Les enjeux sont importants car le comité olympique pourrait perdre, à compter du 28 août 2017, la reconnaissance et le soutien du Pays. Cela pourrait donc mettre un terme aux financements du comité olympique et mettre en péril la participation de Tahiti aux Mini-Jeux du Pacifique qui se dérouleront au Vanuatu. Afin d’en savoir plus, nous avons interrogé Anthony Pheu, directeur de la Jeunesse et des Sports.
TNTV : En imposant des statuts types au COPF, le gouvernement est passé à la méthode autoritaire comme le relatent nos confrères de la Dépêche de Tahiti ?
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Anthony Pheu : « Toutes les fédérations sportives sont soumises à des statuts types que chacune peut compléter le cas échéant. La délibération 99-176 APF, le texte cadre du sport polynésien, prévoit que les statuts du comité olympique soient approuvés en conseil des ministres… ce qui n’avait jamais été fait depuis 17 ans ! Il s’agit là d’une simple régularisation déjà évoquée par de nombreux ministres en charge des sports, mais malheureusement jamais mise en application.
De plus, le Ministère chargé des Sports a lancé au dernier trimestre 2016 une consultation auprès du COPF et de toutes les fédérations sportives pour participer à l’élaboration des statuts types du COPF.
Nous avons constitué un groupe de travail au sein de la Direction Jeunesse et Sports auquel s’est associé l’Etat avec sa Mission d’Aide et d’assistance technique.
Les statuts types ont été inspirés des statuts du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), de statuts de Comités olympiques régionaux et départementaux, ainsi que du Comité Territorial Olympique et Sportif de Nouvelle Calédonie ».
TNTV : Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de mettre en place des statuts types alors que le comité olympique avait fonctionné sans pendant près de 18 ans ?
AP : « Tout d’abord par souci de respect règlementaire vis-à-vis de la délibération 99-176 APF, puis surtout pour donner un cadre d’action au COPF en conformité avec les orientations du Pays. Nous devons « ramer synchro » comme le dit l’expression issue du Va’a !
L’objet des statuts types est d’accompagner le COPF au regard des subventions allouées par le Pays, soit près de 45 millions de francs par an (hors subvention pour la participation aux Jeux du Pacifique et mini-Jeux) : 19 millions de francs en fonctionnement, 24 millions de francs pour donner une couverture d’assurance à l’ensemble du mouvement sportif associatif et environ 2 à 3 millions pour les actions annuelles du COPF.
Par ailleurs, notre volonté est de faire du COPF, une véritable structure support du mouvement sportif et associatif polynésien. Par exemple, nous souhaitons pouvoir verser directement les subventions de participation aux Jeux du Pacifique ainsi qu’aux Mini-Jeux au Comité Olympique plutôt que de les verser à des associations supports qui existent depuis « Tahiti-Fidji 2003 ». Les budgets sont conséquents, de l’ordre de 120 millions de francs pour les Jeux du Pacifique et 40 millions pour les Mini-Jeux. Cela donnerait beaucoup plus de latitude au COPF pour organiser la préparation et la participation à ces évènements sportifs majeurs pour la Polynésie française ».
TNTV : Certaines fédérations ont malgré tout le sentiment que le Pays s’immisce dans le sport. Qu’avez-vous à leur répondre ?
AP : « Les fédérations qui composent le COPF sont libres d’approuver ou non les statuts types et de procéder ou non à une réélection. Nous souhaitons simplement que les deniers publics soient utilisés à bon escient et en cohérence avec les orientations du Pays. Au regard des moyens importants qui sont alloués au COPF par les pouvoirs publics, soit près de 45 millions de francs par an sans compter les budgets de préparation aux mini-Jeux et Jeux du Pacifique de 40 et 120 millions une fois tous les deux ans, il apparait tout à fait normal que le Pays exerce ses prérogatives en matière de contrôle de l’argent public ».
TNTV : Avec l’adoption des statuts types, certaines fédérations ne pourront plus siéger au comité olympique. S’agit-il d’une manœuvre pour évincer les mauvais élèves ?
AP : « Comme je le disais précédemment, l’élaboration des statuts types du COPF s’est faite avec la consultation du COPF, des fédérations sportives et le soutien technique l’Etat. Elle s’est inspirée des statuts d’autres comités olympiques. Aucun des règlements de ces structures nationales et internationales n’accepte la possibilité de voir deux fédérations gérer la même discipline en leur sein. Aucune malveillance n’est à déplorer, nous reprenons simplement ce qui existe actuellement au niveau olympique. Par ailleurs, toutes les fédérations pourront être membres du COPF mais à différents degrés d’implication (ex : membres de droit, membres associés), ce qui signifie qu’elles n’auront pas le même pouvoir d’intervention et notamment de vote ».
TNTV : Si les fédérations adoptent de nouveaux statuts du COPF, conformes aux orientations du Pays, pourquoi demander de procéder à une réélection du conseil d’administration du COPF ?
AP : « Les statuts types du COPF prévoient un nouveau mode électoral et une nouvelle représentativité des fédérations olympiques, non olympiques, délégataires et agréés. Le CA du COPF est élu démocratiquement par les fédérations sportives qui expriment leurs volontés au regard de cette nouvelle représentativité. Cela c’était produit au début des années 2000, avec l’adoption des statuts types des fédérations sportives qui avaient toutes procédées à de nouvelles élections de leurs conseils fédéraux. Rien n’empêche les membres du conseil d’administration de se représenter et d’être réélus ».
TNTV : Quelques mots pour finir ?
AP :« C’est une bonne chose qu’une majorité de fédérations interpellent le comité olympique sur l’importance et l’urgence de respecter l’arrêté du conseil des ministres. Ainsi, je reste positif quant aux solutions d’apaisement que propose une partie du mouvement sportif plus « neutre ». En effet, les luttes fratricides visant l’atteinte du pouvoir sont obsolètes pour beaucoup de fédérations bien plus occupées à développer leurs activités qu’à se battre pour siéger dans un conseil d’administration. Je souhaite que les statuts types proposés par le pays soient adoptés car c’est un outil de dialogue et d’accompagnement à la mesure de ce que notre monde sportif peut apporter à la société polynésienne. Le pays a fait sa part en concertation avec ceux qui ont bien voulus répondre à l’appel d’une réalisation commune et aujourd’hui je fais confiance au socle associatif pour entériner la proposition et permettre au COPF de pleinement jouer son rôle de référent ».