L’enfant de Mahina a toujours baigné dans la politique, mais son engagement prend un autre tournant au cours de ce second tour. Propulsée en tête de liste de A Here Ia Porinetia, Nicole Sanquer est l’une des trois présidentiables.
Malgré tout, elle tient absolument à ne pas laisser la politique prendre toute la place. « Ça fait 10 ans que je suis engagée en politique. Pour moi, c’est une période de ma vie. Je suis toujours restée très connectée à la vie « normale ». Côté famille, c’est vrai que les enfants ont du s’adapter. Aujourd’hui, j’ai 80% de mon temps consacré à mon engagement, et 20% pour mes filles. Mais cela a donné des enfants autonomes et je les remercie de me comprendre. »
Tous les matins, l’ancienne députée emmène sa cadette au lycée. Un impératif pour celle qui est avant tout une mère de famille.
« Une campagne territoriale est lourde. Ça réduit le temps en famille. Mais dès que j’ai un moment, je suis avec mes filles. J’accompagne mon aînée. Nous avons crée ensemble une petite entreprise parce-que je ne voulais pas qu’elle se retrouve contrariée par mes fonctions pour avoir une place. Quant à la cadette, je l’emmène tous les jours à l’école.«
« Je vis seule avec mes filles. Lorsque je rentre chez moi, j’essaie de déconnecter. Et le dimanche, c’est consacré à toute la famille. C’est mon socle. Quand il n’y a plus toute cette effervescence, vous revenez à vos fondamentaux et ils m’ont soutenu au cours de toute ma carrière. »
Chaque journée de cette campagne sur Tahiti démarre par un briefing avec Leilanie, sa fidèle collaboratrice depuis les débuts de l’aventure A here Ia porinetia. Elle ne compte pas ses heures pour peaufiner, inlassablement, la stratégie de campagne…
« la politique, aujourd’hui, même si on a instauré la parité, reste un monde d’hommes, de machos«
« Je suis une femme de défis, de dossiers, qui lutte contre les injustices. Mes expériences au niveau du gouvernement, de l’Assemblée nationale, m’ont permis d’acquérir cette compétence pour pouvoir réduire les injustices. Pour cela il faut écrire des lois, des courriers et ne pas rester au stade du constat ou de la communication. Moi je suis plutôt dans le concret, je veux vraiment changer les choses et je suis fière de mon bilan. Je crois que j’ai apporté quelque chose aux Polynésiens. Je suis une femme qui ne lâche rien. Et comme je sais que mon engagement est sûr et sincère : je vais jusqu’au bout. Même si je prends des coups. Ces 10 années m’ont littéralement transformée en tant que femme. J’ai voulu prouver que même dans l’opposition, même seule : on peut réaliser des choses si on y croit vraiment. J’ai été témoin de cette différence de traitement entre les hommes et les femmes. Et la politique, aujourd’hui, même si on a instauré la parité, reste un monde d’hommes, de machos. Au niveau du gouvernement, de l’Assemblée nationale, on n’est pas considérées de la même manière. Mais l’engagement vient du cœur, on y croit, et c’est ce qui nous fait nous surpasser. On est aussi légitimes que les hommes : la compétence elle n’est ni masculine ni féminine. Il faut dépasser le mépris, les insultes. C’est quelque chose que je connais. Je ne dis pas que tout le monde a cette attitude. J’ai co-fondé A here ia Porinetia avec deux hommes progressistes. Je veux mettre un terme à cette vision que les hommes ont de la femme.«
Mais dès qu’elle le peut, entre deux interviews, plateaux télés et rencontres avec la population… c’est dans le restaurant familial, que l’élue retrouve son aînée.
« J’ai eu une vie avant la politique, et elle était bien ma vie. J’ai eu une vie avec la politique, et j’en aurai une après. Ca change l’engagement. J’ai déjà demandé ma réintégration au lycée hôtelier si ça se passait mal aux élections. Ma fille a réalisé un de mes rêves. J’ai un master, je suis diplômée de la restauration et aujourd’hui, ma fille a monté son restaurant : c’est un bonheur de travailler avec elle. Je viens l’aider, rencontrer des personnes, prendre le temps. Mahina est ma commune de cœur, il y a une histoire avec Mahina. Mon grand-père était maire, mon père, un politique, et moi, j’essaie d’exister en étant Nicole. »