Cédric Mercadal : « 57 % de nos enfants de moins de 16 ans ont déjà touché à la vapote »

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Pris à partie la semaine dernière par deux représentantes de l’Assemblée qui reprochent son « inaction », le ministre de la Santé était l’invité du journal de TNTV, ce lundi soir. Cédric Mercadal a notamment assuré que la continuité des soins était « assurée » pour les patients touchés par le cancer et que le CHPF devrait se doter d’un cyclotron « l’année prochaine ». Le ministre est également revenu sur les mesures destinées à limiter la consommation de tabac et le vapotage chez les plus jeunes. Interview.

Publié le 29/04/2025 à 10:39 - Mise à jour le 29/04/2025 à 10:48

Pris à partie la semaine dernière par deux représentantes de l’Assemblée qui reprochent son « inaction », le ministre de la Santé était l’invité du journal de TNTV, ce lundi soir. Cédric Mercadal a notamment assuré que la continuité des soins était « assurée » pour les patients touchés par le cancer et que le CHPF devrait se doter d’un cyclotron « l’année prochaine ». Le ministre est également revenu sur les mesures destinées à limiter la consommation de tabac et le vapotage chez les plus jeunes. Interview.

TNTV : Vous avez tenu à répondre aux propos tenus à l’Assemblée jeudi dernier par deux représentantes. « Vos actions et vos inactions tuent des gens », a notamment déclaré l’élue Tavini Hinamoeura Morgant. Les malades s’inquiètent. Que leur dites-vous ? 

Cédric Mercadal : « Que les soins sont assurés, que les soins ont toujours été assurés, avec des professionnels de santé qui ont toujours été impliqués. Sérieusement, j’ai été choqué d’entendre les propos qui ont été tenus, parce que la continuité du soin a été assurée depuis toujours, même dans des conditions très difficiles, même avec un turnover important des professionnels de santé. On a toujours assuré les soins et on s’est toujours battu à tous les niveaux pour faire en sorte que la machine continue à soigner les gens de la meilleure des façons, parce qu’on a des soins de qualité dans notre pays et qu’il faut continuer à les faire ».

TNTV : Ce que ces élues vous reprochent, c’est l’abandon du projet de Princesse Aiata. Pourquoi selon vous ? 

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Cédric Mercadal : « Le projet de Princesse Aiata a été abandonné il y a deux ans. J’ai eu à m’expliquer trois fois lors des questions orales à l’Assemblée. Il coûtait très cher. Le projet final devait finir en 2030. J’ai pris une option qui devait finir en 2027. Ça va plus vite. Le bâtiment est déjà construit. Il y avait des plans de mission qui avaient prévu l’installation d’une bonne partie des équipements dans le bâtiment de la Rotonde. Pour moi, il était plus cohérent d’avoir des travaux conformes qui sont dans les temps, et puis d’installer un oncopôle sur le CHPF, parce que les soins sont effectués aussi au CHPF ».

TNTV : On vous reproche aussi le retard dans la mise en fonctionnement du TEP scan. Là aussi, vous voulez rassurer…

Cédric Mercadal : « Complètement. On a livré le TEP scan en cours d’année dernière. Il devait être mis en fonction au début d’année. Pour des raisons de réglementation et de sûreté nucléaire, il fallait faire attention pour qu’on n’irradie pas plein de gens, et il fallait avoir une garantie là-dessus. On a été obligés d’attendre le rapport de l’Agence nationale de la sécurité nucléaire. Il y a eu un loupé dans les choses qui ont été faites. J’étais très confiant pour qu’il soit mis en place au 1er janvier. Il sera mis en place en courant juin ».

TNTV :  L’acquisition d’un cyclotron était prévue, les financements étaient aussi prévus. Pourtant, il n’y a pas eu d’achat…

Cédric Mercadal : « La Convention État-Pays, initialement, avait prévu l’acquisition d’un cyclotron. Or, quand je suis arrivé, on était en fin de convention et le cyclotron n’avait pas été acheté. C’est surtout qu’en plus, il n’était plus disponible dans le modèle dans lequel il était prévu. On s’est entendu avec l’État pour pouvoir améliorer le TEP scan, qui est un vrai élément de diagnostic. On est passé de 3 lames à 6 lames, ce qui permet de couvrir une surface du corps beaucoup plus importante et de faire de meilleurs examens. Donc, avec l’argent, on est allé là-dessus. Puis, dans un deuxième temps, on s’est entendus avec l’État pour que dans la nouvelle Convention État-Pays, on achète un nouveau cyclotron, plus performant, plus petit, et qui pourra venir s’installer au CHPF ».

TNTV : À quelle date sera-t-il disponible ?

Cédric Mercadal : « Dans le courant l’année prochaine. Mais si la Convention État-Pays ne devait pas avancer, on le financera avec le Pays ».

TNTV : On comprend que cette situation résulte de choix politiques. Les assumez-vous ?

Cédric Mercadal : « Les choix politiques qui ont été faits, c’est d’être dans un timing qui est le même que celui qui était prévu pour la mise en place d’un nouveau bâtiment sur un autre site. Et je précise que toutes les études n’avaient pas été faites, contrairement à ce qui peut être affirmé. Mais il faut avoir les dossiers en main pour pouvoir en parler. Donc, je ne m’inquiète pas sur le fait de rentrer dans les temps. Et c’est l’objectif qu’on s’est fixé, de rentrer dans ces temps-là pour soigner nos populations au mieux ».

TNTV : Vous étiez récemment à Paris. Y a-t-il eu des avancées dans le débat autour du remboursement de la dette nucléaire. 

Cédric Mercadal : « On a beaucoup travaillé. On a eu des garanties qui ont été données, des travaux qui doivent donner de nouvelles listes de maladies à l’issue des rapports internationaux qui seront concrétisés. Donc, oui, il y a eu de vraies avancées sur la partie des maladies radio-induites, ainsi que sur une analyse qui sera faite en commun entre l’État et le Pays sur l’identification de la dette de la CPS aussi ».

TNTV : Le cancer des poumons fait partie des plus meurtriers. Le tabac et le vapotage sont dans votre ligne de mire. Une première modification fiscale a été effectuée. Vous allez aujourd’hui renforcer les règles de commercialisation de ces produits, y compris du vapotage. Cela passe par l’interdiction de vendre de puffs aux mineurs, l’instauration de la mise en place d’un paquet neutre dès 2029, ou encore la prise en charge des substituts nicotiniques pour le sevrage tabagique.

Cédric Mercadal : « On a décidé d’attaquer. La réglementation n’a pas évolué depuis 2009. Le nombre de fumeurs est toujours de 37,5 % depuis 1995 et il n’a pas évolué. Et on se rend compte aujourd’hui que 57 % de nos enfants de moins de 16 ans ont déjà touché à la vapote.  Légalement en plus. Il n’y a pas de réglementation sur la vapote. On va remédier à ça. Dans un deuxième temps, on va attaquer le système de la commercialisation parce qu’on n’avait pas agi dessus. Donc plus d’affichage des paquets en visuel. Et puis le paquet neutre en 2029 ».

TNTV : Qu’en est-il pour l’alcool ?

Cédric Mercadal : « L’alcool, ce sera dans un second temps. La priorité était d’agir sur un endroit où il n’y avait pas de réglementation. La vapote n’avait pas de réglementation. Aujourd’hui, elle en a une. Il y aura des licences de vente et des licences d’importation. Et des interdictions sur la puff ».

TNTV : Des nombreuses annonces d’embauches sont lancées par la Direction de la santé. La situation est tendue dans tous les archipels. Le statut de la Polynésie empêcherait de rendre ces postes attractifs. Comment remédier à cette situation ?

Cédric Mercadal : « Nous sommes en train de changer le statut des établissements publics de santé pour rendre plus attractifs nos établissements publics, nos hôpitaux. Un statut de la santé publique sera en travaux très rapidement. On est déjà à pied d’œuvre puisqu’on travaille avec les syndicats dessus ».

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