Inscrite à la coupe de France minime, la jeune Hava’i Brothers-Teriipaia, 9 ans, était préparée à en découdre sur les octogones de Marseille, organisés les 4 et 5 mai. Après six mois de préparation et le long voyage de Taputapuatea jusqu’à la cité phocéenne, son chemin s’est arrêté net… avant la pesée, la Fédération française de Taekwondo (FFTDA) s’opposant à sa participation.
Un refus qui a suscité l’ire de la famille de la petite fille, notamment de sa grand-mère Tania, pour qui la présidente de la ligue de Polynésie française de Taekwondo est directement responsable. « Avant de partir, on a affilié le club de l’AS Taputapuatea à la Fédération française de Taekwondo, qui nous a dit que l’on n’avait pas besoin de passer par la ligue de Polynésie de Taekwondo (…) Or, le jour de la pesée, on nous a dit qu’il fallait passer par cette ligue (…) On essaie d’aller en France, et là, on nous bloque vraiment. Je n’ai pas peur de dire que c’est qu’une personne qui bloque, la présidente de la ligue » , comprendre Myrthana Tiaoao.
Depuis 2011, c’est bien la ligue de Polynésie de Taekwondo qui représente la FFTDA à l’échelle de la Polynésie. Une représentation contestée par la Polynesia Taekwondo, présidée par Alfred Lai Koun Sing. La tentative d’unifier les deux organisations en juillet 2023 s’était soldée par un échec. C’est finalement la Polynesia qui avait obtenu la délégation de service public en octobre, lui permettant d’envoyer ses athlètes aux Jeux d’Honiara, ou d’organiser les championnats de Polynésie, qu’Hava’i a remportés le 30 mars.
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« Tentative de forcing »…
Mais les conditions pour participer à la coupe de France et aux compétitions internationales sous l’égide de la FFTDA sont différentes. Pas question de DSP ici, selon Mythana Tiaoao, mais de sélections. Quatre minimes du club, dont sa propre fille, avaient ainsi été sélectionnés pour participer à la coupe de France. Mais faute de disponibilités du coach et de fonds, aucun ne s’est rendu en métropole, ce que dénonce entre autres la grand-mère de Hava’i.
Jointe par téléphone, la présidente de la ligue de Polynésie de Taekwondo assure que la famille avait pourtant été prévenue il y a deux mois des obstacles procéduraux. « Je trouve dommage que cette petite-là n’ait pas pu participer, soutient-elle. Mais il faut comprendre qu’il y a des règles (…) Au niveau du club de Taputapuatea, ils se sont affiliés chez nous 1 mois avant la compétition. Sauf que tous les licenciés de ce club ne sont pas licenciés à la FFTDA, mais à la Polynesia Taekwondo – notamment Hava’i. Il faut une licence chez nous pour participer à nos compétions, à la vie active de notre association, et il faut passer des sélections. Cette petite n’a passé aucune sélection » , précise-t-elle. Cela fait plus de 12 ans que nous sommes sur le territoire et que nous travaillons avec la FFTDA. Il faut que ces dirigeants (de la Polynesia TKD, NDLR) prennent leurs responsabilités. Je ne vais pas prendre la responsabilité à leur place. Il faut qu’ils assument ce qu’ils ont fait« .
… ou « scandale sportif »
Car la Polynesia TKD ne s’arrête pas au cas d’Hava’i. Les 13 et 14 avril, deux combattants de Te Toa Faaa Taekwondo s’étaient vus interdire de combattre aux championnats de France Junior Cadets et Juniors, à Bordeaux. Un « scandale sportif » pour la Polynesia TKD, et pour le coach des athlètes refoulés, Tinirau Remuera. « On était inscrits sous l’égide de la fédération française via Montpellier, mais le jour de la pesée, la ligue polynésienne a bloqué deux de mes athlètes qui se sont préparés deux mois intensivement (…) (Myrthana Tiaoao) a dit qu’ils ne pouvaient pas participer parce qu’ils n’avaient pas fait les sélectives de la ligue d’Occitanie (…) C’est des Tahitiens qui cassent les athlètes Tahitiens ! » , s’exclame-t-il.
Au-delà des frontières du fenua, le taekwondo français traverse une crise de gouvernance. Le message de Tania sur Facebook a notamment reçu le soutien du coach international Philippe Taipa Pinerd, qui n’a pas caché sa défiance sur les instances dirigeantes de FFTDA, dépourvue de président à moins de 100 jours des Jeux de Paris. « Les exactions de la même bande » continuent à faire des dégâts auprès de ceux qui ne se plient pas devant leur joug d’intérêts habilement déguisés » , a-t-il déclaré sur sa page Facebook. Ambiance.
Toujours est-il que la situation rappelle celle de la boxe Polynésienne, minée par un conflit entre la Polynesian Boxing Association et la Fédération de Boxe de Polynésie française (FBPf). Myrthana Tiaoao indique qu’elle envisage des poursuites judiciaires suite aux messages la visant sur les réseaux sociaux.