Une doctorante de l’UPF récompensée pour ses recherches sur les plantes polynésiennes

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Marion Chambon, doctorante à l'Université de la Polynésie, a reçu ce mardi en métropole le Prix Jeunes Talents L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science. Ses recherches portent sur les plantes polynésiennes et leurs propriétés permettant d'améliorer les soins de la peau.

Publié le 08/10/2024 à 11:19 - Mise à jour le 08/10/2024 à 11:29

Marion Chambon, doctorante à l'Université de la Polynésie, a reçu ce mardi en métropole le Prix Jeunes Talents L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science. Ses recherches portent sur les plantes polynésiennes et leurs propriétés permettant d'améliorer les soins de la peau.

C’est en première année d’études en santé, en métropole, que Marion Chambon se passionne pour la botanique. Elle décide alors de s’orienter vers la filière pharmacie et s’intéresse au domaine de la recherche. En début d’année, elle soutient sa thèse et reçoit le prix ISPB recherche 2023 récompensant la meilleure thèse d’exercice en Pharmacie associée à une publication scientifique. Sa thèse porte sur le « Potentiel thérapeutique des plantes médicinales dans la lutte contre le SARS-CoV-2 ».

« L’objectif, c’était d’étudier des plantes qui pourraient avoir un potentiel antiviral sur les coronavirus. Donc, ils ont fait des tests sur un très grand volume d’échantillons. Et puis, ils ont mis en évidence cette plante qui vient du Vietnam, qu’on appelle en latin Clausena harmandiana, qui avait effectivement une bonne activité sur les coronavirus. Donc, sur cette plante, on a pu isoler les trois composés qui avaient une potentielle activité sur le SARS-CoV-2 et qui étaient des composés nouveaux, qu’on n’avait jamais décrits auparavant dans la littérature », explique la doctorante. Ses travaux ont fait l’objet d’un article dans le journal Molecules.

Après sa soutenance, Marion Chambon postule pour des offres de thèses. C’est ainsi qu’elle arrive en Polynésie.

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Au fenua, elle étudie les plantes polynésiennes utilisées traditionnellement pour les soins de la peau. Elle évalue leurs propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, cicatrisantes et anti-cancéreuses. Des travaux qui pourraient servir à développer des produits cosmétiques et pharmaceutiques. « Dans ce projet, on étudie cinq plantes. Il y a le Tamanu, donc en latin le Calophyllum inophyllum. Il y a aussi le Curcuma, ou le Rea, qu’on appelle le Curcuma longa en latin. Les fleurs de tiare, donc en latin Gardenia taitensis. Les racines de Aura, qu’on appelle Ficus prolixa en latin. Et aussi les feuilles vertes de Cordia subcordata, donc Tou en tahitien. Et le but, c’est donc de voir leur activité au niveau de la peau. Donc, nous, on étudie différentes activités, leurs propriétés antioxydantes, leurs propriétés inflammatoires, la cicatrisation et les activités anticancéreuses sur les cancers de la peau. »

Le projet est mené par l’Université de la Polynésie et financé par Medex Polynésie. « L’objectif, c’était vraiment d’avoir une valorisation concrète au niveau économique. Pourquoi pas de mettre en place des structures agricoles, des structures de production, réfléchir à la formulation de produits cosmétiques. Mais après ça, ce n’est pas à moi d’en décider. Ça sera vraiment à ceux qui dirigent le projet et à ceux qui l’ont financé ».

« Les femmes sont sous-représentées dans le domaine scientifique et dans la recherche« 

Chaque année, la fondation L’Oréal récompense des chercheuses dans plusieurs domaines. Le but est de mettre en valeur leurs travaux et de donner envie aux jeunes femmes de s’intéresser aux sciences. Cette année, 35 jeunes chercheuses, 20 doctorantes et 15 post-doctorantes ont été sélectionnées en France parmi plus de 700 candidatures par un jury d’excellence composé de chercheurs de l’Académie des sciences. 

L’an dernier, c’est Margaux Crusot, docteure en écologie marine à l’Université de Polynésie, qui a décroché ce prix au fenua. Ses travaux ont abouti à la conception de collecteurs de naissains en biomatériau.

Selon le rapport 2023 de la médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, les femmes ne représentent encore que 43 % des étudiants dans les formations scientifiques universitaires.

« Les femmes sont sous-représentées dans le domaine scientifique et dans la recherche, estime Marion Chambon. En France, c’est 28% des chercheurs qui sont des femmes, et dans le monde, seulement 33%. Donc, on est vraiment sous-représentées. Et les femmes ont du mal à accéder aux plus hautes fonctions académiques. Elles ont aussi du mal à recevoir des distinctions, des prix, comme des prix Nobel scientifiques. C’est seulement 4% des femmes qui ont reçu ce type de prix (…) J’ai eu la chance de travailler dans de très bonnes équipes et d’être bien entourée dans mon parcours. Donc, j’ai toujours été bien accompagnée et bien encouragée à poursuivre cette voie en science. Et c’est une chance, je pense que ce n’est pas le cas de tout le monde. Mais c’est toujours assez difficile quand on est parfois dans des équipes assez masculines de prendre sa place, de prendre la place qui nous est due, de s’affirmer, de prendre la parole et de s’imposer. »

Marion Chambon recevra une dotation qui l’aidera à poursuivre ses travaux de recherche. Elle bénéficiera également de formations en communication et en leadership visant à lui donner des moyens supplémentaires pour mieux affronter le « plafond de verre » et mieux valoriser ses recherches scientifiques.

Marion est actuellement en troisième année de thèse, et rédige des articles scientifiques ainsi qu’une thèse qu’elle soutiendra début 2025. « À la suite de ça, je vais voir un peu les opportunités qui s’offrent à moi. Je pense continuer, un peu à voyager, peut-être en Europe ou peut-être rentrer en métropole. Et j’aimerais bien poursuivre dans le domaine privé, donc dans le cosmétique ou pharmaceutique. »

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