Beach soccer : le capitaine des Tiki Toa évoque les « sacrifices » des joueurs pour défendre les couleurs de la Polynésie

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De retour de Dubaï où se déroulait la Coupe du monde de Beach soccer, le capitaine des Tiki Toa Raimana Li Fung Kuee a exprimé sa déception de s'être arrêté en quarts de finale, mais aussi les difficultés auxquelles font face les joueurs. Son interview complète :

Publié le 27/02/2024 à 11:52 - Mise à jour le 27/02/2024 à 11:54

De retour de Dubaï où se déroulait la Coupe du monde de Beach soccer, le capitaine des Tiki Toa Raimana Li Fung Kuee a exprimé sa déception de s'être arrêté en quarts de finale, mais aussi les difficultés auxquelles font face les joueurs. Son interview complète :

Tahiti Nui Télévision : Vous venez de revenir de Dubaï. Est-ce que vous avez pu souffler un peu, retrouver vos proches ?
Raimana Li Fung Kuee, capitaine de Tiki Toa :
« Ça a été un retour difficile après la défaite en quarts de finale. Trois heures après, on a dû prendre le bus pour prendre l’avion, faire Paris – Los Angeles, Los Angeles – Papeete. On est arrivés samedi matin avec le décalage. On a pu retrouver nos familles, mais la fatigue est toujours là ainsi que la déception. »

TNTV : Vous vous êtes inclinés en quarts de finale face à l’Italie. Les Iraniens un peu plus tôt ont, eux aussi, été particulièrement compétitifs. Où a été la faille ?
Raimana Li Fung Kuee : « Face à l’Iran, l’objectif principal n’était pas forcément de gagner. C’était surtout de préserver les joueurs qui étaient sous le coup d’une suspension pour les quarts de finale, et éviter les blessures vu qu’on était déjà qualifiés, peu importe le résultat. On a préféré préserver ces joueurs pour arriver avec toutes nos armes en quarts de finale. Face à l’Italie, après avoir mené, on a eu du mal à gérer. Et je pense que c’est l’expérience. Comme l’a dit Heimanu Taiarui, on a fait beaucoup d’erreurs. À ce niveau-là ça se paie cache. Et l’Italie qui en a fait beaucoup moins, a remporté ces quarts de finale et a pu aller jusqu’en finale face au Brésil. »

TNTV : On rappelle que vous vous retrouvez face à des adversaires qui disputent 30 à 40 matchs à l’année. Vous, vous en êtes à combien et qu’est-ce que vous avez à faire pour pouvoir disputer des matchs à l’international par exemple ?
Raimana Li Fung Kuee : « Comme on a pu le voir à partir des quarts de finale, ce ne sont que des équipes professionnelles. Ce sont des gens qui ne font que ça tous les jours, face à nous, des amateurs qui devons à chaque fois prendre des congés pour devoir partir. C’est difficile. On est partis un mois au Brésil parce qu’on est obligés de partir se préparer par rapport au sable qui est différent, et aussi pour être tous ensemble réunis parce que c’est difficile avec le travail de chacun, des disponibilités de chacun d’être tous réunis. Le fait de partir pour la préparation, ça permet de travailler la cohésion, de faire des matchs amicaux de niveau international parce que comme tu l’as dit, l’année dernière avec les matchs amicaux face à la Lituanie et nos qualifications, on est à moins de 10 matchs dans une année, alors que des équipes comme l’Italie font minimum 30 à 40 matchs par an, ce qui est énorme. On voit tout de suite la différence en terme d’expérience. On voit qu’ils ont plus l’habitude de gérer le stress par exemple et d’autres facteurs. C’est là, la différence entre ces grandes équipes et nous. »

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TNTV : Passer pros, est-ce que c’est envisageable pour vous ?
Raimana Li Fing Kuee :
« Bien sûr, c’est ce qu’on essaie d’avoir depuis 2013 déjà. On avait déjà soulevé la question. Ça fait 10 ans qu’on se bat pour avoir un véritable statut de sportif de haut niveau. On a le statut aujourd’hui, mais il y a des joueurs qui sont obligés quand même de prendre des congés sas solde pour partir et représenter leur pays. C’est compliqué. Ce sont encore des sacrifices que nous devons faire pour défendre les couleurs de notre Pays et c’est compliqué. Par exemple, là, on est au début d’année et le quota de congés est déjà épuisé pour nous. On a les qualifications aux Salomon au mois d’octobre, et pour pouvoir jouer la Coupe du monde l’année prochaine aux Seychelles, c’est difficile parce que dans l’idéal, il faudrait qu’on continue à s’entrainer, qu’on fasse des tournées en Europe. On a reçu certaines invitations pour faire des tournées internationale, mais voilà : il y a encore le problème de la disponibilité des joueurs. Ensuite, lorsqu’on part, il faut avoir le budget nécessaire pour partir, se déplacer, le logement, la nourriture, etc. dans les meilleures conditions si on veut rester au haut niveau. »

TNTV : Il faudrait que ce statut soit également reconnu dan sle milieu professionnel ?
Raimana Li Fing Kuee : « Oui, bien sûr, ce serait l’idéal pour qu’on puisse avoir de meilleures conditions : avoir des horaires aménagés pour certains, pour pouvoir s’entrainer quotidiennement, tous les jours. Là, on va reprendre le travail, chacun va reprendre ses activités professionnelles. Je ne sais pas quand on va reprendre les entrainements, mais à chaque fois, c’est une répétition, on doit recommencer de 0 à chaque fois. Ça fait 10 ans et ce serait bien, si on veut que Tahiti aille décrocher ce trophée, qu’on ait un peu plus d’aide. pas forcément des moyens financiers, mais vraiment plus de disponibilité. Ce serait bien qu’on ait un sable de qualité ici pour s’entrainer dans les mêmes conditions, partir ensuite faire des matchs à l’étranger, des tournois, pour engranger un maximum d’expérience. Mais pour ça, il faut que les joueurs soient disponibles, qu’ils ne soient pas lésés au niveau des congés. Parce que prendre des congés sans solde, forcément, il y a des sacrifices qui sont faire de leur part. je pense que c’est un réel débat. »

TNTV : Ces problèmes de disponibilité impactent aussi votre cohésion ?
Raimana Li Fing Kuee : « Bien sûr parce que souvent aux entraînements ici, on ne peut pas être tous ensemble. À côté de ça, les joueurs jouent au foot dans différents clubs de Tahiti. Ils sont à disposition de leurs clubs pour le championnat donc c’est difficile d’avoir tout le monde et c’est compliqué pour l’entraineur de travailler la cohésion, l’aspect tactique, les automatismes qu’on pourrait avoir sur le terrain. C’est pour ça qu’on part un mois et demi avant, pour rester ensemble, travailler, rattraper le retard que l’on a face aux équipes mondiales. Et tous les deux ans, c’est ce qu’on fait. »

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