propose quelques solutions :

  • « Quand on évoque une règle, quand on donne une règle à un enfant, il faut que ce soit clair, simple et adapté à l’âge et au développement de l’enfant. » Anaïs explique qu’un enfant avant un certain âge n’entend pas la négation : « quand on lui dit par exemple « ne cours pas », lui il entend « cours ». Donc, plutôt que de lui dire « ne pas », il faut essayer de faire des tournures positives, par exemple « marche doucement », « parle doucement »… »
     
  • « Par exemple, un enfant qui va renverser à plusieurs reprises son verre d’eau alors qu’on lui a demandé maintes et maintes fois de ne pas le faire, l’inviter à réparer sa bêtise. Les réparations de bêtise, ça marche très bien chez les tout-petits. A un moment donné ils vont être fiu de le faire (…) donc ils vont réfléchir la prochaine fois et être un peu plus prudents »
     
  • « Quand il tape un copain ou une copine, on peut lui proposer d’aller s’excuser et de lui montrer qu’il a fait mal et surtout pas le taper en lui disant « ne tape pas ». 
     
  • « On n’y pense rarement : le câlin. Quand il y a de très fortes crises ou des grosses colères de la part des enfants, on a envie de tout sauf de lui faire des câlins. Et pourtant on parle de plus en plus des bienfaits des câlins avec l’hormone ocytocine, qui est l’hormone de l’attachement et du bonheur qui est sécrétée à ce moment là. (…) Le prendre dans les bras à ce moment permet de faire redescendre la tension et ensuite on peut discuter ». 

En vidéo, l’interview d’Anaïs Nardi, éducatrice de jeunes enfants et responsable de la Maison de l’enfance de Punaauia

L’éducatrice souligne que « les enfants qui sont violents, ce n’est pas forcément lié avec ce qu’ils vivent à la maison. Mais c’est très souvent lié. Un enfant qui tape ses copains, qui est très violent et dans ses mots, et dans ses gestes, c’est parce qu’ils ont l’exemple à la maison. Nous les parents, nous sommes le premier exemple de nos enfants ». 

Et lorsqu’on dérape… ? L’éducatrice conseille de s’excuser. « Ça ne discrédite pas du tout l’autorité qu’on peut avoir. Au contraire, ça leur permet de voir que nous aussi on est humains, on a nos propres émotions et on peut en discuter. » 

Mais avant de déraper, quand l’agacement est trop fort, il y a « la règle des 3 R » : « Reculer, se mettre à l’écart, Respirer, prendre sur soi, réfléchir, et ensuite Revenir vers l’enfant et reprendre avec lui ce qui s’est passé. » 

Pour tout conseil, le Fare Tama Hau et les Maisons de l’enfance reçoivent parents et enfants. Les programmes de ces établissements sont disponibles sur Facebook. Cliquez ICI

Rédaction web 

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