Les taote et laborantins du laboratoire de Biochimie et de Toxicologie du Centre Hospitalier de la Polynésie française (CHPF) du Taaone ont un nouvel allié de poids. Ce mercredi, la directrice Hani Teriipaia a présenté aux médias la nouvelle chaîne d’automation du laboratoire, une machine automatique permettant de réaliser des analyses médicales sur un nombre élevé de prélèvements variés, en un temps limité.
Un investissement de 400 millions de francs indispensable, pour cette dernière. « C’est un investissement conséquent mais qui va être bénéfique sur dix ans, parce qu’on permet d’offrir à notre population l’accès à des analyses comme en hexagone » , se félicite-t-elle. Jusque-là, en effet, le CHPF devait envoyer certains ses échantillons en France métropolitaine, rallongeant les délais et augmentant les coûts. Une modernisation qui, insiste-t-elle, positionne le CHPF comme acteur de poids dans le Pacifique. « C’est aussi faire rayonner l’hôpital dans la région, notamment en travaillant avec la Nouvelle-Zélande ou la Nouvelle-Calédonie » .
Des technologies de pointe pour anticiper les crises
La cheffe du laboratoire Valérie Chune souligne que ce renouvellement n’est pas une révolution, mais une continuité logique. « On était déjà équipés d’une chaîne d’automation et on l’a renouvelée pour s’adapter aux nouveaux besoins de l’hôpital. L’ancien système était arrivé en fin de vie, avec des pièces détachées et des réactifs devenus indisponibles » , constate-t-elle.
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Avec cette nouvelle installation, le laboratoire gagne en efficacité. « On a standardisé la prise en charge des tubes, réduit le temps d’attente et on peut mettre en place des analyses qui n’existaient pas auparavant sur le territoire » , ajoute le Dr. Chune. La nouvelle chaîne peut effectuer 90 types d’analyses biochimiques et 8 en sérologie. Le laboratoire s’apprête également à mettre en place des nouveaux dosages de médicaments et des marqueurs cérébraux.
L’optimisation de la prise en charge est aussi un atout en cas d’urgence. « On peut absorber l’activité d’autres laboratoires en cas de panne ou de crise majeure, comme un crash d’avion » , indique Valérie Chune. Globalement, une telle modernisation s’inscrit dans une démarche d’adoption des IA au sein de l’hôpital. « On en parle beaucoup, note-t-elle. Aujourd’hui, notre logiciel permet d’écrire des algorithmes simplifiés, ce qui est une première étape vers l’optimisation des diagnostics » .
20 à 30 minutes gagnées par analyse
Pour Tepurotu Maitia, technicienne au laboratoire, l’impact sur le travail quotidien est immédiat : « Avant, on devait manipuler chaque tube, le placer à la centrifugeuse, puis sur les automates. Maintenant, la chaîne gère tout toute seule, du tri à l’analyse, décrit-elle. C’est incroyable ! » .
Le système permet de traiter jusqu’à 700 dossiers par jour. « La charge de travail a augmenté, mais on peut mieux la gérer. On gagne 20 à 30 minutes sur chaque analyse, ce qui est crucial pour les urgences » .

L’automatisation permet en outre aux techniciens de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. « C’est un véritable soulagement. On monte en compétence, on se forme localement, et on est fiers de travailler avec un matériel aussi performant » , conclut Tepurotu.
Les blocs opératoires et la cardiologie dans le viseur
Et Hani Teriipaia annonce déjà d’autres investissements à venir. « On veut moderniser les blocs opératoires et investir dans la cardiologie et la radiologie interventionnelle. Ce sont des techniques médicales qui permettent des interventions plus précises et moins invasives » , résume-t-elle.
L’objectif est clair : offrir aux Polynésiens un niveau de soins comparable à celui de la métropole, tout en renforçant la place du CHPF comme centre de référence dans le Pacifique. « Aujourd’hui, on peut réaliser des analyses plus vite, avec une fiabilité optimale. C’est une grande avancée pour notre hôpital et pour toute la population » , conclut-t-ekke?