Vincent, vous êtes installés en Polynésie depuis presque 10 ans, vous avez vécu à Tikehau 5 ans et là bas vous avez fait de nombreux clichés. Grâce à votre vision artistique vous avez remporté une médaille d’or des Beaux Arts…
« C’est une belle reconnaissance d’autant plus que c’était la première fois dans l’histoire du Salon des Beaux Arts qui existe depuis 1861 que la photo sous-marine était représentée. C’était la première année et j’ai eu la chance d’avoir cette médaille d’or qui m’a été décernée. »
Une passion de la photo qui vous a conduit jusqu’au projet avec Alice Modolo aujourd’hui…
« Oui, je suis photographe animalier avant tout mais la découverte d’Alice m’a donné envie de changer un peu mes habitudes et aller à sa rencontre pour essayer qu’elle puisse à son tour aller à la rencontre des animaux sous-marins qui peuplent les eaux de Polynésie et voir les interactions qu’il peut y avoir entre eux. »
Quel est votre regard sur ses capacités ?
« Beaucoup de respect parce que je pense que ça demande beaucoup de travail et de passion pour en arriver là où elle est. J’aurai bien aimé faire les photos en apnée comme elle mais je n’ai pas ses capacités ! (…) J’étais en bouteille. »
(…)
Comment avez-vous fait pour réaliser le bon cliché ?
« Le maître mot c’est la patience, savoir attendre, la connaissance des animaux aussi. Ça nous permet de savoir à quel moment on peut les approcher, à quel moment rester en retrait pour ne pas les déranger. C’est surtout là-dessus qu’on essaie de travailler avec Alice, là où j’ai mis l’accent : qu’on prenne du plaisir dans notre travail mais surtout qu’on ne dérange pas les animaux, qu’on ait toujours une approche douce et qu’on soit d’abord en position d’observer, que ce soit les animaux qui viennent à nous et pas l’inverse. Ne pas forcer la rencontre puisque de toute façon, une photo issue d’une rencontre forcée sera une mauvaise image. »
Alice, vous êtes apnéiste de niveau mondial. Vous êtes arrivée 3e au championnat du monde en 2017, multi-recordwoman de France entre 2009 et 2013. En monopalme vous pouvez descendre jusqu’à 81 mètres de profondeur et à 71 mètres en immersion libre. Comment vous faites pour vous préparer physiquement ?
« Physiquement c’est beaucoup de travail sous l’eau et hors de l’eau et ma spécificité c’est plus le travail hors de l’eau. Ma spécificité hors de l’eau c’est plus le travail hors de l’eau puisque j’ai toujours dû coupler mon travail et mon entraînement donc j’ai réussi à m’adapter et faire beaucoup d’entraînements hors de l’eau et privilégier le mental. »
Justement l’apnée ce n’est pas votre premier travail.
« Non, en effet, je suis chirurgien dentiste et donc il a toujours fallu que je couple l’entraînement et le haut niveau. »
Vous êtes aujourd’hui ambassadrice pour la ligne de vêtements de Vincent. Pourtant vous ne vous connaissiez pas du tout.
« Les belles rencontres ça marche forcément très bien et très vite (…) Moi mon rêve c’était d’aller rencontrer les animaux marins et lui a voulu immortaliser cette rencontre et ça a été une expérience inoubliable. »
Vous plongez habituellement dans les abysses et là on vous découvre dans la faune maritime. Quelles sensations avez-vous ressenties ?
« C’est vrai qu’à mes habitudes j’évolue dans le grand bleu le long d’un câble, et là j’étais lâchée dans l’immensité de l’océan à la découverte des animaux marins. Vincent m’a énormément guidée pour savoir comment approcher et ne pas embêter les animaux. (…) Par exemple la raie manta paraît docile mais il faut savoir l’apprivoiser donc il a fallu que Vincent me guide et qu’on soit patients pour avoir de magnifiques clichés. Et puis les requins, c’était vraiment très fort en émotion d’être immergée dans leur univers et ne faire qu’un avec eux. »
Ce voyage en Polynésie c’est un plaisir mais aussi un entraînement pour vous…
« Tout à fait. On est en début de saison et pour moi ça a été un très bon entraînement physique puisque je répétais des apnées dans des conditions qui ne sont pas faciles puisqu’il y a beaucoup de courant et je devais aussi respecter aussi certaines lignes de conduite pour Vincent, pour qu’il puisse réaliser le meilleur cliché. Il y avait les animaux à rencontrer avec beaucoup de douceur et d’appréhension et il y avait aussi le cliché sous-marin qu’on voulait obtenir. Beaucoup de choses à prendre en considération. Ce n’était pas évident. »
Championne de France, vice-championne du monde. Quel est le prochain objectif ?
« Mon rêve c’est de réaliser 100 mètres et d’être la première Française à réaliser 100 mètres. »
Vincent, tout le travail que vous êtes en train de mettre en place avec Alice, c’est pour quel projet plus tard ?
« Le but est de partager avec le plus grand nombre et essayer de véhiculer un message. De mon côté c’est la protection de l’environnement, l’approche des animaux, du côté d’Alice c’est plus l’apnée. Les photos vont nous servir dans des médias en France. On envisage peut-être une exposition et d’autres projets à venir. »