Virginie Bruant : « chaque mesure d’aide à l’emploi qui existe aujourd’hui doit être réactualisée »

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Candidate de la section 1 pour le Tapura Huiraatira, Virginie Bruant était l'invitée de notre journal samedi. L'actuelle ministre du Travail a réagi aux critiques de ses adversaires sur les CAE. Elle s'est également exprimée sur la situation des nombreux sans abris notamment à Papeete. Virginie Bruant estime que la stabilité politique et la stabilité économique sont intimement liées. Elle espère que la population choisira de reconduire le gouvernement actuel.

Publié le 26/03/2023 à 11:34 - Mise à jour le 27/12/2023 à 15:49

Candidate de la section 1 pour le Tapura Huiraatira, Virginie Bruant était l'invitée de notre journal samedi. L'actuelle ministre du Travail a réagi aux critiques de ses adversaires sur les CAE. Elle s'est également exprimée sur la situation des nombreux sans abris notamment à Papeete. Virginie Bruant estime que la stabilité politique et la stabilité économique sont intimement liées. Elle espère que la population choisira de reconduire le gouvernement actuel.

TNTV : Nous allons aborder avec vous le volet social. Le Tapura propose un programme dans la continuité des actions menées ces 5 dernières années. En matière d’emploi, comment cela va-t-il se traduire ?
Viriginie Bruant :
« En effet, déjà il faut mettre en place la philosophie, le cap, la stratégie que l’on s’est posée dans le cadre de ce programme du Tapura. Et en un, c’est effectivement, favoriser la création d’emplois. En deux, on veut faire en sorte que cet emploi soit de qualité. Ça va passer par la formation professionnelle, par la modernisation du Code du travail, également par l’amélioration des conditions au travail etc. Et en trois : faire en sorte que les Polynésiens soient les premiers bénéficiaires de ces créations d’emplois. »

TNTV : Vous souhaitez faciliter l’accès à l’emploi et cela passerait donc par la transformation des dispositifs d’aide à l’emploi. À ce sujet, les CAE font l’objet de critiques de la part de vos opposants. Qu’avez-vous à leur répondre ?
Virginie Bruant : « Qu’on est en pleine réforme justement depuis un an, de l’ensemble des mesures d’aide à l’emploi. Ça a commencé par la réforme de l’apprentissage qui était un dispositif qui existait et qu’on a entièrement réformé de façon consensuelle avec l’ensemble des partenaires sociaux, avec des objectifs ambitieux puisqu’on a un objectif de 300 apprentis cette année, 500 l’année prochaine et 1000 par an en année de croisière. On a également réformé le chèque emploi service qui était une mesure d’aide à l’emploi puisque les charges patronales sont prises en charge par le Pays, donc c’est une autre mesure que nous avons entièrement réformés mais qui nous permet également à côté de lutter contre le travail illégal. Et chaque mesure d’aide à l’emploi qui existe aujourd’hui doit être réactualisée surtout après la crise Covid que l’on a vécue. On doit s’adapter au mieux aux besoins des entreprises pour faciliter l’embauche. »

TNTV : En parlant des besoins des entreprises, en terme de formations, il est question d’élargir le panel de formations proposées en Polynésie…
Virginie Bruant : « Oui tout à fait. Ce n’est pas forcément l’élargir, mais c’est l’adapter au mieux. Et grâce à la création de l’observatoire de l’emploi, aujourd’hui on connait les métiers qui sont sous tension, donc les métiers qui recrutent et qui ont besoin de personnel. Et il en est de même par exemple pour les grands projets, notamment le Village tahitien, puisque nous avons déjà commencé à travailler avec les porteurs de projets et les ministres pour anticiper les besoins, que ce soit pour les phases de construction, les phases d’exploitation de tous ces projets là. Il nous faut anticiper ces formations pour pouvoir créer ce vivier de personnel pour les porteurs de projets. »

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TNTV : Dans votre programme, plusieurs mesures annoncées pour aider les personnes en situation précaires…
Virginie Bruant :
« Tout à fait. Notre philosophie, c’est le « zero exclusion ». Donc aujourd’hui, notre programme de solidarité, c’est ce parcours de vie entre la naissance d’un Polynésien et tout au long de sa vie jusqu’à la fin de ses jours. Il va être enfant, il va grandir, donc ça passe par la protection de l’enfance. Il va être adolescent, il va aller en formation, donc il y a la partie carte de formations. Il va être demandeur d’emploi, ensuite il va être salarié, retraité, et il faut prendre en compte absolument tous les cas de figure d’accidents de la vie. Par exemple, on peut perdre son emploi, à un moment de sa vie, on peut être victime de violence, que ce soit au travail ou à la maison ; on peut avoir un accident et se retrouver handicapé, et le rôle et la responsabilité d’un gouvernement c’est de faire en sorte qu’à tous les moments de la vie, nous puissions apporter une réponse concrète et un accompagnement adapté. »

TNTV : Vous parlez des accidents de vie. Plus de 300 SDF sont recensés dans la capitale. C’est un problème de société, à la vue de tous. Comment mieux les accompagner aujourd’hui ?
Virginie Bruant : « (…) Il faut qu’on passe sur ce public là, sur les SDF, du parcours personnalisé. Les cas sont trop différents, les histoires de vie sont tellement différentes. On a créé un bureau des sans abris au niveau des affaires sociales. On a fait une cartographie pour mieux connaitre le profil de ces sans domicile fixe, et aujourd’hui, sur 380 sans domicile fixe qui avaient été cartographiés au mois de juin 2022, il y a une centaine de personnes qui sont en sortie de rue, qui ont été prises en charge par la cellule et grâce aux partenariats avec l’AISPF, avec l’OPH, avec l’hôpital -parce qu’il y a des prises en charge souvent médicales qui doivent être réalisées sur certains profils- nous avons atteint déjà sur les 4-5 mois d’existence de ce bureau-là, une centaine de prises en charge. Donc ça avance, c’est long, ce sont des prises en charge longues parce que malheureusement généralement, ce n’est pas une seule problématique qu’ils ont, c’est un ensemble. Donc voilà, on y travaille, on s’y attèle parce que c’est aussi une priorité. »

TNTV : Il y a un autre public qui n’est pas délaissé dans votre programme, les matahiapo…
Virginie Bruant : « Oui, exactement. Ce qu’on appelle aussi la « sylver economy ». Nous avons, comme d’autres pays, une population vieillissante. Dans quelques années elle représentera un grand nombre de personnes et il faut qu’on anticipe également, que ce soit pour la prise en charge, que ce soit pour l’hébergement. Il faut qu’on crée de nouvelles options à leur proposer pour les accompagner après leur retraite et jusqu’à la fin de vie. »

TNTV : On l’a vu ces dernières années, de plus en plus d’actions ont été menées pour l’insertion des personnes handicapées. Que reste-t-il à faire et que proposez-vous pour la suite ?
Virginie Bruant : « Effectivement, beaucoup de choses ont déjà été faites ces dernières années pour les publics de personnes porteuses de handicap. On continue. Dans notre programme, on veut plus d’insertion. On travaille notamment sur la règlementation des établissements spécialisés qu’on appelle les Esat (Etablissements ou services d’aide par le travail, NDLR) pour permettre une insertion. Il faut qu’on insère socialement, professionnellement, l’ensemble de ces personnes là. On a commencé l’année dernière puisqu’on avait octroyé une enveloppe spéciale de formation, et on va l’intensifier parce que les résultats sont bons. Et donc il faut qu’on continue dans cette trajectoire. »

TNTV : Il reste moins d’un mois avant le premier tour de ces élections. Vous partez confiante ?
Virginie Bruant : « En tout cas on a bâti un programme avec, je pense, l’ensemble des partenaires sociaux, avec l’ensemble de la population, avec les remontées du terrain, avec les besoins. Je pense que nous avons aujourd’hui un programme qui est objectif, pragmatique. Je pense qu’on a besoin d’un environnement stable en Polynésie française. La stabilité politique a un impact direct sur la stabilité économique, et pour un développement économique serein avec un développement de l’emploi, tout ça est très lié donc on espère que cette stabilité politique va pouvoir perdurer pour qu’on continue à mener à bien tous les projets que nous avons commencé. »

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