La délégation a débuté sa visite à bord du bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) de la marine nationale Bougainville par une présentation de la mission « Turbo » réalisée chaque année par les scientifiques du Commissariat à l’Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA), avec le soutien logistique des Forces armées en Polynésie française (FAPF). Les participants ont pu observer les différents prélèvements réalisés à l’occasion de cette campagne de surveillance radiologique des atolls de Moruroa et Fangataufa.
La visite s’est poursuivie avec un arrêt à proximité des deux puits de stockage de déchets avant la
présentation de l’ancien PEA (Poste d’Enregistrement Avancé). Ils ont également participé à une cérémonie d’hommage devant la stèle érigée en mémoire de Albert Pedebernarde, Rataro Toae et Petero Teputahi, décédés en septembre 1965 lors d’un accident de forage au cours de la construction du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP). Malgré les recherches des autorités et des associations, les familles de ces trois personnes n’ont pas pu être identifiées pour se joindre à cette cérémonie.
Après une présentation du programme de surveillance géomécanique dont fait l’objet l’atoll de Moruroa, ils ont visité l’abri FIL et l’abri sismographe servant à cette surveillance.
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Objectifs de la visite :
– Présenter aux élus et aux représentants des associations : les installations et sites majeurs de l’atoll ; la mission « Turbo » de surveillance radiologique annuelle.
– Informer les élus et les associations concernant le système de télésurveillance TELSITE mis en place afin de surveiller en permanence la stabilité de la couronne corallienne de Moruroa.
Ce dispositif permet d’anticiper plusieurs semaines à l’avance les éventuels risques de vague de
submersion en cas de glissement d’un volume important du massif calcaire. Il assure ainsi la sécurité
des personnes présentes sur cet atoll et des habitants de Tureia.
Le système de télésurveillance TELSITE
Après l’arrêt des expérimentations nucléaires françaises en 1996, la surveillance géomécanique des atolls de Moruroa et Fangataufa s’est poursuivie selon les recommandations des experts de l’International Geomecanical Commission. Elle repose sur le système automatique de télésurveillance TELSITE, mis en œuvre par le CEA grâce au soutien logistique des Forces Armées en Polynésie française.
Depuis 2018, TELSITE s’appuie sur l’acquisition et la réception entièrement automatisées de mesures sur site, transmises par liaison satellite continue au CEA, basé en métropole. Ce système comprend un réseau de divers capteurs sismiques implantés en profondeur et en surface, de stations GPS et d’appareils de mesure du mouvement des différentes couches géologiques successives, permettant de mesurer avec exactitude les plus infimes mouvements de terrain.
« C’était important de montrer les travaux scientifiques que nous menons dans le cadre de la mission Turbo qui consiste à faire des prélèvements et à surveiller la stabilité de l’île (…) Ces équipements sont performants et sont appelés à durer dans le temps. La France (…) ne lève pas cette surveillance et ne prévoit pas de lever cette surveillance » a déclaré Eric Spitz, haut-commissaire de la République en Polynésie française.
En cas de glissement d’un volume important de calcaires du massif (loupe) en zone Nord, TELSITE repère les signes avant-coureurs plusieurs semaines à l’avance grâce à ses différents capteurs. Un tel phénomène générerait, sur l’atoll de Moruroa, une vague pouvant atteindre jusqu’à 20 mètres de hauteur au droit de l’évènement, ce qui provoquerait une montée des eaux de 2 à 5 mètres en zone vie de Moruroa.
L’ensemble des mesures enregistrées est traduit en niveaux de risques sur une échelle de 0 à 3. Pour rappel, depuis la fin des essais nucléaires en 1996, aucun mouvement significatif de l’atoll n’a été enregistré et cet indicateur a toujours été classé au niveau zéro depuis 1989.
La députée Mereana Reid-Arbelot mènera une commission d’enquête parlementaire sur les conséquences des essais nucléaires dans les six prochains mois. Les députés seront amenés à visiter Moruroa. Il est question de modifier la loi Morin pour une meilleure indemnisation des victimes du nucléaire.