« La racine de la dent est tenue dans l’os et la gencive, dans tous les éléments : le parodonte qui tient la dent. La maladie est l’infection de ces éléments qui tiennent la dent », explique le docteur Rahiti Blais, chirurgien-dentiste à Raiatea.
La parodontite, elle en a fait sa spécialité. Dans son cabinet, elle reçoit régulièrement des personnes atteintes de la maladie comme cette patiente qui a su détecter rapidement les premiers symptômes.
« Je saignai à chaque brossage de dents. C’était déjà un premier signe que j’avais besoin de soins, de consulter pour avoir l’avis d’un professionnel », explique-t-elle.
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Le saignement des gencives est un symptôme parmi d’autres, tout comme la mauvaise haleine qui persiste malgré le brossage des dents. Autant de signaux d’alerte pour aller consulter son dentiste. La maladie est la deuxième infection buccodentaire la plus courante après la carie.
« Il y a énormément de personnes concernées », constate le docteur Blais, « elle va toucher entre 70 et 80% des gens. Ce sont des statistiques que l’on va retrouver en Europe, mais il y a aussi des prédominances dans d’autres pays, car on a plus de facteurs de risque que d’autres. En Polynésie, on a l’obésité qui est un facteur de risque vraiment différentiel ».
« On a aussi le tabac qui va grandement augmenter le risque de développer ce genre de chose. On a aussi des facteurs de stress que l’on va retrouver dans la vie quotidienne », ajoute-t-elle.
Une parodontite sévère peut entrainer jusqu’à la perte des dents. Pour mieux comprendre et détecter la maladie, une chirurgienne-dentiste venue de Nice, Marie-Eve Bezzina, est intervenue auprès de 35 professionnels du territoire.
« Même si les étudiants en chirurgie dentaire ont 6 années d’études, pour ce qui est de la parodontie, quand on sort de la faculté, on en connait les bases, mais c’est une spécialité qui a énormément évolué. On a découvert beaucoup de choses ces dernières années, notamment qu’on pouvait soigner ces gens-là sans avoir recours à la chirurgie. Ce n’est pas une fatalité. Cela se soigne très bien », souligne-t-elle.
Pour autant, très peu de personnes consultent leur dentiste à l’apparition des premiers symptômes. « Énormément de personnes ne font pas ma démarche de consulter. Il y a déjà l’ignorance de la question. Beaucoup de gens se disent : ‘je saigne des dents, mais c’est comme ça. Je me suis habitué et cela ne fait pas mal’. Mais cela ne dégénère pas aussi rapidement chez tout le monde. La question de la prévention reste prépondérante comme celle de la prise en charge de la CPS qui est aussi nécessaire car la population peut avoir tendance à penser que des actes non pris en charge. Ce n’est du tout pas le cas dans le domaine de la parodontite », explique Rahiti Blais.
Les personnes diabétiques ont trois fois plus de risques de développer la maladie. Et celle-ci aggrave le diabète. Traiter la parodontite est donc un enjeu de santé publique majeur au fenua sachant que 25% de la population locale souffrent du diabète.